GENÈVE: Les Nations unies ont indûment collecté et partagé des données sur plus de 800 000 réfugiés Rohingyas au Bangladesh, qui les a ensuite données à la Birmanie, le pays qu'ils ont fui, accuse Human Rights Watch, qui demande une enquête.
Ces trois dernières années, le HCR – chargé des réfugiés à l'ONU – a collecté les données des Rohingyas réfugiés dans des camps pour que Dacca puisse leur fournir des papiers d'identité, indispensables pour avoir accès à l'aide humanitaire.
Mais les réfugiés ignoraient que les autorités transmettaient des données sur eux au gouvernement birman – qu'ils ont fui souvent dans des conditions dramatiques – en vue d'une possible rapatriement, affirme HRW.
Le HCR rejette ces accusations, un porte-parole, Andrej Mahecic, indiquant que l'agence onusienne "à des procédures très claires en place pour s'assurer de la sécurité des données que nous collectons quand nous enregistrons des réfugiés partout dans le monde".
L'ONG maintient toutefois que les réfugiés Rohingyas ne savaient probablement pas que photos d'identité, empreintes digitales et données biographiques pouvaient être partagées avec la Birmanie.
Les procédures du HCR "ont exposés les réfugiés à des risques supplémentaires", accuse Lama Fakih, directrice crises et conflits chez HRW, qui a interviewé 24 réfugiés et parlé à d'autres spécialistes.
Le HCR affirme pour sa part avoir demandé la permission de partager les données et dit avoir expliqué clairement que la carte leur donnant accès à l'aide serait attribuée que les réfugiés acceptent ou non le partage de données.
Selon l'ONG, 23 réfugiés sur les 24 interviewés ont affirmé ne jamais avoir été informés correctement mais elle reconnaît aussi "que la petite taille de l'échantillon ne permet pas de généraliser".
La Birmanie s'est servie des données pour pré-approuver 42 000 Rohingya à un retour dans le pays, qui ne les reconnaît pas comme citoyens mais propose un statut administratif.
Le HCR a souligné qu'un retour ne serait que volontaire et souligne que le Bangladesh n'avait forcé aucun réfugié à retourner en Birmanie.
Mais pour HRW, le risque a été créé parce que les réfugiés sont maintenant sur une liste et que la Birmanie sait qu'ils sont au Bangladesh.