La pandémie place une entreprise IA du Golfe à la pointe des recherches sur le génome

Un Emirati reçoit le vaccin contre la Covid-19 au centre de santé d'Al-Barsha, le 24 décembre 2020. (AFP/File Photo)
Un Emirati reçoit le vaccin contre la Covid-19 au centre de santé d'Al-Barsha, le 24 décembre 2020. (AFP/File Photo)
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Publié le Dimanche 02 mai 2021

La pandémie place une entreprise IA du Golfe à la pointe des recherches sur le génome

  • L'analyse génétique a pour objectif d'aider les scientifiques a mieux appréhender les origines de la covid-19, a repérer ses variants et a améliorer les tests
  • Le vaccin Hayat-Vax de la société G42 Healthcare, dont le siège est à Abou Dhabi, s’il réussit, fera des Émirats arabes unis le premier pays arabe à produire un vaccin contre la Covid-19

DUBAÏ: La matrice ou le plan de tous les êtres vivants, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux ou de virus microscopiques, est encodé dans leur ADN et leur ARN - il s'agit de structures moléculaires qui transmettent l'information génétique déterminant les caractéristiques de tous les organismes cellulaires.

Les recherches de séquençage génomique, qui dénouent ces structures, permettent aux scientifiques de cerner les origines du nouveau coronavirus, également connu sous le nom de SRAS-CoV-2, et d'identifier ses variants susceptibles d'être plus contagieux.

Sans ces recherches, les tests réalisés sur la Covid-19 et les campagnes de vaccination en cours n'auraient pas été envisageables. En effet, la pandémie a fait progresser de manière radicale notre compréhension scientifique du coronavirus, ce qui a débouché sur de nouveaux vaccins révolutionnaires à base d'ARN messager que Pfizer et Moderna ont créés.

Bien connaître la séquence ARN du virus a joué un rôle essentiel dans la détection précoce de la Covid-19 et a permis de développer au plus vite des techniques de diagnostic. Jamais encore les quelque 30 000 nucléotides d'un virus n'avaient été étudiés de si près.

Les gens font la queue devant un centre de vaccination contre la COVID-19 situé dans le centre financier de Dubaï. (AFP/File Photo)
Les gens font la queue devant un centre de vaccination contre la COVID-19 situé dans le centre financier de Dubaï. (AFP/File Photo)

Voilà donc que des études du génome sont réalisées dans les laboratoires du monde entier. En Afrique du Sud, c'est une étude de séquençage du génome qui a mis en évidence le variant B.1.351 (également connu sous le nom de 501Y.V2), qui, selon la communauté scientifique, serait extrêmement contagieux.

Dans cette course à comprendre la source du coronavirus, G42 Healthcare, entreprise d'intelligence artificielle et d'informatique en nuage dont le siège est à Abou Dhabi, a entrepris son propre séquençage du génome du SRAS-CoV2 l'année dernière.

L'étude intégrale sera bientôt publiée sous la forme d'un article scientifique, qui en est actuellement aux dernières étapes de production.

Par ailleurs, l'entreprise a récemment annoncé qu'elle collaborait avec la société chinoise Sinopharm CNBG pour développer le Hayat-Vax – « Hayat » signifiant « vie » en arabe. Grâce à cette collaboration, les EAU seront le premier pays arabe à développer son propre vaccin contre la Covid-19.

Dans un contexte où les pays riches s'arrachent les vaccins, Hayat-Vax semble être une solution prometteuse pour les pays en développement, pourvu que les essais cliniques de troisième phase soient examinés par des pairs et que le public se fie au vaccin.

Des études du génome sont réalisées dans les laboratoires du monde entier, notamment à Abou Dhabi, la capitale des EAU. (AN Photo/Rebecca Anne Proctor)

Le 21 avril, Abou Dhabi a approuvé le vaccin Pfizer-BioNTech. Jusqu'alors, Sinopharm était le seul vaccin proposé au grand public dans la capitale des EAU et ce, depuis décembre 2020.

« Les EAU occupent une place de premier plan au niveau mondial dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, à travers de multiples initiatives novatrices », affirme Ashish Koshy, PDG de G42 Healthcare, à Arab News.

« Du laboratoire de dépistage et de diagnostic parmi les plus grands, aux premiers essais cliniques de troisième phase dans la région portant sur la mise au point d'un vaccin inactivé contre la Covid-19, en passant par l'Autorisation d'utilisation d'urgence pour protéger le personnel soignant, aujourd'hui, le programme de vaccination au niveau national  a permis d'immuniser plus de 52 % de la population du pays », explique M. Koshy.

« C'est un modèle de référence a l’internationale. Ainsi, les EAU comptent parmi les trois premiers pays au monde en termes de pourcentage de personnes vaccinées ».

C'est en décembre 2019 que la société G42 Healthcare a été créée sous l'égide du ministère de la Santé des Émirats arabes unis. Elle s'est associée à BGI, une entreprise chinoise de séquençage du génome dont le siège est à Shenzhen. Ce partenariat prévoit la mise en place d'un laboratoire de détection de la Covid-19 dans les EAU, tout en faisant appel à des sous-traitants israéliens qui développeront des technologies capables de lutter contre la maladie.

BGI a été créé en 1999 sous le nom de Beijing Genomics Institute, un laboratoire financé par l'État et participant au Human Genome Project (Projet génome humain), une initiative internationale destinée à créer la première représentation exhaustive de l'ADN humain.

Réalisé entre mai et juin 2020 par G42, le séquençage du génome de la Covid-19 a été effectué sur 1 067 prélèvements nasaux collectés à Abou Dhabi, sous la supervision du ministère de la Santé.

