«Islamo-gauchisme»: la ministre Frédérique Vidal dans la tourmente

La ministre française de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Frédérique Vidal (Photo, AFP))
La ministre française de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Frédérique Vidal (Photo, AFP))
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Publié le Samedi 20 février 2021

«Islamo-gauchisme»: la ministre Frédérique Vidal dans la tourmente

  • Les propos ont suscité un tollé dans les rangs des universitaires et plusieurs voix, au sein de la majorité, l'ont appelée à revoir ses priorités.
  • Emmanuel Macron a aussi répété son «attachement absolu à l'indépendance des enseignants-chercheurs», selon Gabriel Attal.

PARIS : Très discrète et étiquetée « techno », la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal s'est attiré les foudres du monde politique et universitaire cette semaine après ses sorties sur l'« islamo-gauchisme » et se retrouve un peu plus fragilisée en pleine crise chez les étudiants.   

Jusqu'ici, la ministre jugée « hermétique aux médias » par son entourage était restée discrète malgré le malaise des étudiants empêtrés dans la crise du Covid, dont beaucoup lui reprochent de ne pas avoir saisi l'ampleur de leur détresse et d'avoir réagi trop tard.  

Dans ce contexte, sa déclaration le 14 février sur CNews sur l'« islamo-gauchisme » qui, selon elle, « gangrène la société dans son ensemble et l'université n'est pas imperméable », a suscité une fronde. D'autant que Frédérique Vidal a enfoncé le clou mardi en annonçant à l'Assemblée avoir demandé au CNRS « un bilan de l'ensemble des recherches » qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme. Une « étude scientifique » plutôt qu'une enquête, s'est-on empressé de préciser au ministère. 

Pourquoi cette annonce ? « Je n'ai pas bien compris l'utilité de faire cette sortie (sur l'islamo-gauchisme). Elle est très critiquée ces temps-ci. Elle ferait mieux de s'occuper des difficultés des facs avec le Covid », suggère un député. 

Les propos ont suscité un tollé dans les rangs des universitaires, au point que 600 d'entre eux (enseignants, chercheurs...) ont demandé sa démission, dans une tribune publiée samedi dans le Monde. 

Au sein même de la majorité, plusieurs voix l'ont appelée à revoir ses priorités.  

Accablée sur les réseaux sociaux, Mme Vidal a ensuite été recadrée par le chef de l'Etat, via le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal : « La priorité pour le gouvernement, c'est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c'est évidemment la possibilité d'apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c'est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir progressivement en présentiel à l'université », a-t-il rappelé.  

Emmanuel Macron a aussi répété son « attachement absolu à l'indépendance des enseignants-chercheurs », selon Gabriel Attal. 

Le CNRS a rappelé que le terme d'« islamo-gauchisme » ne correspond « à aucune réalité scientifique ». Quant aux présidents d’université, ils ont exprimé leur « stupeur ». 

« Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition », a ironisé la Conférence des présidents d'université (CPU). 

Appels à la démission 

Frédérique Vidal « a quand même réussi dans ce scandale complet à se mettre à dos la CPU, un de ses seuls soutiens ces derniers mois », note Samuel Hayat, chercheur en sciences politiques qui s'était insurgé contre la loi de programmation pour la recherche, texte phare de la ministre. 

« Soit il s'agit d'une lubie personnelle, soit elle est télécommandée par le gouvernement, mais dans les deux cas, il faut qu'elle démissionne », estime-t-il. 

Dans une interview à Libération, l'économiste français Thomas Piketty a aussi demandé sa démission. « Avec ses déclarations, Frédérique Vidal a démontré sa totale inculture et sa profonde ignorance de la recherche en sciences sociales », a-t-il lancé. 

La ministre a quand même reçu quelques soutiens sur ce sillon ultra-sensible, déjà emprunté en octobre par le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, et creusé depuis plusieurs mois par la droite, dont le député LR Julien Aubert, qui réclamait une mission parlementaire sur la question. 

D'autres comme la députée Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée, le vice-président des Républicains Gilles Platret ou encore la présidente (Libres!) de la région Île-de-France Valérie Pécresse sont venus appuyer les propos de la ministre. 

La polémique relance en tout cas les critiques autour de Frédérique Vidal, universitaire reconnue, spécialiste de la génétique moléculaire, mais accusée de manquer de poids et de sens politiques. 

« Elle s'est clairement pris les pieds dans le tapis mais personne dans le monde universitaire n'a intérêt à ce qu'elle parte maintenant. L'université et la recherche se sont battues pour avoir un ministère donc un départ pourrait nous faire reculer au secrétariat d'Etat et être encore moins visible », craint un universitaire souhaitant garder l'anonymat. 

A l'inverse, pour un chercheur souhaitant lui aussi rester anonyme, « un remplaçant à Frédérique Vidal ne pourrait être vu que comme un sauveur ». 


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.