GRENOBLE : La ville de Grenoble a connu jeudi soir une nouvelle nuit de tensions urbaines avec des tirs de mortiers d'artifices visant les forces de l'ordre. Une pratique devenue régulière, expliquent les autorités.
A la suite d'une intervention pour dégradation de mobilier urbain dans le sud de la ville, des forces de l'ordre ont été visées par « de multiples tirs de mortiers de la part de jeunes du quartier », déclenchant plus d'une heure d'échanges à distance, selon la police.
Celle-ci décrit le recours, par les CRS, à 24 tirs de grenades lacrymogènes et à une quinzaine de tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) pour faire face à « une trentaine de tirs de mortiers recensé en direction des policiers », sans interpellation, ni blessé côté police.
Quelques heures auparavant, dans la commune voisine d’Échirolles, des équipes privées de sécurisation des logements avaient été prises à parti, avant l'intervention de la police, qui a fait usage d'un LBD, note le rapport de la police.
Une soirée plutôt agitée, mais pas inédite dans les quartiers sud de Grenoble. Ces dernières semaines, les bilans journaliers de la police font état quasi-quotidiennement de jets de projectiles ou de tirs de mortiers – des engins pyrotechniques destinés aux professionnels des feux d'artifice – visant les forces de l'ordre en soirée.
Ces mortiers d'artifices sont utilisés depuis environ un an pour viser police et gendarmerie, a expliqué le procureur de la République Eric Vaillant.
Pour quelles raisons ? « On se pose tous des questions », reconnaît le procureur, qui suggère deux pistes : le côté « ludique » de ces mortiers pour des « jeunes qui sont désœuvrés et qui s'amusent à s'en prendre aux policiers », et une volonté de « nous faire payer le fait que l'on s'en prennent de façon trop active à leurs trafics ».
Du côté de la police, on ne « sait pas trop » pourquoi un soir, plus qu'un autre, des policiers sont visés. « C'est épisodique ».
« Ils ne sont malheureusement pas très souvent interpellés, mais quand ils sont interpellés, la justice pénale a une réponse d'une grande fermeté », ajoute le procureur, précisant que deux personnes interpellées pour ces faits ont été condamnées en comparution immédiate ces derniers mois à Grenoble, dont l'un maintenu en détention.
« On nous stigmatise quand on utilise un flashball. On nous dit que c'est trop puissant, face à des mortiers qui sont précis à 100 ou 200 mètres », s'agace Yannick Biancheri, secrétaire départemental du syndicat Alliance. « Comment voulez-vous qu'on puisse riposter, se mettre à interpeller (...) face à une telle différence de moyens ? »