La poignée de main revient, tout doucement, après seize mois de Covid

L'une des images les plus marquantes de la rencontre entre Vladimir Poutine et Joe Biden mercredi à Genève? Leur poignée de main, pour sa dimension diplomatique, mais aussi sanitaire. (Photo, AFP)
L'une des images les plus marquantes de la rencontre entre Vladimir Poutine et Joe Biden mercredi à Genève? Leur poignée de main, pour sa dimension diplomatique, mais aussi sanitaire. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 18 juin 2021

La poignée de main revient, tout doucement, après seize mois de Covid

  • Coude à coude, poing contre poing, paumes jointes, ou simple salut de la main vont-ils progressivement enterrer le serrage de louche?
  • De plus en plus d'entreprises US utilisent les bracelets de couleur pour permettre aux visiteurs de signaler leur degré d'ouverture au contact: rouge, jaune ou vert

NEW YORK : Elle avait disparu durant la pandémie, mais avec la vaccination de masse et la levée progressive des restrictions, la poignée de main est de retour. Même si cette tradition, déjà en perte de vitesse, pourrait avoir pris du plomb dans l'aile.

L'une des images les plus marquantes de la rencontre entre Vladimir Poutine et Joe Biden mercredi à Genève? Leur poignée de main, pour sa dimension diplomatique, mais aussi sanitaire.

Quelques jours plus tôt, les invités du G7 en Cornouailles, dont le président américain, s'en étaient encore tenus au salut « coude-à-coude ».

Des restrictions levées pour la plupart aux Etats-Unis, des recommandations sanitaires moins strictes, pas de directive spécifique dans les entreprises, chacun se fait désormais sa religion quant aux contacts physiques.

Technicien dans la téléphonie à New York, Jesse Green se refuse à serrer la main des clients qu'il croise, et limite le geste aux personnes connues, dont il sait qu'elles sont vaccinées.

« Avec la pandémie, les gens sont plus conscients de ce qu'ils font avec leurs mains », explique le trentenaire.

De plus en plus d'entreprises ou administrations américaines utilisent maintenant les bracelets de couleur pour permettre aux collaborateurs, clients ou visiteurs de signaler leur degré d'ouverture au contact: rouge, jaune ou vert, du plus méfiant au plus à l'aise.

Avocat sexagénaire, William Martin, lui, ne serre plus la main à personne, vaccin ou pas. Et continuera ainsi « jusqu'à ce que ce soit sûr », dit-il, laissant entendre que cela pourrait prendre des années.

L'accolade ou « hug », fréquente chez les Américains, est, elle, encore moins pratiquée actuellement - sans parler de la bise qui n'a jamais été répandue aux Etats-Unis.

« Revenir aux anciens usages ne changera pas les taux d'infection », estime pourtant Jack Caravanos, professeur de santé publique à New York University (NYU), qui rappelle que les recherches ont montré que le virus « se transmettait mal par le contact » physique.

« Cela dit, on sait que le rhume, la grippe et de nombreuses autres infections circulent bien par le toucher », dit-il. « Donc éliminer la poignée de main aurait malgré tout un impact positif d'un point de vue de santé publique. »

« Confiance en l'autre »

Beaucoup voient désormais la poignée de main comme un risque sanitaire. « Je pense que nous ne devrions plus jamais serrer de mains, pour être honnête avec vous », lançait, début avril 2020, l'immunologue Anthony Fauci, conseiller à la Maison Blanche.

« Il y a toujours eu des germophobes, qui ne veulent pas toucher les gens parce qu'ils voient la contagion partout », rappelle Allen Furr, professeur de sociologie à l'université d'Auburn. « On pourrait en avoir davantage » après la pandémie.

La méfiance pourrait même se banaliser chez les très jeunes. « Ce sont des années qui forment les enfants », explique Andy McCorkle, aide-soignant de 33 ans. « J'ai l'impression que ça va figer psychologiquement le besoin de garder ses distances. »

Serrer la main « est un rituel », appris aux enfants par les adultes, relève aussi Allen Furr. Mais après 16 mois traumatisants, dit-il, la transmission de cette tradition pourrait être remise en cause.

A l'effet Covid s'ajoute une tendance de fond à moins de formalisme dans les échanges, qui jouait déjà contre la poignée de main, souligne ce sociologue.

Coude à coude, poing contre poing, « namaste » à l'indienne (les deux paumes jointes), ou simple salut de la main, tous devenus incontournables avec la crise sanitaire, vont-ils progressivement enterrer le serrage de louche?

« On perdrait beaucoup » en abandonnant le « handshake », affirme Patricia Napier-Fitzpatrick, fondatrice de l'Ecole d'étiquette de New York.

Depuis la nuit des temps avec ce geste, « vous montrez que vous avez confiance en l'autre », fait-elle valoir.

Autre intérêt, « vous comprenez beaucoup de quelqu'un à sa poignée de main », dit cette formatrice, pour qui le geste permet « de décoder leur langage corporel ».

Progressivement, certains s'y remettent. Tel Richard Vaughn, employé dans la construction à New York,  germophobe mais rassuré par son gel hydroalcoolique, ou certains collègues de Domingo Ynoa, médecin dans le Bronx.

Aux Etats-Unis, où la pandémie a alimenté la polarisation, serrer la main est aussi « devenu quelque chose de politique », un signe de défiance envers les restrictions sanitaires, observe l'aide-soignant Andy McCorkle.

« Je pense qu'on continuera à se serrer la main », conclut Allen Furr, « mais il y aura plus de tolérance pour ceux qui ne sont pas à l'aise. C'est un rituel trop important dans notre culture. »


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.