DUBAÏ: Un accord conclu entre les pays développés du G7, en vue de fixer un taux minimum d’imposition des sociétés de 15 % au niveau mondial devrait avoir des conséquences importantes pour les économies du Golfe, qui cherchent à attirer les multinationales.
Le ministre japonais des Finances, Taro Aso, a déclaré mardi aux journalistes que les pays du G7 ont réalisé qu’ils ne pouvaient plus compter sur la course vers le bas de l’impôt sur les sociétés, pour générer de la croissance dans leurs économies.
«Maintenant que la direction a été définie, les chances de conclure un accord fiscal vont augmenter au G20. Cette décision a un impact important sur le renforcement de la dynamique», a expliqué M. Aso.
Le G7 comprend les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Canada. Le G20, plus large, comprend également l’Arabie saoudite, seul pays du Golfe du groupe.
Les analystes s’attendent à ce que l’adoption des nouvelles règles modifie progressivement l’assiette fiscale régionale, ce qui devrait toucher certaines économies du Golfe plus que d’autres, dépendamment du nombre de multinationales qui y opèrent.
L’instauration d’un taux d’imposition mondial minimal est une question d’équilibre potentiellement délicate pour les gouvernements arabes, qui tentent d’attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE).
«Pour les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), une plus grande clarté est nécessaire pour évaluer tout impact économique potentiel», souligne Monica Malik, économiste en chef à l’Abu Dhabi Commercial Bank (ADCB), dans une lettre à ses clients. «Nous estimons que la région restera un environnement à faible fiscalité, tant au niveau des entreprises que des particuliers. Cependant, pour les entreprises qui relèveront du nouveau cadre (probablement axé sur les entreprises numériques), l’impact pourrait être important. À moyen terme, l’évolution de la fiscalité mondiale pourrait entraîner l’élargissement de l’assiette fiscale des sociétés dans la région, surtout avec l’augmentation des revenus fiscaux des grandes multinationales.»
Depuis des années, les économies du Golfe attirent les particuliers et les entreprises grâce à une fiscalité nulle ou faible. Toutefois, les réformes actuelles, qui visent à stabiliser les recettes publiques, et à réduire la dépendance à l’égard des recettes provenant des hydrocarbures, ont déjà mis l’accent sur la fiscalité, notamment avec l’introduction récente de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dans des pays comme les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
L’impôt sur les sociétés était également l’un des grands thèmes de la présidence saoudienne du G20 de l’année dernière. Le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, a salué cette semaine l’accord conclu entre les pays du G7.
Khatija Haque, économiste en chef à la banque Emirates NBD, a déclaré mardi à Bloomberg TV que l’adoption plus large des nouvelles règles fiscales du G7 par le G20 et l’OCDE déclencherait également des changements régionaux. Elle a toutefois précisé que le nombre d’entreprises initialement touchées pourrait être relativement faible.
«Si nous nous penchons sur ces très grandes multinationales et entreprises technologiques, nous constatons que cette région ne représente pas nécessairement une part énorme de leurs revenus mondiaux», souligne-t-elle. «De manière plus générale, il serait intéressant de savoir si la région dans son ensemble cherche à imposer cet impôt sur les sociétés à d’autres entreprises étrangères, peut-être plus petites, ou à des entreprises qui ont une certaine participation étrangère. Il s'agit d’une question qui devra être gérée avec précaution, car il y a une forte pression pour attirer davantage d’IDE dans la région, avec le risque de se compromettre en menant une politique trop agressive sur les impôts sur les sociétés», conclut-elle.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com