Le Pakistan doit faire des choix difficiles face aux émeutes anti-françaises

Saad Rizvi (au centre), chef du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), récemment interdit, a été arrêté à Lahore pour avoir menacé de mener une campagne de désobéissance civile. (AFP / Fichier)
Saad Rizvi (au centre), chef du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), récemment interdit, a été arrêté à Lahore pour avoir menacé de mener une campagne de désobéissance civile. (AFP / Fichier)
Les commerçants d'Islamabad lancent des slogans anti-France sur un marché fermé lors d'une grève nationale pour montrer leur solidarité avec le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP). (AFP)
Les commerçants d'Islamabad lancent des slogans anti-France sur un marché fermé lors d'une grève nationale pour montrer leur solidarité avec le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP). (AFP)
Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré que répondre aux demandes du TLP de rompre les relations diplomatiques avec la France nuirait aux exportations pakistanaises vers l'UE. (AFP, Fichier)
Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré que répondre aux demandes du TLP de rompre les relations diplomatiques avec la France nuirait aux exportations pakistanaises vers l'UE. (AFP, Fichier)
Short Url
Publié le Mardi 20 avril 2021

Le Pakistan doit faire des choix difficiles face aux émeutes anti-françaises

  • Dans une allocution télévisée, le premier ministre Imran Khan affirme que la rupture des liens avec la France pour protester contre les caricatures nuirait davantage au Pakistan
  • Le parti politique religieux TLP exige l’expulsion de l’ambassadeur français au Pakistan avant le 20 avril   

Le Pakistan est en proie à des tensions depuis le 12 avril, quand Saad Rizvi, chef du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), désormais interdit, a été arrêté à Lahore pour avoir menacé de lancer une campagne de désobéissance civile contre le gouvernement si celui-ci n’expulsait pas l’ambassadeur français à la suite de la republication en France, l’année dernière, de caricatures du prophète Mahomet.

De violentes manifestations ont paralysé les grandes villes et les autoroutes toute la semaine, faisant plus de six morts et 800 blessés parmi les policiers, selon le gouvernement.

Des photos de policiers, pris en otage par les partisans du TLP, aux jambes, bras, et têtes recouverts de pansements, font le tour des réseaux sociaux depuis une semaine.

Dimanche, le TLP a indiqué que trois de ses membres ont été tués lors d’affrontements devant son siège dans la ville de Lahore, dans l’est du pays. Le parti religieux a également pris en otage plusieurs membres de la police et des troupes paramilitaires, et a libéré onze officiers aux premières heures de lundi après des négociations avec le gouvernement.

photo
Saad Rizvi (au centre), chef du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), récemment interdit, a été arrêté à Lahore pour avoir menacé de mener une campagne de désobéissance civile. (AFP / Fichier)

Ces émeutes ont incité l’ambassade de France à demander à ses ressortissants de quitter temporairement le pays.

Rizvi est devenu chef du TLP en novembre après la mort subite de son père, le célèbre prédicateur Khadim Hussein Rizvi. Son parti s’est fait connaître lors des élections fédérales pakistanaises de 2018 en promettant de défendre les lois locales sur le blasphème, et qui prévoient la peine de mort pour toute personne qui insulte l’islam.

Le parti a l’habitude d’organiser des manifestations pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il accepte ses demandes. En novembre 2017, les partisans de Rizvi ont organisé un sit-in de 21 jours après la suppression d’une référence à la sainteté du prophète Mahomet dans le texte d’un formulaire gouvernemental.

À présent, le TLP appelle le gouvernement à honorer ce qu’il considère être un engagement pris en février pour expulser l’envoyé français avant le 20 avril, en raison de la publication des caricatures. Imran Khan, premier ministre du Pakistan, insiste que son gouvernement s’est uniquement engagé à débattre de la question au Parlement.

photo
Les commerçants d'Islamabad lancent des slogans anti-France sur un marché fermé lors d'une grève nationale pour montrer leur solidarité avec le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP). (AFP)

Lundi, Khan a affirmé que répondre aux demandes du TLP de rompre les liens diplomatiques avec la France nuirait aux exportations pakistanaises vers l’UE.

