PARIS : Il faudra probablement aller vers un confinement dont les conditions relèvent d'une « décision politique », pour faire face aux variants du coronavirus qui « changent complètement la donne » sanitaire en France, a déclaré dimanche le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy.
« Il y a urgence », a jugé le médecin sur BFM/TV: « Plus on prend une décision rapide, plus elle est efficace et peut être de durée limitée. On est dans une semaine un peu critique », a-t-il ajouté.
« On est le pays d'Europe actuellement, avec l'Italie, dans la meilleure situation sanitaire », a-t-il relevé. Mais « c'est une fausse sécurité, la situation ne va pas pouvoir perdurer » à cause des variants qui se répandent et entraînent « l'équivalent d'une deuxième pandémie », a-t-il poursuivi.
« Alors qu'on est dans une situation apparemment relativement stable, si nous continuons sans rien faire de plus, nous allons nous retrouver dans une situation extrêmement difficile, comme les autres pays (européens), dès la mi-mars », a-t-il prévenu.
M. Delfraissy a annoncé que l'enquête « flash » destinée à mesurer la circulation des variants parmi les cas positifs détectés, et qui en avait trouvé « autour de 2% », devait être renouvelée « mardi et mercredi ».
Mais d’ores et déjà, « une série de données » moins importantes que l'étude « flash » montrent « que le virus anglais est plutôt à des niveaux de 7, 8 ou 9% dans certaines régions françaises ». Pour le variant sud-africain, des données « suggèrent qu'on est déjà peut-être autour de 1% ».
Dans ce contexte, le confinement doit-il être strict comme au printemps 2020, ou doit-on permettre de laisser par exemple les écoles ouvertes comme en novembre ? « C'est une décision éminemment politique », a renvoyé le président du Conseil scientifique, qui guide les choix de l'exécutif.
En raison des mesures sanitaires, « on a toute une génération de jeunes qui ne vit plus », a reconnu M. Delfraissy, qui recommande « dans les deux mois qui viennent (aux) personnes les plus âgées, les plus fragiles, d'aller vers une forme d'auto-isolement volontaire, pour se protéger en attendant qu'elles soient vaccinées ».
Revenant sur les projections de vaccination, Jean-François Delfraissy « ne partage pas » la conviction du gouvernement que l'ensemble de la population pourrait être vaccinée d'ici l'été. « On va vacciner le maximum de gens d'ici la mi-avril, probablement six à huit millions de personnes », et arriver à la fin de l'été pour vacciner peut-être 40% de la population française mais pas plus".
« La capacité vaccinale est limitée », a-t-il déclaré, parce que « l'industrie pharmaceutique (ne parvient pas) à fournir de façon massive » les doses de vaccin. « De février à fin avril (...), on a une course entre arrivée du variant et vaccination », a-t-il synthétisé.