PARIS: Six généraux signataires d'une tribune controversée sur le « délitement » de la France ont reçu une convocation à comparaître devant un « conseil supérieur » militaire, selon une information du Monde confirmée par le ministère des Armées.
Les convocations, signées par la ministre des Armées Florence Parly, ont été envoyées le 25 mai à ces six généraux de deuxième section (« 2S »), retraités mais toujours susceptibles d'être rappelés, écrit le quotidien paru samedi.
« La procédure est enclenchée », a-t-on confirmé au ministère des Armées, précisant que les auditions devraient avoir lieu d'ici « quelques mois ».
Sont convoqués les officiers - sur la vingtaine de généraux « 2S » signataires - qui ont publiquement assumé cette signature dans les médias.
Les autres « 2S » ont reçu un courrier leur demandant s'ils confirmaient avoir signé la tribune. En fonction de leur réponse, ils seront à leur tour convoqués ou pas.
Dans la convocation, le ministère des Armées considère que ce texte au « ton accusatoire, outrancier et polémique » engage « l'image des armées », selon Le Monde.
Ces signataires de haut rang encourent la radiation, a averti fin avril le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre.
L'un deux, le général Emmanuel de Richoufftz, a été aide de camp du Premier ministre Pierre Mauroy au début des années 80. Un autre, Christian Piquemal, ancien patron de la Légion étrangère, a déjà été radié en 2016 pour avoir participé à une manifestation interdite contre les migrants à Calais.
Au terme de la procédure devant le conseil supérieur - composé de généraux appartenant au même corps d'armée (terre, air, mer) - le dernier mot en matière de sanction revient au président de la République, chef des armées.
Les 18 soldats d'active par ailleurs identifiés parmi les signataires - dont quatre officiers - se sont pour leur part désolidarisés depuis de la tribune à l'exception d'un (le 18e s'est déclaré étranger au texte et invoque l'usurpation d'identité).
Des sanctions seront néanmoins prononcées à leur encontre. Mais elles seront adaptées au vu de leur changement de position.
La tribune, publiée par Valeurs Actuelles le 21 avril, appelle le président Emmanuel Macron à défendre le patriotisme.
Les signataires dénoncent le « délitement » qui frappe selon eux le pays et se disent « disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ».
Une deuxième tribune, évoquant un risque de « guerre civile » en France, a été signée depuis par des militaires en activité qui n'ont pas été identifiés.