«Après de nombreuses difficultés, l'économie du pays se redresse, la roupie se stabilise, l'inflation diminue, les gens trouvent du travail, la richesse augmente dans notre pays, nos exportations augmentent et la roupie se renforce», explique Khan dans une allocution télévisée.

Selon lui, rompre les liens avec la France équivaudrait à rompre les relations avec l’ensemble de l’UE.

«La moitié de nos exportations de textile sont destinées à l’UE. Ceci s’arrêtera et entraînera une hausse de la pauvreté, du chômage et de l’inflation», poursuit Khan.

«Nous serons les perdants, mais la France ne sera pas affectée».

photo
Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré que répondre aux demandes du TLP de rompre les relations diplomatiques avec la France nuirait aux exportations pakistanaises vers l'UE. (AFP, Fichier)

Plutôt que d’agir unilatéralement, Khan a indiqué que les dirigeants des pays musulmans devraient aborder collectivement la question du blasphème avec l’ONU et l’UE.

Nous devons faire comprendre aux pays occidentaux que le blasphème envers notre Prophète au nom de la liberté d’expression nous blesse. S’ils ne cessent pas cette pratique, nous pourrons alors procéder collectivement au boycott commercial», dit-il.

Selon Khan, c’est le seul moyen de « parvenir à l’objectif » de créer un environnement où personne n’oserait manquer de respect au prophète. Par ailleurs, il s’est engagé à mener personnellement une campagne mondiale dans ce sens.

Le discours de Khan survient alors que le gouvernement entame un troisième cycle de négociations avec le TLP.

«Nous sommes des adeptes des négociations, c’est notre credo», déclare Pir Noorul Haq Qadri, ministre fédéral des Affaires religieuses, dans une déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale lundi.

«Aucun gouvernement politique, démocratique et élu ne peut tolérer de telles actions, et ce qui s’est passé ces derniers jours est regrettable pour tout le monde».

Dimanche soir, le ministre de l’Information, Fawad Hussain Chaudhry, annonce que le gouvernement a été contraint de lancer une opération armée contre les manifestants après l’enlèvement de membres des forces de l’ordre.

«Le gouvernement croit aux négociations, mais il ne peut être soumis au chantage», souligne-t-ik. «L’opération a été lancée après l’enlèvement de membres de la police et des Rangers... Imran Khan est profondément attaché au prophète, et il en a parlé à tous les forums (locaux et mondiaux)».

Plus tôt dans la journée, Arif Rana, porte-parole de la police, a révélé que l’opération contre le TLP avait été arrêtée, car les attaquants étaient armés de cocktails Molotov et disposaient d’un camion-citerne contenant 50 000 litres d’essence.

Le soir, la situation était «au point mort». Des manifestants étaient assis sur le bord des routes, bâtons et cocktails Molotov à la main, pendant que les forces de l’ordre montaient la garde.

La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’il comptait interdire le TLP pour avoir attaqué la police et les troupes paramilitaires et, pour avoir perturbé la vie publique durant les manifestations. La décision du ministère de l’intérieur a été approuvée par le cabinet fédéral, mais elle doit être ratifiée par la Cour suprême afin que le TLP soit officiellement dissout.

En octobre 2020, des manifestations ont éclaté dans de nombreux pays musulmans, dont le Pakistan, en raison de la réponse de la France à l’assassinat d’un enseignant qui a montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves lors d’un cours de civisme. Le président Emmanuel Macron avait défendu les caricatures, en disant qu’elle relevait de la liberté d’expression.

Lors des manifestations de l’année dernière au Pakistan, le gouvernement a négocié avec le TLP et lui a accordé un nombre de demandes, notamment un accord sur un débat parlementaire concernant l’expulsion de l’ambassadeur français.

