Après les retrouvailles, le G7 rentre dans le vif du sujet

A partir de la gauche: La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, le président du Conseil européen Charles Michel, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre italien Mario Draghi participent à une réunion de coordination de l'UE avant le début du sommet du G7. (Photo, AFP)
A partir de la gauche: La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, le président du Conseil européen Charles Michel, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre italien Mario Draghi participent à une réunion de coordination de l'UE avant le début du sommet du G7. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 12 juin 2021

Après les retrouvailles, le G7 rentre dans le vif du sujet

  • Les dirigeants entendent affirmer leurs «valeurs» de démocraties libérales, même si cela «entraînera bien sûr une confrontation avec la Russie et la Chine»
  • Après les promesses sur les dons de vaccins aux pays pauvres, les dirigeants veulent trouver les moyens d'éviter qu'une telle crise ne se reproduise

CARBIS BAY, ROYAUME-UNI : Après les retrouvailles ou les premiers contacts, les dirigeants des grandes puissances du G7 entrent samedi dans le vif du sujet en s'attaquant à la prévention des crises sanitaires et la défense du multilatéralisme.

L'ouverture du sommet dans la station balnéaire de Carbis Bay a permis aux chefs d'Etat et de gouvernement d'Allemagne, de France, d'Italie, du Royaume-Uni, du Canada, du Japon et des Etats-Unis de renouer avec les échanges en personne ensemble pour la première fois en près de deux ans.

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Boris Johnson affichant son caractère pas très british lors de l'accueil de M. et Mme Macron. (Photo, AFP)

Durant la traditionnelle photo de famille dos à la plage ou lors d'une réception autour de la reine Elizabeth II et ses héritiers, Charles et William, sous les serres immenses de l' « Eden Project », les dirigeants du G7 ont pu reprendre contact vendredi. Ils ont pu aussi accueillir les nouveaux du club comme le président américain Joe Biden, bien décidé à prouver le retour de l'Amérique sur la scène mondiale et à unifier ses alliés face à la Chine et la Russie.

Samedi, deuxième des trois journées du sommet, les dirigeants pourront encore afficher leur entente devant les caméras lors d'un barbecue à la tombée du jour sur la plage avec à la carte de la guimauve grillée au feu de bois et un cocktail au rhum.

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Jill Biden et Kate, duchesse de Cambridge, se sont rencontrées pour la première fois en marge du sommet. Elles ont visité une classe de l’école de Hayle avant d'apporter un bol de carottes aux lapins de l’établissement. (Photo AFP)

Mais le programme s'annonce chargé. Les séances collectives de travail et les tête-à-tête vont s'enchaîner à un rythme soutenu pour les dirigeants qui seront rejoints par leurs homologues de Corée du Sud, d'Afrique du Sud, d'Australie, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le Premier ministre indien Narendra Modi interviendra de manière virtuelle, compte tenu de la grave situation sanitaire dans son pays.

Des vaccins plus vite

La réponse à la pandémie constitue encore l'un des gros morceaux de la journée, le Premier ministre britannique Boris Johnson ayant salué la veille en ouverture du sommet une « occasion extraordinaire » de « reconstruire en mieux », de manière « plus juste » et même « plus féminine », avait-il ajouté après un moment d'hésitation.

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Premier évènement officiel pour Carrie Symonds, récemment mariée au Premier ministre britannique Boris Johnson. (Photo, AFP)

Après les promesses sur les dons de vaccins aux pays pauvres pour mettre fin au plus vite à la pandémie, les dirigeants veulent trouver les moyens d'éviter qu'une telle crise, qui a déjà fait 3,7 millions de morts dans le monde, ne se reproduise.

Le G7 va signer la « déclaration de Carbis Bay » présentée par Downing Street comme « historique » et qui comprendra une série d'engagements pour empêcher toute nouvelle catastrophe sanitaire.

Il s'agira de réduire le délai pour développer des vaccins, des traitements et des diagnostics, renforcer la surveillance sanitaire, et engager une réforme de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) afin de la renforcer.

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Un groupe de militants du groupe écologiste Extinction Rebellion a franchi le cordon de sécurité pour organiser une manifestation sur la plage de St Ives, près de Carbis Bay, sous la surveillance d'un navire de patrouille de la Royal Navy. (Photo, AFP)

Explications sur le Brexit

« Je suis fier que pour la première fois aujourd'hui les principales démocraties dans le monde sont unies pour faire en sorte que jamais plus nous ne soyons pas préparés » à une crise sanitaire de grande ampleur, selon Boris Johnson.

Le débat pourrait porter en outre sur l'épineuse question de la suspension des brevets sur les vaccins, afin d'accélérer leur production. Les Etats-Unis et la France sont pour, mais l'Allemagne s'y oppose.

La journée devrait avoir par ailleurs une tonalité très diplomatique, entre défense du multilatéralisme et passage en revue des questions de politique internationale, qui devrait faire une large place à la Chine et à la Russie.

Les velléités protectionnistes de certains pays face à la pandémie et les tensions dans les chaînes d'approvisionnement, symbolisées par la pénurie mondiale de semi-conducteurs, inquiètent en outre le G7.

Les dirigeants entendent affirmer leurs « valeurs » de démocraties libérales, même si cela « entraînera bien sûr une confrontation avec la Russie, mais aussi, à certains égards, avec la Chine », a prévenu la chancelière allemande Angela Merkel vendredi avant l'ouverture du sommet.

Joe Biden pousse notamment pour un grand plan d'infrastructures en Afrique et en Asie, afin de contrer l'initiative chinoise des « Nouvelles routes de la Soie » visant à financer des grands projets à l'étranger pour accroître son influence.

L'Irlande du Nord devrait également s'inviter dans les discussions avec une rencontre qui s'annonce difficile dans la matinée entre Boris Johnson et les deux dirigeants de l'UE, Ursula von der Leyen et Charles Michel, avec l'espoir d'aplanir les tensions post-Brexit.

Le Premier ministre britannique échangera également avec le président français Emmanuel Macron qui avertissait cette semaine que les accords signés n'étaient pas « renégociables » sur le Brexit malgré la volonté de Londres de revenir sur certaines dispositions spécifiques à l'Irlande du Nord qui provoquent la colère des unionistes fidèles à la couronne et fragilisent la paix obtenue en 1998 après trois décennies de violences.

« Le G7 n'est pas l'endroit où (Boris Johnson) va nécessairement chercher une solution immédiate », a balayé vendredi soir son porte-parole.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.