PARIS: Les anticorps de synthèse de Regeneron, jusque-là utilisés au stade précoce de la Covid-19, peuvent aussi avoir un intérêt pour un certain type de patients hospitalisés dans un état grave, selon le vaste essai clinique britannique Recovery.
Ce traitement « réduit le risque de mortalité quand il est donné à des patients hospitalisés avec une forme sévère de la Covid et dont l'organisme n'a pas développé naturellement ses propres anticorps », ont assuré dans un communiqué les responsables de cet essai.
Il peut s'agir de personnes dont le système immunitaire est affaibli (par d'autres maladies ou par des traitements, après une greffe par exemple). On dit qu'elles sont « immunodéprimées » : leur organisme ne produit pas assez d'anticorps pour se défendre après une infection à la Covid ou après la vaccination.
« C'est la première fois qu'un traitement antiviral quel qu'il soit montre qu'il peut sauver des vies chez les malades de la Covid-19 hospitalisés », s'est réjoui l'un des responsables de Recovery, le Pr Martin Landray (université d'Oxford).
Appelé REGN-COV2, ce traitement combine deux anticorps de synthèse (ou « anticorps monoclonaux »), le casirivimab et l'imdevimab, qui ciblent une partie précise du virus. Il a été développé par la société américaine Regeneron, en partenariat avec le laboratoire Roche.
De précédentes études avaient montré que ce traitement pouvait réduire le risque d'hospitalisation et de décès s'il était administré rapidement après l'apparition des symptômes (Donald Trump, alors président des Etats-Unis, l'avait d'ailleurs reçu en octobre 2020).
Pour tenter d'en savoir davantage sur ses bénéfices plus tardifs, les chercheurs de Recovery ont pris en compte 9 800 patients hospitalisés pour la Covid entre septembre et mai. Un tiers d'entre eux étaient séronégatifs au début de leurs soins (ils n'avaient pas développé d'anticorps contre le coronavirus).
Une partie de ces patients a reçu le traitement par anticorps de synthèse en plus du traitement standard, et l'autre non.
Chez les patients séronégatifs, le fait de prendre les anticorps de synthèse a réduit d'un cinquième la mortalité (mesurée au bout de 28 jours) : 24% d'entre eux sont décédés, contre 30% des patients qui n'avaient pas reçu ce traitement.
Cette différence ne s'est pas retrouvée chez les patients séropositifs (qui avaient donc développé leurs propres anticorps).
Bien qu'encourageants, ces résultats doivent toutefois être nuancés, ont estimé d'autres scientifiques qui ne sont pas impliqués dans l'essai.
« En valeur absolue, le gain en terme de mortalité n'est pas très élevé : cela veut dire qu'il faudra traiter un grand nombre de patients (disons 20) avec ce médicament très cher pour éviter une seule mort », a commenté le Pr Stephen Evans (London School of Hygiene & Tropical Medicine), cité par l'organisme britannique Science Media Centre.