Levée du couvre-feu, plus de port du masque: un vent de liberté souffle sur la France

Le Premier ministre Jean Castex a dévoilé l’assouplissement des mesures sanitaires ce mercredi (Photo, AFP).
Le Premier ministre Jean Castex a dévoilé l’assouplissement des mesures sanitaires ce mercredi (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 16 juin 2021

Levée du couvre-feu, plus de port du masque: un vent de liberté souffle sur la France

  • Le port du masque à l'extérieur ne sera plus obligatoire dès jeudi 17 juin en France, sauf certaines exceptions
  • Le couvre-feu sera levé dès dimanche, au vu de la baisse des contaminations

PARIS: Fin de l'obligation du port du masque à l'extérieur, levée du couvre-feu: la France va retrouver une vie presque normale grâce à une amélioration plus rapide que prévu de la situation sanitaire. 

A partir du 20 juin à 06H00 (04H00 GMT), les Français vont ainsi pouvoir sortir sans restriction pour la première fois depuis l'instauration il y a huit mois des premiers couvre-feu pour faire face à la deuxième vague de l'épidémie. 

La France suit ainsi l'exemple de plusieurs pays européens, comme la Belgique, tandis que d'autres, dont l'Allemagne ou l'Espagne, s'orientent vers une levée progressive du port du masque.  

Avec plus de 110 000 décès depuis le début de la pandémie, la France figure parmi les pays d'Europe les plus touchés par le virus. Et même si la situation sanitaire connaît une embellie, certains experts appellent à la prudence pour contrer l'éventuelle émergence de variants. 

Parmi eux, le variant Delta (auparavant appelé « variant indien ») dont plusieurs travaux en laboratoire ont montré qu'il semblait résister davantage aux vaccins que d'autres variants (c'est ce qu'on appelle « l'échappement immunitaire »). Une efficacité sans doute diminuée mais une protection toujours très importante contre la Covid-19, à condition d'avoir reçu deux doses de vaccins. 

Comme dans de nombreux pays, la crise sanitaire a aussi provoqué en France des dégâts économiques et sociaux sans précédents. En un an, 360 000 emplois ont été détruits dans le secteur privé et l'Etat a dû débloquer des dizaines de milliards d'euros d'aides directes pour soutenir les entreprises. 

« La situation s'améliore plus vite que nous l'avions espéré », a annoncé mercredi le Premier ministre français Jean Castex. 

« Il est normal que nous ajustions nos mesures », a-t-il  ajouté, en annonçant que l'obligation du port du masque était levée ce jeudi en extérieur, tout en restant en vigueur dans les lieux clos (commerces, bureaux, transports...), et qu'il n'y aurait plus de couvre-feu à partir de dimanche. 

A l'extérieur, il faudra cependant continuer à le porter « quand on se regroupe et quand on se trouve dans un lieu bondé, une file d'attente, sur un marché ou dans les tribunes d'un stade », selon le Premier ministre. 

Plusieurs experts s'accordent sur le fait que le port du masque à l'extérieur ne présente « pas beaucoup d'intérêt » pour lutter contre le virus, selon l'épidémiologiste Antoine Flahault, tout en insistant sur l'importance du respect des gestes barrières de base comme le lavage des mains ou la distanciation physique.  

 

Covid: le «forfait psy» opérationnel

Le « forfait psy », qui permet le remboursement de dix séances chez un psychologue pour les enfants affectés par la crise sanitaire, est « opérationnel », a indiqué mercredi le ministère de la Santé. 

Ce dispositif avait été annoncé par Emmanuel Macron lors d'un déplacement dans un hôpital psychiatrique de Reims, mi-avril, pour apporter une « réponse d'urgence à la souffrance psychique des jeunes dans un contexte de crise sanitaire, où l'état de santé mental et psychologique des Français se dégrade ». 

Destiné aux 3 à 17 ans, il s'adresse aux enfants et adolescents « souffrant de troubles psychiques légers à modérés », précise la direction de la sécurité sociale dans un communiqué. 

Les enfants présentant des troubles plus sévères (par exemple: troubles graves du comportement ou risque suicidaire) pourront eux être orientés « vers une prise en charge plus adéquate (psychiatre ou service spécialisé) », ajoute-t-elle. 

Pour être inclus dans le dispositif « Psy Enfant Ado », les jeunes doivent disposer d'une ordonnance (de leur généraliste, d'un pédiatre, d'un médecin scolaire, d'un médecin de PMI ou encore d'un médecin hospitalier). Les parents peuvent ensuite choisir un psychologue participant sur le site « PsyEnfantAdo.sante.gouv.fr ». 

L'ordonnance devra avoir été délivrée avant le 31 octobre 2021 et les séances devront être réalisées avant le 31 janvier 2022. 

« Déployées sur l'ensemble du territoire, ces prises en charge psychologiques sont sans avance de frais pour les familles et intégralement financées par l'Assurance Maladie », détaille la DSS. 

Ces séances, comme celles de plusieurs autres dispositifs mis en place par le gouvernement, sont rémunérées 32 euros pour l'entretien initial de 45 minutes environ et 22 euros pour les autres séances de prise en charge de 30 minutes environ. Un tarif et des temps de séances jugés insuffisants par certains psychologues descendus dans la rue la semaine dernière pour le spécifier. 

« Continuer, continuer » à vacciner  

« Cela n'avait pas de sens de le maintenir en extérieur et de continuer à risquer des amendes quand on marche tout seul dans la rue », a commenté Michèle Legeas, professeure à l'Ecole des hautes études en santé publique, auprès de l'AFP.   

La France était par ailleurs l'un des derniers pays à maintenir un couvre-feu avec l'Italie et la Grèce. Mais les appels à le lever se sont multipliés ces derniers jours, surtout depuis la dérogation controversée accordée par le gouvernement à Roland-Garros pour que la demi-finale entre Novak Djokovic et Rafael Nadal puisse se terminer en présence de spectateurs. 

Jean Castex a averti que la levée du couvre-feu n'empêcherait pas le maintien des protocoles sanitaires pour les lieux publics. Les concerts sauvages suscitant des attroupements sur la voie publique » ne seront pas acceptés, a-t-il prévenu. 

Il s'est aussi félicité que les contaminations aient baissé à 3.200 cas quotidiens en moyenne sur sept jours - au plus bas depuis août 2020 - et que moins de 2 000 personnes soient hospitalisées dans les services de réanimation. 

Cette amélioration s'explique, selon lui, par « la mobilisation des Français » mais aussi par le « succès de la campagne vaccinale » avec plus de 30 millions de personnes ayant reçu une première dose. 

Il faut « continuer, continuer, continuer à nous vacciner », a martelé Jean Castex, en fixant trois objectifs pour la fin août: 40 millions de primo-vaccinés, 35 millions de totalement vaccinés et 85% des plus de 50 ans et des adultes atteints de comorbidités ayant reçu une première dose 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.