Acte isolé ou expression d'une colère plus large, la gifle à Macron divise

Le président français Emmanuel Macron, le 9 juin 2021 à l'Elysée à Paris (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le 9 juin 2021 à l'Elysée à Paris (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 09 juin 2021

Acte isolé ou expression d'une colère plus large, la gifle à Macron divise

Le président français Emmanuel Macron, le 9 juin 2021 à l'Elysée à Paris (Photo, AFP)
  • Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a lui vu dans ce geste «une longue détérioration du débat public»
  • Son potentiel adversaire en 2022 l'ex-LR Xavier Bertrand estime qu'Emmanuel Macron n'a «jamais pris la mesure de la crise des ‘gilets jaunes’»

PARIS: Acte isolé ou expression d’une colère plus profonde ? L'exécutif voit dans la gifle au chef de l'Etat un « fait isolé » mais pour d'autres politiques ou analystes, elle est le signe d’un mécontentement toujours présent depuis le mouvement des « gilets jaunes ».  

Si la gifle infligée à Emmanuel Macron mardi dans la Drôme est un acte « grave », qui a suscité l'indignation générale, il n'est « pas représentatif » des Français ou même de la « colère » d'une partie d'entre eux, a estimé mercredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.   

S'il y a bien « des Français inquiets, qui doutent, qui sont en colère », ils « savent exprimer cela dans le cadre du débat et dans le cadre du vote », a-t-il fait valoir.  

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a lui vu dans ce geste « une longue détérioration du débat public ».  

Cet acte « oblige à faire le débat démocratique de manière apaisée, à respecter son interlocuteur, à ne pas le disqualifier, à ne pas le caricaturer. A ne pas avoir des propos qui peuvent s'apparenter à de la violence », a plaidé à cet égard le patron de la CFDT Laurent Berger.  

Le chef de file des députés LREM Christophe Castaner a lui fait valoir qu'Emmanuel Macron, qui est reparti aussitôt après la gifle saluer des badauds, allait « au contact » alors que le chef de l'Etat est accusé par ses adversaires d'être arrogant voire « méprisant ».  

Détestation   

Son potentiel adversaire en 2022 l'ex-LR Xavier Bertrand, qui pense comme lui qu'il faut être « à portée de baffe » pour sentir le « pouls » des Français, estime cependant qu'Emmanuel Macron n'a « jamais pris la mesure de la crise des ‘gilets jaunes’ » à venir lorsqu'il a fait son itinérance mémorielle en novembre 2018.  

Or cette gifle pourrait être le « signe d'un retour de colère extrêmement chaude » qui a été « gelée » par le Covid, prévient le politologue Pascal Perrineau, qui fut l'un des »garants » du grand débat organisé par l'exécutif après la crise des « gilets jaunes ».  

Ce geste traduit le fait qu'il n'y a « plus rien entre le président et des Français en colère », alors que pendant des décennies, le débat politique s'organisait avec des « forces collectives ». « Il y avait des partis politiques, des syndicats, des corps intermédiaires. Là, il n'y a plus rien » et « même plus d'idéologie », explique sur France 5 le chercheur au Cevipof.  

« Quand il n'y a plus d'idéologie, quand il n'y a plus de collectif, (...) il reste des personnes, des individus, que l'on peut aduler ou détester, et il y a beaucoup de détestation parce que la société française est en colère », souligne-t-il.  

Une étude de la Fondation Jean-Jaurès avançait en avril que le niveau de détestation d'Emmanuel Macron était le principal facteur d'une éventuelle victoire de Marine Le Pen à la présidentielle, outre le rapprochement programmatique entre RN et LR et la « dédiabolisation » de l'ancien Front national.  

Les auteurs ont relevé à cet égard qu'Emmanuel Macron générait quatre émotions, toutes négatives: la  »colère », le « désespoir », le « dégoût », puis la « honte », rappelant que les émotions jouent « un rôle considérable » dans les comportements électoraux.  

« Ecoute »   

Le souverainiste et candidat à l'Elysée Nicolas Dupont-Aignan, estime lui qu'Emmanuel Macron « est honni parce qu'il ne représente plus le pays » et voit dans la gifle la manifestation d'une « crise démocratique ».  

« A partir du moment où le bulletin de vote n'a plus d'influence, où le référendum de 2005 (sur la Constitution européenne, ndlr) été bafoué par la classe politique, (…) où la vie politique n’est qu'apparence, n'est que tromperie, il ne faut pas s'étonner de voir ces actes de violence », a-t-il affirmé sur Twitter.  

Le patron de la CGT Philippe Martinez pointe pour sa part « un problème démocratique dans ce pays, une qualité d'écoute qui n'est pas à la hauteur des problèmes sociaux et économiques posés ».  

Relancer la réforme des retraites, comme le suggère le gouvernement, après une crise sanitaire qui a « éreinté » les salariés peut provoquer un « mouvement social d'ampleur », met en garde l'analyste de l'Ifop Jérôme Fourquet. 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.