MINNEAPOLIS: Une banlieue de Minneapolis, ville américaine déjà à cran au moment où se déroule le procès du meurtre de George Floyd, a connu une nuit de manifestations après qu'un jeune Noir a été tué dimanche par la police lors d'un contrôle routier.
Des centaines de personnes se sont rassemblées dans la nuit de dimanche à lundi devant le poste de police de Brooklyn Center, dans l'Etat du Minnesota, pour protester contre la mort de ce jeune homme identifié comme Daunte Wright, 20 ans.
Après des échauffourées, la police a fait usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes pour disperser la foule, selon un journaliste. Vers minuit, la Garde nationale a été déployée sur le site.
Le président américain Joe Biden a appelé au calme après la mort du jeune homme.
Le maire de Brooklyn Center, Mike Elliott, a parlé d'une « tragédie » et décrété un couvre-feu nocturne pour « que tout le monde soit en sécurité ».
« Nous allons nous assurer que tout ce qui est en notre pouvoir soit fait pour que justice soit rendue », a-t-il affirmé dans une courte vidéo sur Twitter.
Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a dit suivre « la situation de près ». « Notre Etat pleure encore une fois la perte de la vie d'un homme noir aux mains des forces de l'ordre », a-t-il tweeté.
I am closely monitoring the situation in Brooklyn Center. Gwen and I are praying for Daunte Wright’s family as our state mourns another life of a Black man taken by law enforcement.
— Governor Tim Walz (@GovTimWalz) April 12, 2021
La police de Brooklyn Center a indiqué dans un communiqué que des agents avaient arrêté le conducteur d'une voiture pour infraction au code de la route. Ils se sont alors aperçus qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt et ont tenté de l'interpeller.
Mais il est remonté dans sa voiture et un policier « a fait usage de son arme, touchant le conducteur », selon le communiqué. La voiture a continué de rouler avant de heurter un autre véhicule.
Les agents et le personnel médical ont tenté d'administrer des soins au jeune homme, « mais la personne est morte sur place », a déclaré la police.
Une femme qui était également à bord du véhicule a été blessée, sans que sa vie soit en danger, et transportée à l'hôpital, a poursuivi le communiqué sans préciser l'identité de cette personne.
LA POLICIÈRE A CONFONDU SON ARME À FEU AVEC SON TASE
La policière qui a tiré sur le jeune Afro-Américain a confondu son arme de service avec son pistolet à impulsion électrique, a déclaré lundi le chef de la police de Brooklyn Center, une banlieue de Minneapolis.
« L'agent avait l'intention d'utiliser son Taser mais au lieu de cela, elle a tiré une seule balle » sur Daunte Wright, a expliqué le chef Tim Gannon lors d'un point-presse au lendemain de la mort du jeune homme de 20 ans, qui a déclenché des échauffourées dimanche soir.
Le pistolet à impulsion électrique est une arme censée être moins létale qu'une arme à feu.
« C'est un tir accidentel qui a entraîné la mort tragique de M. Wright », a ajouté le chef de la police.
Enquête « indépendante »
Citée par des médias locaux, la mère de Daunte Wright a dit à la foule dimanche soir que son fils l'avait appelée pour la prévenir qu'il était en train d'être arrêté par des policiers.
Katie Wright a raconté avoir entendu des bruits d'agitation et quelqu'un dire à Daunte de sortir de la voiture, puis que le coup de fil s'était terminé. La petite amie de son fils, qui était la femme à bord du véhicule, lui a ensuite dit, toujours au téléphone, qu'il avait été atteint.
La branche de l'organisation de défense des droits civils ACLU pour le Minnesota a appelé à une « enquête immédiate, transparente et indépendante » par un organisme autre que la police de Brooklyn Center.
Ce nouveau décès intervient au moment où se déroule à Minneapolis le procès de Derek Chauvin, le policier blanc accusé du meurtre de George Floyd l'an dernier.
La mort de ce quadragénaire afro-américain, immobilisé pendant de longues minutes sous le genou de cet agent, avait été à l'origine d'une vague historique de manifestations antiracistes aux Etats-Unis. L'onde de choc s'était propagée dans plusieurs pays.
Des bannières frappées des mots « Black Lives Matter » (Les vies noires comptent), le slogan phare des rassemblements de l'été dernier, ont été brandies lors des manifestations de dimanche à Brooklyn Center.
Quelques centaines de personnes étaient allées protester devant le poste de police.
« Des pierres et d'autres objets ont été jetés » sur des locaux de la police et une vingtaine de magasins ont été pillés dans un centre commercial, selon John Harrington, un responsable de l'Etat du Minnesota.
Des manifestants ont aussi allumé des bougies et écrit des messages à la craie sur le trottoir, réclamant « justice pour Daunte Wright ».