Le délai convenu pour tenir ce débat expire le 20 avril.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Deuxième session de discussions entre l'Iran et les États-Unis sur le nucléaire à Rome

Une photo montre l'entrée de l'ambassade d'Oman à Rome, où se tiendra le deuxième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, le 19 avril 2025. (Photo d'Andreas SOLARO / AFP)
Une photo montre l'entrée de l'ambassade d'Oman à Rome, où se tiendra le deuxième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, le 19 avril 2025. (Photo d'Andreas SOLARO / AFP)
Short Url
  • Iran et États-Unis reprennent ce samedi à Rome les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, une semaine après des échanges qualifiés de « constructifs » par les deux pays
  • « Nous sommes conscients que la voie vers un accord sera semée d'embûches », a écrit samedi sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. 

ROME : Iran et États-Unis reprennent ce samedi à Rome les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, une semaine après des échanges qualifiés de « constructifs » par les deux pays, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l'envoyé américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, tiendront ces discussions sous la médiation du sultanat d'Oman, comme lors des précédents pourparlers tenus à Mascate.

Les pourparlers doivent débuter à « midi, heure d'Iran », soit 10 h 30 à Rome (8 h 30 GMT), a indiqué depuis l'Italie l'envoyée spéciale de la télévision d'État iranienne.

La délégation iranienne est arrivée à Rome dans la nuit, selon des images diffusées samedi par la télévision d'État iranienne, sur lesquelles on peut voir M. Araghchi descendre d'un avion. Il mènera des discussions « indirectes », a précisé la chaîne.

À la veille des discussions, M. Araghchi a fait part de ses « sérieux doutes » quant aux intentions des États-Unis.

« Nous sommes conscients que la voie vers un accord sera semée d'embûches », a écrit samedi sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. 

M. Araghchi a de nouveau mis en garde les États-Unis contre « des demandes déraisonnables et irréalistes », après que M. Witkoff a réclamé, en début de semaine, un démantèlement total du programme nucléaire, y compris civil.

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont pour leur part exclu toute discussion sur les capacités militaires et de défense, notamment le programme balistique qui inquiète la communauté internationale.

L'influence régionale de l'Iran figure aussi parmi « les lignes rouges » du pays, selon l'agence de presse officielle Irna.

Téhéran soutient dans la région ce qu'il qualifie d'"axe de la résistance", une alliance de groupes armés hostiles à Israël incluant le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les rebelles Houthis du Yémen, ainsi que des milices chiites en Irak.

Après le lancement des pourparlers irano-américains, Israël a réaffirmé sa détermination à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, disant disposer d'un « plan d'action » pour ce faire.


Une plainte pour racisme et islamophobie a été déposée contre la Ligue italienne d'extrême droite

Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue est contraire à la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'imposer des amendes aux plateformes de médias sociaux qui ne modèrent pas les contenus préjudiciables. (AFP/File)
Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue est contraire à la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'imposer des amendes aux plateformes de médias sociaux qui ne modèrent pas les contenus préjudiciables. (AFP/File)
Short Url
  • Les partis d'opposition ont déposé une plainte auprès de l'organisme de surveillance des communications, accusant le parti d'utiliser des images générées par l'intelligence artificielle dans le cadre d'une stratégie d'« incitation à la haine ».
  • Si dénoncer les crimes commis par des étrangers constitue de la « xénophobie », le problème ne serait peut-être pas le mot, mais ceux qui l'utilisent pour censurer le débat », estime le porte-parole de la Ligue.

LONDRES : Le parti italien d'extrême droite, la Ligue, a été renvoyé devant l'organisme de surveillance des communications du pays après que les partis d'opposition ont déposé une plainte concernant des images "racistes, islamophobes et xénophobes" générées par une intelligence artificielle et partagées sur les médias sociaux par le vice -premier ministre et chef du parti, Matteo Salvini.

La plainte a été déposée jeudi auprès de l'Agcom, l'autorité italienne de régulation des communications, par le Parti démocrate de centre- gauche, ainsi que par les Verts et l'Alliance de gauche. Les images publiées par la Ligue contiendraient "presque toutes les catégories de discours de haine", selon The Guardian, qui a été le premier à rapporter l'histoire.

