Facebook et Instagram accusés de partialité, après avoir censuré du contenu lié à Cheikh Jarrah

Des centaines d'utilisateurs des réseaux sociaux ont accusé Instagram et Facebook d'avoir supprimé du contenu et des comptes faisant état de la violence à Cheikh Jarrah.
Des centaines d'utilisateurs des réseaux sociaux ont accusé Instagram et Facebook d'avoir supprimé du contenu et des comptes faisant état de la violence à Cheikh Jarrah.
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Publié le Mardi 11 mai 2021

Facebook et Instagram accusés de partialité, après avoir censuré du contenu lié à Cheikh Jarrah

  • Des centaines d'utilisateurs des réseaux sociaux ont accusé Instagram et Facebook d'avoir supprimé du contenu et des comptes faisant état de la violence à Cheikh Jarrah
  • «Ce que font les Israéliens, c’est qu’ils poussent les plates-formes des réseaux sociaux à adopter leurs propres normes, pour définir ce qui est publiable ou non», explique Nadim Nashif, directeur de l’organisation «7amleh»

DUBAÏ: Imaginez la douleur d'être expulsé de votre propre maison. Imaginez ensuite être incapable de faire savoir au monde ce qui vous arrive.

C’est la réalité à laquelle font face les Palestiniens du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem, où vivent 28 familles de la Nakba de 1948. En vertu du droit international, Jérusalem-Est est considérée comme faisant partie des Territoires palestiniens.

Au début de 2021, le tribunal de district de Jérusalem a approuvé la décision d'expulser quatre familles palestiniennes de leurs maisons dans ce quartier de Jérusalem-Est.

Le 6 mai, la Cour suprême israélienne devait rendre une décision sur les expulsions, dans un contexte de manifestations houleuses et d’affrontements entre Palestiniens et colons israéliens. Compte tenu de l’embrasement, la décision a été reportée au 10 mai.

Des centaines d'utilisateurs des réseaux sociaux ont accusé Instagram et Facebook d'avoir supprimé du contenu et des comptes faisant état de la violence à Cheikh Jarrah.

L'une des vidéos supprimées provenait d’anciennes publications de la journaliste palestinienne Maha Rezeq. Elle concernait le colon israélien Jacob, qui a pris possession de la maison de Muna el-Kurd en 2009. Il lui a dit que s'il ne volait pas sa maison, quelqu'un d'autre le ferait. 

«Ce que je partage, ce sont des images brutes, des vidéos, des témoignages de personnes sur le terrain, certains exprimés par un Israélien, un colon, pourquoi est-ce controversé? Tout était explicite, il n'y avait pas de sang ou d'images graphiques enfreignant les règles des réseaux sociaux», explique Rezeq, à Arab News. Seul son contenu ayant trait à Cheikh Jarrah a été supprimé.

«Dans mes archives, seuls des stories et des posts liés à la dénonciation des crimes israéliens contre les Palestiniens ont été supprimés», poursuit-elle. 

Mohammed el-Kurd, un écrivain palestinien de Jérusalem, publiait des vidéos et des stories sur la violence à Cheikh Jarrah, lorsqu'il a reçu un avertissement selon lequel son compte pourrait être supprimé.

«Certains de vos posts précédents ne respectaient pas notre règlement», peut-on lire dans le message que le réseau social lui a envoyé. «Si vous publiez à nouveau du contenu allant à l'encontre de nos consignes, votre compte pourrait être supprimé, notamment vos posts, vos archives, messages et followers.»

Facebook a également supprimé «57 éléments de contenu» de sa page, précisant qu'ils allaient à l'encontre de ses règles.

Yasmin Dabat a affirmé que ses stories avec le hashtag #SaveSheikhJarrah, datées du 3 mai, avaient été «supprimées par Instagram sans aucun avertissement ni mise à jour». Instagram, qui appartient à Facebook, a tweeté qu'il faisait face à des problèmes techniques le 6 mai, après que des centaines de personnes ont commencé à signaler la censure.

«Nous savons que certaines personnes rencontrent des problèmes pour télécharger et visionner des stories. Il s’agit d’un problème technique mondial qui n’est pas lié à un sujet particulier, et nous sommes en train de le résoudre. Nous vous fournirons une mise à jour dès que possible», avait alors affirmé le réseau social.

Nadim Nashif, directeur d'une organisation à but non lucratif appelée « 7amleh » (de l'arabe "Hamlé" qui veut dire opération ou campagne NDLR), qui défend les droits numériques des Palestiniens, a déclaré que cette explication ne tenait pas.

