NEW YORK : Epinglée pour avoir appelé ses élèves, parents et personnel à éviter des termes genrés comme « papa et maman » ou « nounou », le directeur d'une école privée de Manhattan s'est vigoureusement défendu vendredi, nouvel épisode de la guerre culturelle qui fait rage aux Etats-Unis.
Alimentés par la polarisation politique, ces débats ont aussi nourri la récente polémique autour du retrait de quelques livres du très populaire auteur pour enfants Dr. Seuss, accusés de véhiculer des stéréotypes raciaux.
Cette fois, c'est un « guide de langage inclusif », émis par la Grace Church School, une école épiscopale du quartier de l'East Village, qui a relancé la polémique.
D'après ce guide, diffusé par l'établissement dès l'automne selon le directeur mais publié par des médias jeudi seulement, il faut essayer d'éviter des mots qui constituent potentiellement des « suppositions blessantes » par des termes plus « inclusifs ».
Le guide de 12 pages évoque les nombreuses problématiques de langage du moment – qu'il s'agisse de genre, de la composition des familles, d'orientation sexuelle, ou de racisme et de micro-agressions.
Il énumère notamment quelques termes courants, comme « garçons et filles », « mesdames et messieurs », en demandant d'utiliser à la place des termes non genrés comme « les gens, les amis », etc...
Quand il s'agit de parler des familles, le guide appelle à éviter de parler de « papa et maman », de « parents » ou de « nounou » pour parler plutôt d' « adultes » ou « tuteurs ».
Le guide appelle aussi à ce que les personnes qui se présentent, en classe, posent les pronoms qu'ils souhaitent voir utilisés pour parler d'eux.
De plus en plus d'Américains qui se déclarent « progressistes » revendiquent leur droit de choisir par quel pronom ils souhaitent être désignés, indépendamment de leur sexe de naissance, « il », « elle » ou le pronom neutre « they ».
La médiatisation du guide – alimentée par un débat jeudi soir animé par Sean Hannity, présentateur pro-Trump de Fox News - a placé l'école dans l' « œil de l'ouragan de la guerre culturelle », a reconnu vendredi le directeur de l'école, George Davison, dans un message sur le site de l'établissement.
Assurant n'avoir voulu « interdire aucun mot », il a estimé qu'il avait la responsabilité de « donner aux membres de (notre) communauté les ressources leur permettant de faire des choix informés et généreux ».
« L'esprit de ce guide est de nous donner à tous des mots qui nous rassemblent »", a-t-il assuré, ajoutant « assume(r) complètement » sa décision.
Fondée en 1894, la Grace Church School compte quelques 770 élèves allant de la fin de la maternelle à la dernière année de lycée.