SAINT-MALO : «Bonjour, je m’appelle Begüm, je suis la fondatrice et la directrice de création de Begüm Khan. J’aime l’histoire, les contes de fées, le surréalisme et le fait de créer de nouveaux mondes…» C’est par ces mots que se présente Begüm Kiroglu. Née à Istanbul dans une famille de collectionneurs d’art ottoman, cette jeune femme a passé son enfance dans des décors enchanteurs, entourée d’objets rares. «J’ai grandi dans le milieu artistique et, dès mon plus jeune âge, j’ai été sensible aux influences créatives qui m’entouraient. Au-delà de mes promenades dans les ruelles cachées d’Istanbul, j’ai beaucoup voyagé en compagnie de mes parents, toujours en quête d’antiquités. Cette chasse au trésor familiale a marqué ma vie. J’ai appris très tôt que l’art ne se limitait pas à un tableau accroché au mur ou à une porcelaine sous globe: il fait partie de notre quotidien. C’est un art de vivre!», confie la créatrice à Arab News en français.
Après des études de gestion des entreprises de mode à l’université Bocconi de Milan, elle prend la direction de l’Est, en Asie, et elle obtient son master de culture et d’art chinois à l’université de Fudan. Riche de toutes ces connaissances, elle décide de fonder sa propre marque, Begüm Khan, avec une idée fixe: créer des bijoux qui soient des œuvres d’art. Les objets qu’elle fonctionne sont à la croisée des influences oniriques et luxuriantes de la culture ottomane et de l’artisanat haut de gamme, ce qui n’exclut en rien leur fantaisie; leur créatrice leur apporte une touche de modernité savamment dosée. «Une belle pièce doit être intemporelle, certes, mais aussi pertinente. Et portable! Le design doit être un parfait équilibre entre le passé et le futur», révèle-t-elle.
«Tout m’inspire!»
À qui s’adressent ses bijoux sculpturaux? Begüm Kiroglu répond sans détour à cette question: «À une femme indépendante, qui n’a pas peur de qui elle est, qui s’affirme et ne se laisse rien dicter. Elle est idéaliste et décide de sa propre vie.» Et en quoi le processus de création consiste-t-il? «Je suis dans une quête perpétuelle de beauté. Quand je ne trouve pas ce dont je rêve, je le crée. Comme un artiste, je m’inspire de tout ce qui m’entoure! Je gribouille des notes, prends des photos, esquisse des dessins… Il peut s’agit d’une conversation, d’un livre, d’une fleur, d’un motif sur une tasse, d’un animal sur un tapis, de jeux, de mes nièces… Tout m’inspire!», explique-t-elle, enthousiaste.
Si ces majestueux bijoux parviennent à séduire à ce point les femmes d’aujourd’hui, c’est peut-être aussi parce qu’ils sont nés de ses propres désirs. «Tout commence par un besoin personnel. J’aime les bijoux moi-même et, parfois, je suis à la recherche d’une pièce, d’une couleur ou d’une forme que l’on pourrait porter avec une robe à un moment ou dans un endroit précis. Ainsi je satisfais moi-même mes désirs.» Du croquis au bijou final en passant par le prototype, les étapes de fabrication sont nombreuses, et minutieuses. Il se passe plusieurs mois avant d’obtenir le design parfait. «Nous utilisons beaucoup d’or et de bronze, que nous sertissons de diamants, de cristaux, de turquoises, de coraux et de toutes sortes de pierres semi-précieuses…» Au départ, ses clientes étaient ses amies. Puis, peu à peu, elle est parvenue à conquérir un public élégant, de tout âge, partout dans le monde. «J’aime rencontrer ces femmes merveilleuses, discuter avec elles. Elles sont tellement inspirantes! Elles deviennent alors mes muses.»
Relooker le flacon aux Abeilles de Guerlain
Quel est son dernier défi en date? Begüm Kiroglu a été invitée par la maison Guerlain pour parer son mythique flacon aux Abeilles, imaginé à l’origine – en 1853 – pour l’eau de Cologne Impériale afin de rendre hommage à l’impératrice Eugénie et fabriqué par les verreries Pochet du Courval. Aujourd’hui relooké par la créatrice turque, il renferme le nouveau parfum exclusif, «Le Songe de la Reine». «En toute humilité, je suis très fière d’avoir pu apporter la touche d’une jeune marque élégante mais excentrique au prestigieux flacon de Guerlain. J’ai eu envie de le réinventer, avec un angle créatif différent», raconte la jeune femme à Arab News en français.
Quelles autres surprises Begüm nous réserve-t-elle? Une chose est sûre: l’agenda de la jeune femme est bien chargé. «Nous venons de lancer une collection d’été inspirée par les fleurs et les parfums du jardin Shalimar. Et nous envisageons d’avoir une seconde boutique, en plus de celle d’Istanbul, qui a enfin pu rouvrir.» D’ailleurs, comment a-t-elle vécu la crise sanitaire? «La pandémie a changé notre perception de la vie, de manière générale. Chez Begüm Khan, nous avons toujours créé des pièces pérennes et intemporelles, qui se transmettent de génération en génération. Je suis heureuse de voir que de nombreuses marques, ainsi que les consommateurs, s’orientent de plus en plus vers des décisions durables», se réjouit-elle.