PARIS: "Il faudra bien le faire. Mais pourquoi si vite?" A deux jours de l'ouverture de la vaccination aux mineurs, adolescents et parents interrogés, se montrent hésitants, peu pressés de penser à la piqûre avant l'été.
A partir de mardi, les 12-18 ans pourront recevoir le vaccin Pfizer/BioNTech, premier à avoir obtenu le feu vert pour être utilisé chez les mineurs.
Une "bonne nouvelle" pour Clarisse, 17 ans, lycéenne à Paris. "J'y ai réfléchi avec mes parents et je pense que je vais me faire vacciner", dit-elle, y voyant un moyen d'accéder à nouveau "à la culture, les concerts, l'opéra" qui lui ont tant manqué ces derniers mois.
Toutefois, cette musicienne, élève de Première avec horaires aménagés, se sent "un peu forcée". "On est des citoyens donc on est responsables. Mais est-ce que c'est à nous, les ados, de nous faire vacciner parce que des adultes ne veulent pas?", relève-t-elle.
Occupée par son bac de Français puis par ses vacances, elle n'envisage toutefois pas de prendre rendez-vous dès la mi-juin et attendra "la fin de l'été".
Comme Lucie, collégienne de 14 ans, qui ne se sent "ni prioritaire, ni pressée" et préfère "laisser la place aux plus âgés qui ne sont toujours pas vaccinés".
"Je suis pour la vaccination et je sais bien qu'il faudra le faire. Mais pourquoi si vite? Mes parents ont été vaccinés il y a quelques jours", dit cette adolescente qui a déjà eu la Covid.
Annoncée le 2 juin par Emmanuel Macron et déjà mise en place dans plusieurs pays, la vaccination des moins de 18 ans se fera sur la base du volontariat avec accord des parents.
Dans une réaction mercredi, le Comité national d'éthique (CCNE) a regretté la rapidité de cette décision, jugeant que "plusieurs indicateurs sont au vert et que la rentrée scolaire de septembre" aurait été une meilleure date de démarrage de la campagne.
Sollicité par l'AFP, le ministère de la Santé a fait savoir que "ses modalités sont en cours de définition et seraient communiquées prochainement".
«Un non-sujet»
Élise, 15 ans, collégienne à Strasbourg, a "envie de se faire vacciner pour contribuer à l'immunité collective" mais est "un peu la seule de la classe" à penser ainsi.
Son père Christophe lui donnera son accord "si elle le veut vraiment". "Mon autre fille de 12 ans est presque convaincue aussi mais elle n'aime pas les piqûres. On essaiera d'argumenter mais, si elle se braque, je pense qu'on n'insistera pas", explique-t-il.
Reste que le planning d'été de la famille est bien chargé. "On attendra peut-être début septembre pour prendre rendez-vous, ça sera plus simple", ajoute le quadragénaire.
A l'inverse, Pauline, 40 ans, cherchera dès mardi à faire vacciner ses jumeaux de 15 ans.
"On en a tout de suite parlé avec eux et ils sont partants. Cela me rassure pour la rentrée", dit cette cadre dans l'audiovisuel qui a reçu sa première dose de vaccin il y a une semaine.
"Si le plus de personnes possibles sont vaccinées en septembre, il y aura moins de Covid au lycée, moins de cas contacts et moins de cours qui sautent ou à la maison", plaide la mère d'Alice et Jules qui feront leur rentrée en Première.
Parmi ses élèves de Terminale, Marie, professeur d'Histoire-géographie près de Paris, estime que la vaccination est "un non-sujet". Elle même n'y est "pas très favorable" pour ses trois enfants de 13 à 18 ans dont seul l'aîné souhaite se faire vacciner.
Elle juge qu'"on manque de recul". "A 15 ans, ils ont toute la vie devant eux et ça reste une prise de risque", dit Marie, 44 ans, regrettant "qu'on compte sur les ados pour faire grimper les chiffres de la vaccination avant l'été".
La famille se laisse le temps de la réflexion. "S'il y a une autre vague et que les cas remontent à l'automne, alors j'irai me faire vacciner. Et si les enfants ont envie, on en rediscutera".