PARIS : "L'intelligence artificielle (IA) est trop récente" pour être régulée comme souhaite le faire l'Union européenne, a mis en garde vendredi l'ex-PDG de Google Eric Schmidt, lors d'une intervention au salon parisien des start-up et de la technologie Vivatech.
Le projet de réglementation européenne pour imposer des règles d'éthique à l'IA est "un désastre", a jugé Éric Schmidt, patron de Google de 2001 à 2011, puis président exécutif et conseiller technique de la société parente Alphabet jusqu'en 2020.
"Les Européens trouvent ça super car ils vont imposer un cadre réglementaire comme avec le RGPD" (le règlement sur les données personnelles, ndlr), mais "l'IA est trop récente pour commencer par cela. Il faut d'abord l'inventer", a-t-il déclaré, interrogé en visioconférence.
Selon lui, l'Europe devrait "évaluer cette technologie pour savoir comment la monétiser, encourager les universités à travailler avec ou l'encourager fiscalement". Si elle persiste dans son projet, elle s'expose à voir ses entreprises partir au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, a-t-il dit.
Après trois ans de travail, la Commission européenne a présenté en avril sa première ébauche d'un cadre légal pour encadrer cette révolution industrielle, fondée sur l'exploitation à grande échelle des données par des machines.
Le texte prévoit d'interdire un nombre restreint d'utilisations incompatibles avec les droits fondamentaux. Seront prohibés les systèmes de "surveillance généralisée" de la population, ceux "utilisés pour manipuler le comportement, les opinions ou les décisions" des citoyens.
Des autorisations dérogatoires sont cependant prévues pour la lutte antiterroriste et la sécurité publique.
La nouvelle législation sera encore débattue plusieurs mois avec le Parlement européen et les 27 Etats membres, avant la mise en oeuvre d'un texte définitif.
En mars, une commission américaine de sécurité nationale sur l'IA, dont fait partie Éric Schmidt, avait alerté sur le risque que les Etats-Unis soient distancés par la Chine dans la course vers le développement de ces technologies, cruciales pour l'avenir du pays aussi bien en termes de sécurité que d'économie.
"L'Amérique n'est pas prête à se défendre ou à être compétitive à l'ère de l'IA", avait déclaré la commission qui proposait d'investir un minimum de 40 milliards de dollars en recherche et développement.