PARIS : La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a appelé mercredi la Commission européenne à exiger qu'Air France cède de nombreux créneaux aéroportuaires en France si elle devait recevoir davantage d'aides publiques, en pleine négociation entre Bruxelles et Paris à ce sujet.
«Si un énorme sauvetage d'État illégal venait de nouveau à se produire, alors de réelles contreparties devront être appliquées afin de garantir une concurrence loyale sur le marché français et de protéger les intérêts des consommateurs français», a affirmé la spécialiste du «low-cost» dans un communiqué.
Parmi ces contreparties figure «l'abandon par Air France d'un nombre conséquent de ses créneaux de décollage et d'atterrissage dans des aéroports français majeurs, notamment Paris Charles-De-Gaulle, Paris-Orly et Lyon», a plaidé Ryanair.
La France et la Commission européenne discutent actuellement des termes d'une recapitalisation du groupe Air France-KLM, torpillé comme l'ensemble du secteur par la crise sanitaire. Ce plan pourrait passer par la conversion d'un prêt de l'Etat français en quasi fonds propres.
Mais Bruxelles demanderait, pour valider ce sauvetage, qu'Air France cède des créneaux à Orly, très convoités par la concurrence car plafonnés dans une installation saturée.
Le directeur général de l'entreprise, Benjamin Smith, a déjà mis en garde contre l'imposition de «mesures drastiques, qui affaibliraient notre position à Paris», alors qu'Air France compte justement sur la base d'Orly pour se relancer. Le ministre français délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a affirmé vendredi qu'il était «hors de question» que le groupe franco-néerlandais «se retrouve grevé en compétitivité et se fragilise» du fait de sa recapitalisation.
Ryanair, qui se distingue souvent par sa communication offensive, s'est dit prête mercredi à répondre à un appel d'offres pour des créneaux éventuellement libérés par la compagnie française, «chroniquement inefficace» selon elle et qui «a déjà reçu une monumentale aide de 7 milliards d'euros au total en 2020 et ne devrait ainsi plus recevoir de soutien supplémentaire du gouvernement».
«La commissaire (européenne chargée de la Concurrence Margrethe) Vestager se doit de rester ferme dans ses discussions avec le gouvernement français. Soit Air France n'obtient aucune aide d'État, soit des recours appropriés devront être mis en place pour garantir des conditions de concurrence justes et équitables pour toutes les compagnies aériennes», a insisté Ryanair.