Afghanistan: dix démineurs tués dans une attaque revendiquée par l'EI

Des blessés dans l’attaque sont soignés dans un hôpital de la province de Baghlan (Photo, AFP).
Des blessés dans l’attaque sont soignés dans un hôpital de la province de Baghlan (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 09 juin 2021

Afghanistan: dix démineurs tués dans une attaque revendiquée par l'EI

  • Dans un communiqué, l'EI explique avoir pénétré dans l'enceinte de l'association et «rassemblé les démineurs dans deux pièces avant d'ouvrir le feu sur eux»
  • Un rescapé, blessé par les tirs et soigné à l'hôpital le plus proche, a raconté - sous couvert de l'anonymat - l'irruption du commando, de nuit

KUNDUZ: Dix démineurs afghans, employés de l'organisation britannique HALO Trust, ont été tués mardi soir dans la province de Baghlan (nord), dans une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique.

Dans un communiqué, l'EI explique avoir pénétré dans l'enceinte de l'association et « rassemblé les démineurs dans deux pièces avant d'ouvrir le feu sur eux », a rapporté le site spécialisé Site Intelligence.

Selon le ministère afghan de l'Intérieur, l'attaque a eu lieu vers 22h locales à quelque 260 km au nord de Kaboul.

Un rescapé, blessé par les tirs et soigné à l'hôpital le plus proche, a raconté - sous couvert de l'anonymat - l'irruption du commando, de nuit. 

Cinq à six hommes, selon lui, ont escaladé les murs d'enceinte, coupé les générateurs, avant de rassembler les quelque 140 employés, tous Afghans, qui se reposaient.

« Ils étaient tous masqués. L'un a demandé s'il y avait des Hazaras parmi nous (minorité majoritairement chiite régulièrement visée par les insurgés, NDLR) mais personne n'a répondu. Puis qui était le chef ».

Celui qui s'est désigné a été aussitôt abattu. 

« Ensuite, l'un des (assaillants) a ordonné : ‘Tuez-les tous !’ et ils ont ouvert le feu sur nous, nous avons tous essayé de nous enfuir mais certains ont été tués, d'autres blessés », a-t-il ajouté. 

L'attaque a duré deux heures, jusqu'à minuit, a précisé ce témoin.

HALO Trust a confirmé que dix de ses salariés ont été tués et 16 blessés.

« Nous nous concentrons maintenant sur les soins aux employés blessés et sur le soutien aux familles éprouvées », a indiqué l'ONG.

« Les talibans ont fait fuir les assaillants »

Le vice-président afghan Amrullah Saleh avait imputé l'attaque aux insurgés, déclarant sur Twitter que les talibans voulaient « voler de l'argent et des mines non explosées » au HALO Trust.

Mais James Cowan, le directeur de l'ONG, a expliqué au contraire à la radio BBC que les talibans avaient aidé à mettre fin à l'attaque.

« Un groupe de talibans locaux nous est venu en aide et a fait fuir les assaillants », a-t-il rapporté.

« C'est un incident horrible, le pire dans l'histoire du HALO Trust », a-t-il réagi, ajoutant que les assaillants sont allés « de lit en lit, assassinant de sang-froid mon personnel ». 

Cowen avaient estimé que les talibans n'étaient pas responsables de l'incident.

Le porte-parole des insurgés Zabihullah Mujahid avait d'ailleurs rapidement démenti toute implication de leur part dans l'attaque.

« Nous condamnons les attaques visant des gens sans défense qui relèvent de la barbarie », avait-il affirmé sur Twitter. 

« Nous entretenons des relations normales avec les ONG, nos moudjahidines ne se livreraient jamais à des actes violents ».  

Acte « répugnant »

L'Afghanistan est l'un des pays les plus minés au monde, conséquence d'au moins quatre décennies de conflit.

Le coordinateur humanitaire des Nations unies en Afghanistan, Ramiz Alakbarov, a jugé dans un communiqué « répugnant de s'en prendre à une organisation qui œuvre à dégager les mines et les explosifs pour améliorer la vie des populations vulnérables ».

Au cours des derniers mois, la province de Baghlan a été le théâtre de violents affrontements entre les forces gouvernementales et les talibans.

Dans les districts afghans les plus exposés aux combats, des mines et des bombes ont été posées au bord des routes par les insurgés. 

Ces explosifs ont pour objectif de bloquer la progression et les mouvements des forces gouvernementales, mais il est fréquent qu'ils tuent des civils.

Le HALO Trust a été fondé en 1988 pour retirer les mines laissées sur le sol afghan après l'occupation soviétique qui a duré près d'une décennie.

L'organisation humanitaire emploie plus de 2 600 Afghans, selon son site internet, et a déminé près de 80% des champs de mines et de bataille identifiés dans le pays.

Les violences n'ont fait que s'accroître depuis le 1er mai, date à laquelle les forces américaines ont entamé la dernière phase de leur retrait, qui doit s'achever le 11 septembre au plus tard.

Mais les opérations avancent rapidement, et les insurgés tentent d'en profiter pour gagner du terrain. 

Mercredi, les talibans ont déclaré avoir abattu un hélicoptère de l'armée afghane dans la province de Wardak, mais le ministère de la Défense a affirmé que le crash de l'engin était dû à un problème technique.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Short Url
  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Short Url
  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Short Url
  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.