PARIS : Près de 150 personnes ont participé jeudi à un rassemblement à Paris en hommage à l'intellectuel libanais et militant critique du Hezbollah Lokman Slim, tué par balles le 4 février dans le sud du Liban.
Le rassemblement, composé notamment d'amis et d'anciens collaborateurs de l'intellectuel, s'est tenu sous plusieurs drapeaux libanais et des pancartes reproduisant la photo de Lokman Slim accompagnée du slogan «Zéro peur».
«C'est une action symbolique, mais c'est aussi le désir de se retrouver autour de l'amour qu'on a pour Lokman», explique Anne Grange, une des productrices du dernier documentaire de Lokman Slim, «Palmyre».
L'hommage avait lieu devant la Sorbonne, la plus célèbre université parisienne, où Lokman Slim avait étudié.
«Son avis a toujours été un repère pour moi quand j'hésitais. J'ai perdu un point de repère intellectuel et éthique», a regretté Hana Jaber, chercheuse au Collège de France, amie et collègue de Lokman Slim.
«Par son assassinat, c'est très certainement la pensée libre et indépendante qui est menacée», a-t-elle ajouté.
De confession chiite, engagé en faveur de la laïcité et de la démocratie et fervent opposant au confessionnalisme qui mine la politique libanaise, Lokman Slim a été retrouvé mort dans sa voiture dans la région d'Al-Adoussiyeh, tué par balles.
Pour Hana Jaber, son assassinat est un message politique adressé aux chiites et à «ceux qui contestent le droit du Hezbollah à gouverner le pays par les armes.»
«Lokman était opposé au Hezbollah, et tous ceux qui ont été assassinés depuis 2004 l'étaient également», selon le politologue franco-libanais Ziad Majed.
Lokman Slim avait indiqué par le passé avoir reçu des menaces en raison de ses positions hostiles au Hezbollah. Ce dernier a condamné le meurtre la semaine dernière.
«Nous appuyons la demande de la famille d'une enquête indépendante et internationale pour identifier les assassins», a précisé Hana Jaber.
«Le système judiciaire libanais n'est pas indépendant, (...) il y a la peur qui s'est installée avec le temps, il y a les enquêtes qui n'aboutissent pas, et je n'ai pas l'impression que cela change aujourd'hui», a déploré Ziad Majed.
Les funérailles multireligieuses en hommage au militant se sont tenues jeudi à Beyrouth.