Cette étude a permis de déceler des variations génétiques dans le virus ainsi que des schémas de propagation, spécifiques aux EAU. Les résultats obtenus sont supposés aboutir à un diagnostic plus précis grâce à des tests de réaction en chaîne par polymérase (PCR) plus performants, ce qui leur permettrait de détecter de nouveaux variants locaux.

 « Les EAU occupent une place de premier plan dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19 au niveau mondial, confie à Arab News Ashish Koshy, PDG de G42 Healthcare. (AN Photo/Rebecca Anne Proctor)

« L'un des facteurs déterminants ayant contribué à notre réussite collective concerne notamment la mise en œuvre efficace et opportune d'un partenariat entre le secteur public et le secteur privé, avec la collaboration des plus grands experts internationaux. L'objectif de ce partenariat consiste à relever les défis, mais aussi à développer les compétences qui permettront de préserver la santé des citoyens à l'avenir », a déclaré M. Koshy.

« Un de ces exemples concerne l'étude sur les variants de la Covid-19, qui nous permet de rassembler de nouvelles informations en vue de gérer les pandémies et de créer des systèmes sanitaires efficaces ».

Cette mission tombe à point nommé, compte tenu des souches du virus, découvertes récemment au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et, maintenant, l'inquiétant variant P1 qui se propage à partir du Brésil et qui, selon les scientifiques, pourrait être particulièrement résistant aux vaccins actuels.

« L'analyse de cette étude a révélé des variations spécifiques aux EAU ainsi que des schémas de propagation du virus au cours de la première vague. L'analyse des échantillons provenant de la deuxième vague se poursuit au niveau du pays », explique à Arab News le Dr Walid Abbas Zaher, chef de la recherche chez G42.

« En général, les résultats des études de ce type, en particulier celle-là, favorisent l’amélioration de la précision et de la sensibilité du diagnostic. Cette étude fournit en outre de nouvelles indications sur les méthodes de dépistage durables et sur la manière d'aider le pays à se préparer à faire face à de futures épidémies ».

La société G42 était également chargée de coordonner les essais cliniques de la troisième phase des essais de Sinopharm aux Émirats arabes unis et dans d'autres pays du Moyen-Orient. Ces essais ont porté sur plus de 43 000 volontaires de 125 nationalités et ont été lancés en juillet 2020. Une source a confié à Arab News qu' « un petit groupe de personnes reçoit actuellement une troisième dose du vaccin, ce qui permettra de mesurer la réponse de leur système immunitaire ».

Une soignante administre le vaccin chinois contre la COVID-19 de Sinopharm à un homme au temple Guru Nanak Darbar Gurudwara à Dubaï, le 28 février 2021. (AFP/File Photo)
Une soignante administre le vaccin chinois contre la COVID-19 de Sinopharm à un homme au temple Guru Nanak Darbar Gurudwara à Dubaï, le 28 février 2021. (AFP/File Photo)

Par ailleurs, la source précise que « l'étude se poursuit aux EAU en concertation entre Sinopharm et les autorités émiriennes, conformément aux protocoles de sécurité et dans le souci de limiter les risques liés à la pandémie de Covif-19 ».

« On sait que les virus changent constamment par mutation et que l'on prévoit l'apparition de nouveaux variants au fil du temps - cela fait partie des méthodes par lesquelles les virus essaient toujours de surpasser les médecins », souligne le Dr Zaher.

« Cette étude, ainsi que toutes les études de ce type, aident à mieux comprendre les symptômes et leur influence sur la propagation du virus. En général, les mutations mineures du virus sont sans effet sur le vaccin. Toutefois, ces mutations et leurs répercussions sur l'efficacité du vaccin continuent d'être étudiées pour plusieurs vaccins, dont le Sinopharm ».

En effet, l'analyse génétique est un secteur en pleine expansion. Outre ses recherches sur la Covid-19, G42 propose également des tests génomiques grand public, qui permettent d'examiner l'ADN d'un individu et de le « passer au crible » en vue de détecter d'éventuelles « anomalies », explique à Arab News la Dr Sally Mahmoud, directrice de laboratoire et médecin pathologiste chez Biogenix Labs, l'une des sociétés de G42.

« Grâce aux tests génomiques proposés au grand public, une personne peut guetter les maladies liées au mode de vie et appréhender les facteurs de risque éventuels  pouvant entraîner certains troubles héréditaires », explique-t-elle.

Comprendre notre ADN peut en effet nous aider à prévenir ou à gérer des maladies à un stade ultérieur.

À mesure que la pandémie favorise une meilleure compréhension des modèles les plus fondamentaux de la biologie, de nouveaux horizons s'ouvrent à la science et à la médecine. Les pays arabes jouent certes un rôle déterminant dans cette évolution.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

POURQUOI LA SURVEILLANCE DU GÉNOME EST-ELLE UN FACTEUR IMPORTANT POUR LA SANTÉ PUBLIQUE ?

* Le génome du SRAS-CoV-2 est emballé à l'intérieur d'une enveloppe qui contient des protéines, dont la protéine Spike.

* Les mutations correspondent à des modifications dans le code génétique du virus qui surviennent avec le temps lorsqu'un animal ou une personne sont infectés.

* Un grand nombre de mutations n'ont pas d'incidence sur la capacité du virus à se propager ou à provoquer une maladie, dans la mesure où elles n'entraînent pas de modification au niveau des protéines principales impliquées dans l'infection.

* La surveillance des variants émergents peut permettre de déceler des variants dotés de capacités diverses, notamment la capacité de contourner l'immunité conférée par le vaccin.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".