La famine au Tigré en voie de s'étendre en Ethiopie, avertit l'ONU

«Toutes les preuves convergent pour dire qu'une catastrophe humanitaire est en cours. La famine est une menace réelle. Nous ne pouvons pas l'ignorer». (Photo, AFP)
«Toutes les preuves convergent pour dire qu'une catastrophe humanitaire est en cours. La famine est une menace réelle. Nous ne pouvons pas l'ignorer». (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 juin 2021

La famine au Tigré en voie de s'étendre en Ethiopie, avertit l'ONU

  • L'ONU et des ONG estiment à plus de 350 000 le nombre de personnes au Tigré en situation de famine
  • L'ambassadeur éthiopien à l'ONU, Taye Atske Selassie Amde, a souligné que son pays refusait que l'organe onusien débatte du Tigré

NATIONS UNIES: La famine dans la région en guerre du Tigré est en voie de se propager à d'autres provinces éthiopiennes, a averti mardi un responsable de l'ONU lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, une assertion rejetée par l'Ethiopie.

"La situation devrait empirer dans les mois à venir, non seulement dans le Tigré mais aussi dans l'Afar et l'Amhara", a affirmé au Conseil le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, selon son discours.

L'ONU et des ONG estiment à plus de 350 000 le nombre de personnes au Tigré en situation de famine, a-t-il rappelé, en précisant que les responsables administratifs locaux avaient commencé à "signaler des décès dus" à cette cause.

Outre ces 350 000 personnes, "deux millions de personnes dans les régions du Tigré, de l'Afar et de l'Amhara" sont sur le point de tomber à leur tour dans la famine, a ajouté Mark Lowcock.

Après la session du Conseil, à laquelle il a participé, l'ambassadeur éthiopien à l'ONU, Taye Atske Selassie Amde, a souligné que son pays refusait que l'organe onusien débatte du Tigré, un sujet relevant selon lui de politique intérieure.

"Nous sommes en désaccord catégorique avec cette évaluation" de l'ONU sur la famine, a-t-il dit à des journalistes, en estimant que les données recueillies par l'Organisation et les ONG ne l'ont pas été "de manière transparente et inclusive".

La réunion du Conseil de sécurité, demandée par l'Irlande, a été compliquée à organiser, une majorité de ses membres, dont les africains, rejetant sa saisie, considérant que le conflit au Tigré est une affaire éthiopienne interne. Ils jugent aussi que la famine est un sujet humanitaire qui n'a pas à être traitée par l'instance chargée de la paix et la sécurité dans le monde.

«Catastrophe humanitaire»

"Toute action du Conseil de sécurité doit reconnaître et répondre au fait que l'Éthiopie est en train de finaliser les préparatifs d'une élection dans à peine une semaine" (le 21), ont souligné dans une déclaration à la presse le Kenya, la Tunisie et le Niger, soutenus par Saint-Vincent-et-les-Grenadines, membres non permanents de l'instance.

"Nous sommes profondément préoccupés par le fait qu'agir sans base appropriée peut conduire à une catastrophe encore plus grande pour le peuple éthiopien et la région", ajoute leur déclaration qui ne mentionne pas de famine en cours au Tigré.

Pour l'Irlande et le Royaume-Uni, le sujet est cependant clairement du ressort du Conseil de sécurité.

"Nous avons appelé les membres du Conseil à s'unir et à demander d'une seule voix un cessez-le-feu immédiat et un accès pour l'aide humanitaire", a déclaré à des journalistes l'ambassadrice britannique Barbara Woodward.

"Toutes les preuves convergent pour dire qu'une catastrophe humanitaire est en cours. La famine est une menace réelle. Nous ne pouvons pas l'ignorer", a renchéri son homologue irlandaise, Geraldine Byrne Nason.

La dernière réunion à huis clos du Conseil sur le Tigré remonte au 22 avril. Il avait alors adopté une première déclaration unanime pour dénoncer des exactions dans cette région du nord de l'Ethiopie.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a envoyé en novembre l'armée fédérale au Tigré lutter contre le TPLF (Front de libération du peuple du Tigré), alors au pouvoir localement et qui défiait le gouvernement central.

Abiy Ahmed avait promis une opération courte mais les combats se poursuivent et de nombreux rapports font état d'atrocités, notamment un recours généralisé au viol.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.