Climat: Biden monte au front, le monde salue le retour de l'Amérique

Le président français Emmanuel Macron écoute le président américain Joe Biden (à l'écran) s'exprimer lors d'un sommet virtuel sur le climat du Jour de la Terre, par vidéoconférence, à l'Elysée à Paris le 22 avril 2021. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron écoute le président américain Joe Biden (à l'écran) s'exprimer lors d'un sommet virtuel sur le climat du Jour de la Terre, par vidéoconférence, à l'Elysée à Paris le 22 avril 2021. (AFP)
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Publié le Jeudi 22 avril 2021

Climat: Biden monte au front, le monde salue le retour de l'Amérique

  • Joe Biden a exhorté le reste du monde à suivre l'exemple américain au nom d'un «impératif moral et économique»
  • Saluant l'engagement américain, le président français Emmanuel Macron a aussi lancé un appel à «accélérer»

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a appelé jeudi le monde à »l'action » sur le climat en dévoilant un nouvel objectif de réduction des émissions polluantes, une posture applaudie par la communauté internationale après le déni des années Trump. 

« Je suis ravie de voir que les Etats-Unis sont de retour pour travailler avec nous sur le climat », a lancé la chancelière allemande Angela Merkel, en écho aux propos des présidents français Emmanuel Macron et sud-africain Cyril Ramaphosa. 

Un à un, les dirigeants invités à participer à ce sommet virtuel, près de 100 jours après l'arrivée de Joe Biden au pouvoir, ont égrené leurs propres engagements. 

« Nous devons passer à l'action (...) Nous devons accélérer », a martelé le locataire de la Maison Blanche, annonçant, à l'ouverture de cette réunion en visioconférence de deux jours, le doublement d'ici 2024 de l'aide pour le climat aux pays en développement. 

La secrétaire au Trésor Janet Yellen a elle rappelé que le gouvernement américain souhaitait abonder l'an prochain le Fonds vert pour le climat de 1,2 milliard de dollars supplémentaires. 

Vantant les bénéfices économiques « extraordinaires » qui peuvent découler des réformes écologiques, le 46e président des Etats-Unis a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de la première économie mondiale de 50% à 52% d'ici 2030 par rapport à 2005.  

Il est cependant à ce stade resté évasif sur les moyens concrets d'y parvenir. Son gigantesque plan pour les infrastructures avec un important volet de transition écologique pourrait en effet se heurter à de vraies résistances au Congrès. 

Interrogé sur le risque que les objectifs américains ne soient pas tenus, John Kerry, envoyé spécial pour le climat, a mis en avant la dynamique enclenchée et insisté sur « la force du secteur privé » dans la mobilisation en cours.

Cet objectif double quasiment l'ancien engagement de Washington d'une diminution de 26% à 28% à l'horizon 2025. 

Il doit permettre à l'économie américaine d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. 

De son côté, le président chinois Xi Jinping s'est dit « déterminé à travailler avec la communauté internationale, et en particulier les Etats-Unis » sur ce front, en dépit de très vives tensions entre les deux grandes puissances rivales sur nombre d'autres dossiers. 

Il a réaffirmé l'objectif d'une neutralité carbone de la Chine d'ici 2060. 

 

GRETA THUNBERG ACCUSE LES DIRIGEANTS D'«IGNORER» LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

La jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg a accusé les dirigeants mondiaux d'« ignorer » le changement climatique, les prévenant que les prochaines générations les jugeraient. 

« Combien de temps pensez-vous que vous pouvez continuer à ignorer le changement climatique (...) sans avoir à rendre des comptes? », a lancé la jeune fille s'exprimant par vidéoconférence devant une commission du Congrès américain, en marge du sommet sur le climat organisé par Washington.  

« Nous, les jeunes, sommes ceux qui parlerons de vous dans les livres d'Histoire. C'est nous qui choisirons comment on se souviendra de vous. Faites les bons choix », a-t-elle ajouté. 

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La jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg (Photo, AFP)

 

Attendu au tournant 

Joe Biden a rejoint dès le premier jour de sa présidence, en janvier, l'accord de Paris sur le climat dont Donald Trump avait claqué la porte il y a quatre ans. 

Mais il était attendu au tournant avant ce sommet organisé à l'occasion de la Journée de la Terre. Avant de faire pression sur les autres pollueurs mondiaux afin qu'ils accélèrent la lutte contre le réchauffement, il doit rassurer quant à l'inconstance de son pays en la matière. 

La diplomatie chinoise avait raillé la semaine dernière « un mauvais élève qui revient sur les bancs de l'école après avoir séché les cours ». 

Le nouvel engagement de Joe Biden est la contribution américaine, qui se veut ambitieuse, pour espérer participer à maintenir le réchauffement mondial sous les +2°C, si possible +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle, comme le prévoit l'accord de Paris conclu en 2015. Un objectif planétaire hors de portée en l'état actuel des engagements nationaux. 

Pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, l'annonce américaine « change la donne » et pourrait donner le coup de fouet nécessaire aux négociations internationales.  

« Nouveau souffle »  

Les grandes puissances invitées, qui représentent ensemble 80% des émissions mondiales, se sont mises en ordre de marche pour ce sommet, point d'étape vers la grande conférence de l'ONU, la COP26, prévue en fin d'année à Glasgow, en Ecosse. 

A couteaux tirés, comme la Chine, avec les Américains, le président russe Vladimir Poutine a assuré que la Russie, producteur majeur d'hydrocarbures, mettait en oeuvre « avec responsabilité (...) ses obligations internationales ». 

Quant à l'UE, elle est parvenue in extremis à un accord sur une réduction nette d'« au moins 55% » de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990. 

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est lui engagé à les baisser de 40% à 45% d'ici 2030 par rapport à 2005, tandis que son homologue nippon Yoshihide Suga a annoncé que le Japon allait réduire ses émissions de CO2 à 46% à l'horizon 2030 par rapport à 2013, contre une cible précédente de 26%. 

Même le président brésilien Jair Bolsonaro, proche de Donald Trump mais moins de Joe Biden, s'est engagé à mettre fin à la déforestation illégale en Amazonie d'ici 2030 et à avancer la neutralité carbone du Brésil de dix ans, en 2050 -- malgré le scepticisme des observateurs. 

Avec les nouvelles annonces faites ou attendues jeudi, des pays « qui comptent pour plus de la moitié de l'économie mondiale » auront désormais pris des engagements de réduction des émissions, en ligne, en ce qui les concerne, avec l'objectif planétaire de réduction du réchauffement, s'est félicité un organisateur du sommet. 

Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ce sommet marque « un tournant ».

L'organisation environnementale WWF a salué un sommet et des annonces qui apportent « un nouveau souffle » à la lutte contre le réchauffement de la planète.

« Les six mois à venir seront cruciaux » , a cependant mis en garde John Kerry, évoquant l'échéance écossaise de novembre.

« Je pense que Glasgow est notre dernier espoir pour que le monde se rassemble et s'engage dans la même direction » .


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.