"Dans les images publiées par le parti de Salvini et générées par l'IA, on trouve presque toutes les catégories de discours de haine, du racisme et de la xénophobie à l'islamophobie. Ils utilisent l'IA pour cibler des catégories spécifiques de personnes - les immigrés, les Arabes - qui sont présentées comme des criminels, des voleurs et des violeurs potentiels", a déclaré Antonio Nicita, sénateur du PD.

M. Nicita a également critiqué la décision de flouter les visages des victimes supposées, la qualifiant de "trompeuse" et accusant la Ligue d'induire intentionnellement les utilisateurs en erreur en leur faisant croire que les images étaient réelles.

Emilio Borrelli, député de l'Alliance des Verts et de la Gauche, a déclaré que ces images faisaient "partie de leur stratégie visant à susciter la peur parmi les citoyens" et à "inciter à la haine". 

Au cours du mois dernier, des dizaines d'images apparemment générées par l'IA ont été publiées sur les canaux de médias sociaux de la Ligue, notamment Facebook, Instagram et X. Beaucoup d'entre elles représentent des hommes de couleur, souvent armés de couteaux, attaquant des femmes ou des agents de police.

Un porte-parole du parti de M. Salvini a confirmé que certaines de ces images avaient été générées numériquement, mais il a insisté sur le fait que "le problème n'est pas l'image. L'important, c'est le fait", ajoutant que les posts étaient "basés sur des rapports véridiques de journaux italiens".

Toutefois, des experts en informatique légale ont déclaré que toutes les images en question présentaient des signes évidents d'avoir été générées artificiellement. Ils ont également noté que, bien que les plateformes soient tenues d'étiqueter les contenus générés par l'IA, dans la plupart des cas, les outils de détection automatique n'ont pas réussi à le faire.

Dans l'un des post cités dans la plainte, une mère et un père en tenue islamique semblent crier leur colère à une jeune fille - une représentation qui, selon les plaignants, alimente les stéréotypes raciaux et islamophobes. Le journal cité dans l'article, Il Giorno, ne fait aucune référence à la religion de la famille et n'inclut aucune photographie. Le seul détail donné est que l'enfant a suivi des cours d'arabe.

Comme l'indique le Guardian, l'utilisation d'images générées par l'IA par les partis d'extrême droite en Europe s'est intensifiée ces derniers mois. Les cibles sont souvent des réfugiés de zones de conflit comme la Syrie, le Soudan et l'Afrique subsaharienne, ainsi que des personnes issues d'une autre minorité

 minoritaires. Ces représentations invoquent fréquemment la théorie du complot du "Grand Remplacement", qui a été démentie et qui prétend faussement que l'immigration fait partie d'un complot visant à éroder l'identité et la culture européennes.

Salvini, qui a profité de l'augmentation du nombre de réfugiés en Europe pour conserver un rôle de premier plan dans la politique italienne et plaider en faveur de politiques d'immigration plus strictes, a souvent fait la une des journaux pour des remarques incendiaires, notamment en qualifiant les immigrants - souvent des hommes - de "chiens et de porcs". Fin 2024, il a été acquitté des accusations d'enlèvement et de manquement au devoir, les juges ayant estimé que les preuves présentées par les procureurs étaient insuffisantes pour le condamner. L'affaire découlait d'un incident survenu en 2019, au cours duquel M. Salvini, alors ministre de l'intérieur, avait refusé d'autoriser un navire de sauvetage de migrants espagnols à accoster dans un port italien, laissant les personnes à bord bloquées en mer pendant 19 jours.

Interrogé sur le fait de savoir si la Ligue était consciente que les images pouvaient inciter à la haine, un porte-parole du parti a déclaré : "Nous sommes désolés, mais notre solidarité va aux victimes, pas aux auteurs. Si dénoncer les crimes commis par des étrangers signifie 'xénophobie', le problème n'est peut-être pas le mot mais ceux qui l'utilisent pour censurer le débat. Nous continuerons à dénoncer, avec des mots et des images fortes, ce que d'autres préfèrent ignorer.

Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue enfreint la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'infliger des amendes aux plateformes de médias sociaux qui n'ont pas modéré les contenus préjudiciables.


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
Short Url
  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.