Une école en ligne unit des centaines d'enfants migrants le long de la frontière mexicaine

Des enfants migrants le long de la frontière mexicaine. (AFP)
Des enfants migrants le long de la frontière mexicaine. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 06 juin 2021

Une école en ligne unit des centaines d'enfants migrants le long de la frontière mexicaine

  • Ils sont originaires du Honduras, du Guatemala et d'Haïti et leurs parents font partie des innombrables réfugiés qui affluent toujours à la frontière américaine, persuadés que Joe Biden laisse entrer qui le demande
  • Pendant que leurs cas sont examinés par l'administration américaine, l'attente dans des villes, souvent aux mains des narcotrafiquants, peut durer des mois

MATAMOROS, Mexique : Dans sa cuisine, Alma Beatriz Serrano Ramirez agite son ardoise devant son téléphone en espérant qu'Adalid, Kimberly, Osval et ses autres élèves restent concentrés sur la leçon de calcul qu'elle est en train de donner.

Quelques instants plus tard, elle ne se laisse pas perturber par l'arrivée dans la pièce de sa fille et son fils de 2 et 10 ans alors qu'elle enseigne le son des lettres.

"Au Honduras, je donnais des cours face à des enfants. Rien à voir. En réalité, jamais je n'aurais imaginé vivre une telle expérience (...). C'est vraiment difficile, mais à mesure que le temps passe, on s'y habitue", explique-t-elle à l'AFP une fois terminé son travail pour l'association américaine Sidewalk School.

Cette migrante de 38 ans rêvait de s'installer aux Etats-Unis mais, comme beaucoup d'autres, elle a dû poser ses maigres bagages à Matamoros, une ville mexicaine de 500.000 habitants qui n'est séparée des Etats-Unis que par le Rio Bravo, fleuve appelé Rio Grande côté américain.

C'est à 90 kilomètres, dans un camp de 700 personnes érigé en quelques semaines à Reynosa, autre ville aux portes des Etats-Unis, que vit une partie des élèves.

Ils sont originaires du Honduras, du Guatemala et d'Haïti et leurs parents font partie des innombrables réfugiés qui affluent toujours à la frontière américaine, persuadés que Joe Biden laisse entrer qui le demande.

Pendant que leurs cas sont examinés par l'administration américaine, l'attente dans des villes, souvent aux mains des narcotrafiquants, peut durer des mois.

Proposés en téléconférence, les cours d'écriture, de mathématiques ou de yoga qu'offre Sidewalk School représentent un rare réconfort pour des centaines d'enfants vivant le long des 2 500 kilomètres de frontière, de Tijuana (côte Pacifique) à Matamoros (près du Golfe du Mexique).

Des enseignants demandeurs d'asile

C'est dans cette dernière cité que tout a commencé en 2018 pour l'association. Sa fondatrice Felicia Rangel y est bouleversée par la misère d'une vingtaine de migrants qu’elle rencontre sous un pont après qu'elle a franchi le fleuve qui sépare Matamoros de sa ville texane, Brownsville.

Bien qu'elle ne parle pas espagnol (née d'un père mexicain et d'une mère métisse, elle se considère Afro-Américaine), elle décide d'aider ceux qu'elle considère victimes de l'injuste politique anti-immigration de Donald Trump.

Plus rien ne sera pareil pour cette ancienne institutrice de 42 ans, mère au foyer depuis 2010, après avoir quitté Houston pour suivre son mari à Brownsville.

Dans un premier temps, "il s'agissait simplement de distraire les enfants et de leurs apprendre quelques petites choses (...). Mais à mesure que de plus en plus d'enfants venaient, il devenait clair qu'il fallait leur donner des cours, car ils n'étudiaient pas", explique Ana Gabriela Martinez Fajardo, 26 ans, demandeuse d'asile et professeure depuis Matamoros pour l'association.

Sidewalk School grandit à mesure que les migrants affluent à Matamoros jusqu'à ne plus pouvoir tous tenir dans un camp de tentes de 3 000 personnes.

Quand la Covid-19 frappe, Felicia Rangel et son acolyte Victor Cavazos achètent 300 tablettes numériques pour ne pas abandonner les 700 jeunes de 4 à 18 ans sous leur aile.

Très vite, grâce à des partenaires, les leçons des instituteurs, tous demandeurs d'asile et anciens professeurs ou assistants-professeurs, commencent à être écoutées dans neuf villes-frontières.

«Tristesse et honte»

L'enseignement virtuel a du bon puisqu'il permet aux élèves les moins éduqués de rattraper leur retard.

"C'est une situation très compliquée, porteuse de tristesse et de honte. (...) Un enfant de 8 ou 9 ans, doit pratiquement savoir multiplier et diviser (...). Et la plupart de ces enfants n'y parvient pas", déplore la maîtresse Ana Gabriela Martinez Fajardo.

"C'était un problème quand nous étions en présentiel à Matamoros parce que (ces) enfants quittaient" la classe explique Felicia Rangel. Dorénavant, caméra éteinte, ils suivent les cours des plus petits.

Cela explique qu'une fois aux Etats-Unis, certains parents continuent ces leçons plutôt que d'inscrire leurs rejetons dans les écoles publiques, ce que regrette Felicia Rangel.

Ces derniers mois, 17 des 19 enseignants ont aussi pu s'installer aux Etats-Unis et dispensent maintenant leurs cours depuis le Kentucky, le Michigan ou la Virginie.

Cet été, cela fera deux ans que les deux dernières institutrices du côté mexicain attendent à Matamoros avec l'espoir de franchir la frontière avec leurs enfants.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.