A BORD DU PORTE-AVIONS FRANÇAIS : Depuis le pont d'envol, les marins du porte-avions français regardent naviguer à leurs côtés l'imposant Queen Elizabeth: le porte-aéronefs britannique, qui a récemment entamé son premier déploiement opérationnel, coopère pour la première fois avec le Charles de Gaulle, au fil d'exercices associant leurs avions de combat respectifs.
Cette manœuvre conjointe inédite baptisée « Gallic Strike », qui mobilise depuis mardi 14 bâtiments de guerre et 56 aéronefs de combat au large des côtes toulonnaises, a notamment pour objectif de s'entraîner à conduire des frappes depuis la mer, et d'opérer conjointement les avions de combat tricolores Rafale Marine, catapultés, et les F-35 britanniques qui décollent à la verticale ou grâce à un tremplin.
Cet exercice sera le dernier du porte-avions français et son escorte avant leur retour vendredi d'une mission de quatre mois, qui les ont menés successivement en Méditerranée orientale, en mer Rouge et dans le Golfe arabo-persique.
Le Queen Elizabeth, lui, a quitté l'Angleterre fin mai pour une mission de plus de six mois qui le mènera en Asie, avec un passage programmé en mer de Chine méridionale.
Cette rencontre entre les deux porte-avions, quelques jours avant le prochain sommet de l'OTAN le 14 juin à Bruxelles, « est l'occasion d'envoyer le signal que nous travaillons ensemble, et de vérifier que nous sommes capables de joindre rapidement nos forces, aujourd'hui en France mais aussi demain dans la région Indo-Pacifique », a souligné jeudi le chef d'état-major de la Marine française, l'amiral Pierre Vandier, qui recevait à Toulon ses homologues britannique et américain, les amiraux Tony Radakin et Michael Gilday.
« Ce sont des porte-avions complémentaires en termes de capacités à opérer ensemble et gérer des menaces de haut du spectre. C'est un partenariat qui va se construire au cours des 20 prochaines années pour affronter ensemble les défis de demain », commente le commandant du Charles de Gaulle, le capitaine de vaisseau Guillaume Pinget.
Les exercices menés ensemble par les F-35 britanniques de l'Américain Lockheed Martin et les Rafale Marine du Français Dassault « nous ont permis de tirer de grands enseignements », abonde le capitaine de vaisseau français Erwan, commandant adjoint de la flottille 11F.
« C'est la première fois qu'on travaille avec des F-35 à ce niveau tactique », commente-t-il. « Le gros avantage du F-35, c'est sa furtivité, il est assez difficile à détecter », commente-t-il. En revanche, « le Rafale peut aller plus loin, être moins dépendant des ravitaillements en vol » et « a une capacité d'emport d'armement plus importante ».
« On quitte la Méditerranée orientale, le Queen Elizabeth s'y dirige, c'est une forme de continuité entre les porte-avions c'est un beau symbole qui se passe aujourd'hui », fait valoir le commandant du Charles de Gaulle.
Le porte-avions français est attendu ce vendredi à Toulon mais repartira au bout de quelques heures, sans son escorte, pour « une période de qualification des pilotes de l'aéronavale », souligne-t-il.