Trump, le retour

"Demain à midi, le rideau tombera sur quatre longues années de déclin américain", a-t-il assuré dimanche à ses partisans, réunis pour un ultime meeting à Washington.  Sa première élection avait causé une commotion dans le pays et le monde. (AFP)
"Demain à midi, le rideau tombera sur quatre longues années de déclin américain", a-t-il assuré dimanche à ses partisans, réunis pour un ultime meeting à Washington. Sa première élection avait causé une commotion dans le pays et le monde. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 20 janvier 2025

Trump, le retour

  • Une main posée sur une bible héritée de sa mère, il jurera de "protéger la Constitution" sous la coupole du Capitole, là même où le 6 janvier 2021, ses partisans avaient tenté d'empêcher le Congrès de certifier la victoire du président démocrate sortant
  • La cérémonie se déroule habituellement à l'extérieur, mais le protocole a été chamboulé pour cause de vague de froid

WASHINGTON: Il a promis d'agir "à une vitesse et avec une force sans précédent" pour mettre fin au "déclin" de l'Amérique: Donald Trump va être investi lundi président des Etats-Unis, pour la seconde fois.

A midi précis, heure de Washington (17H00 GMT), le 47e président de la première puissance mondiale débutera son second mandat, succédant au démocrate Joe Biden. Il deviendra aussi, à 78 ans, le chef d'Etat américain le plus âgé jamais investi, après un premier passage à la Maison Blanche entre 2017 et 2021.

Une main posée sur une bible héritée de sa mère, il jurera de "protéger la Constitution" sous la coupole du Capitole, là même où le 6 janvier 2021, ses partisans avaient tenté d'empêcher le Congrès de certifier la victoire du président démocrate sortant.

La cérémonie se déroule habituellement à l'extérieur, mais le protocole a été chamboulé pour cause de vague de froid.

Ni les poursuites pénales - dont une lui a valu une condamnation historique - ni la violence inouïe de sa rhétorique de campagne n'ont rebuté les électeurs. Donald Trump l'a emporté nettement le 5 novembre face à la vice-présidente démocrate Kamala Harris.

Dès lundi, le républicain a annoncé un déferlement de décrets, notamment pour endiguer ce qu'il qualifie d'"invasion" de migrants sans papiers.

Il a aussi promis de "sauver Tiktok" en suspendant l'application de la loi qui interdit la plateforme aux plus de 170 millions d'utilisateurs, laquelle a été rétablie avant même son investiture.

"Folie transgenre" 

Le milliardaire républicain, qui vient de lancer une cryptomonnaie susceptible de faire flamber sa fortune personnelle, veut en outre s'attaquer à la "folie transgenre" et aux programmes scolaires de sensibilisation au racisme.

Il devrait annoncer des grâces pour les assaillants du Capitole condamnés à la suite du 6 janvier 2021, lever des mesures de protection de l'environnement afin de doper la production de pétrole, augmenter les droits de douane.

A plus long terme, il veut mettre fin au conflit en Ukraine, se "venger" de ses adversaires politiques, "redresser" la presse et réduire massivement la dépense publique - il sera conseillé en cela par l'entrepreneur multimilliardaire Elon Musk, figure incontournable du nouveau pouvoir.

"Demain à midi, le rideau tombera sur quatre longues années de déclin américain", a-t-il assuré dimanche à ses partisans, réunis pour un ultime meeting à Washington.

Sa première élection avait causé une commotion dans le pays et le monde.

Son retour se fait dans une forme de résignation, sans manifestations de masse. Les chancelleries des pays alliés s'efforcent, à de rares exceptions près, de faire bonne figure face à ce président américain qui parle ouvertement d'annexer le Canada.

 

- L'humiliation de Biden -

 

Après avoir assisté à un service religieux dans une église toute proche de la Maison Blanche, Donald Trump sera reçu par le président démocrate sortant, comme le veut l'usage, pour un thé.

Joe Biden, qui conclut un demi-siècle de vie politique sur une humiliation planétaire, a orchestré une transition d'une scrupuleuse civilité.

Donald Trump, enragé par une défaite qu'il n'a jamais reconnue, avait au contraire claqué la porte de la Maison Blanche avec fureur il y a quatre ans, sans assister à l'investiture de son successeur.

Le  vice-président chinois Han Zheng et les multimilliardaires de la tech assisteront à la cérémonie d'investiture. Les anciens présidents Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama voisineront avec des dirigeants et personnalités d'extrême-droite.

Dernier mandat 

Le dispositif de sécurité sera exceptionnel, après deux tentatives d'assassinat contre le républicain cet été: 48 kilomètres de hautes barrières et 25.000 policiers déployés.

Après son discours d'investiture, le nouveau président assistera à la traditionnelle parade, qui se déroulera elle aussi en intérieur, dans une salle de spectacles de la capitale américaine. La journée sera conclue par des bals.

L'ancien promoteur immobilier et animateur de téléréalité a la majorité, de peu, au Congrès. La Cour suprême est ancrée à droite. Il a choisi ses ministres et conseillers avec la loyauté pour principal critère. Son emprise sur son parti est immense.

Mais Donald Trump, au faîte de son pouvoir politique, débute aussi lundi sa sortie de scène.

Dans ce pays en perpétuelle campagne que sont les Etats-Unis, il lui faut se résigner à n'être plus jamais candidat, ce rôle dont il se délecte, sauf coup de force contre la limite constitutionnelle de deux mandats.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Short Url
  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Short Url
  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Short Url
  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.