AJACCIO : Après un rapport accablant sur la gestion par la collectivité de Corse des chemins de fer de l'île (CFC), la chambre régionale des comptes a saisi la justice sur des soupçons de "détournement de fonds publics", a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Elle applique ainsi l'article 40 du code de procédure pénale qui impose à toute autorité ayant connaissance d'un crime ou d'un délit de le signaler à la justice, a indiqué une source proche du dossier.
Contacté par l'AFP, le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery a confirmé "qu'un article 40 a été adressé au parquet de Bastia qui s'est dessaisi au profit de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille".
Dans son rapport couvrant trois mandatures entre 2010 et 2020 et consulté par l'AFP fin février, la chambre régionale des comptes épinglait la gestion du réseau ferroviaire de l'île par la collectivité de Corse, dénonçant notamment un coût du train corse "six fois supérieur" à la voiture, une productivité insuffisante et des charges excessives.
L'exploitation des chemins de fer de Corse (CFC) a été confiée en 2011 à une société d'économie mixte locale (Seml), via une délégation de service public (DSP) "à la durée injustifiée" avec "une omniprésence de la collectivité", actionnaire majoritaire à 65%, dont le pilotage "ressort insuffisant et coûteux", soulignait la chambre.
"Le coût d’exploitation au voyageur-kilomètre est près de six fois supérieur à celui d’une voiture et trois fois celui des Trains express régionaux" (TER), notait également la cour. Elle ajoutait que "les charges de personnel", qui sont passées de 13,5 millions d'euros en 2010 à 18,4 millions en 2019, "tir(ai)ent le coût d'exploitation".
Dans un courrier daté du 3 février et consulté par l'AFP, Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de la Collectivité, avait répondu à la CRC en critiquant ce rapport, dont "nombre de conclusions" sont "contestables" sur la forme et le fond.