«C'est très étrange, comme vous le savez, de comparer ce qui s'est passé dans un certain quartier de Jérusalem, avec des pays immenses comme le Canada, les États-Unis et la Colombie. Cela ne nous semble pas logique, ce ne sont pas vraiment des explications crédibles, parce qu'au Canada et aux États-Unis ils ont supprimé des stories sur une grande variété de sujets, alors qu’il s'agissait ici d'un hashtag bien particulier, lié à Cheikh Jarrah», a-t-il affirmé.

Nashif a précisé que la censure des Palestiniens se faisait à travers deux canaux.

«L’une des choses que font les Israéliens est de pousser les plates-formes des réseaux sociaux à adopter leurs propres normes, pour définir ce qui est publiable ou non. Il existe une importante coopération entre eux et Facebook principalement.»

Selon le directeur de 7amleh, une telle politique conduit à ce qu'on appelle des «suppressions volontaires», où les cyberunités israéliennes envoient des demandes aux plates-formes de réseaux sociaux pour supprimer un contenu spécifique sans ordonnance du tribunal».

Par ailleurs, Nashif pointe les opérations d'armées de trolls et d'applications appelées «Act.IL», «qui  poussent les utilisateurs à signaler le contenu de manière disproportionnée».

Act.IL est une application qui se décrit comme «le lieu où tous les partisans, communautés et organisations pro-israéliens se réunissent pour travailler ensemble, afin de «lutter contre la diabolisation et la délégitimation de l'État juif».

Selon l'application, les utilisateurs «pourront supprimer des réseaux sociaux du contenu incitant à la haine, lutter contre l'antisémitisme et l'antisionisme, influencer les récits en ligne concernant Israël, et participer à des campagnes et des efforts spéciaux en faveur d'Israël».

Les Palestiniens sont également réduits au silence sur les réseaux sociaux, grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle par ces mêmes plates-formes pour identifier le contenu qui enfreint leurs règles d'utilisation.

«Les plates-formes des réseaux sociaux utilisent l'intelligence artificielle pour effacer des informations, en se basant sur l’utilisation de mots-clés, principalement en se référant à ce que le gouvernement américain considère comme des organisations terroristes», a expliqué Nashif.

Certains utilisateurs qui ont signalé des retraits de contenu et des suppressions de comptes à 7amleh ont pu rétablir leur contenu après que l'organisation a contacté Facebook.

«Nous avons réussi à en rétablir des dizaines ou des centaines dans cette lutte, car nous sommes un partenaire de confiance de Facebook», a ajouté Nashif.

Yasmin Dabat a ainsi pu récupérer ses stories environ douze heures après avoir pris contact avec Instagram.

«J'ai envoyé un e-mail à Instagram, et j'ai exercé une pression pour qu’ils réintègrent mes stories. Ils les ont ensuite remises sans me répondre», raconte-t-elle à Arab News

Nadim Nashif a affirmé que le fonctionnement de la plate-forme restait partial, malgré le rétablissement du contenu et des comptes.

«Nous n'avons pas réussi à obtenir un système clair et transparent de modération de contenu. Le mot-clé ici est la transparence et l'égalité, car cela ne se produit pas du côté israélien.»

Instagram a caché le hashtag # الأقصى («Al-Aqsa» en arabe) il y a deux jours, lorsque la police israélienne a été déployée en grand nombre, alors que des milliers de musulmans faisaient les prières des Tarawih. Les médecins ont déclaré que plus de 200 Palestiniens avaient été blessés cette nuit-là.

«L'escalade s'est produite en partie parce qu'Instagram dissimulait des hashtags comme Al-Aqsa, ce qui est quelque chose de nouveau», a souligné Nashif.

Il a conseillé aux utilisateurs des réseaux sociaux de continuer à signaler les cas de censure via leurs plates-formes, et de contacter les organisations qui traitent de ces problèmes, pour une prise de conscience et un changement de comportement.

Facebook n'a pas répondu à plusieurs demandes de commentaires de la part d’Arab News.

Jeudi, le coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a exhorté Israël à cesser les démolitions et les expulsions à Cheikh Jarrah, conformément à ses obligations, en vertu du droit international humanitaire.

Dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré qu'Israël rejetait la pression pour ne pas construire à Jérusalem, après des jours de troubles et de condamnation internationale croissante des expulsions planifiées de Palestiniens, de leurs maisons revendiquées par les colons juifs.

«Nous rejetons fermement la pression de ne pas construire à Jérusalem. À mon grand regret, cette pression a augmenté ces derniers temps», a-t-il expliqué.

La semaine dernière, la Croix-Rouge a signalé que 22 Palestiniens avaient été blessés par la police israélienne dans Jérusalem-Est annexée.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".