Conférence sur le Liban: Macron appelle à arrêter la guerre «au plus vite»

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Publié le Jeudi 24 octobre 2024

Conférence sur le Liban: Macron appelle à arrêter la guerre «au plus vite»

  • "La guerre doit cesser au plus vite. Il faut un cessez-le-feu au Liban"
  • La communauté internationale doit "se tenir ensemble et soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en oeuvre un cessez-le-feu immédiat", a renchéri le Premier ministre libanais Najib Mikati

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a appelé jeudi à engager un cessez-le-feu "au plus vite" au Liban et à aider les Libanais à "retrouver le contrôle de leur destin" lors d'une conférence internationale de soutien à ce pays à Paris.

"La guerre doit cesser au plus vite. Il faut un cessez-le-feu au Liban", a-t-il martelé en ouvrant la conférence, dans l'optique de "démontrer que le pire n'est pas écrit et permettre aux Libanais de retrouver le contrôle de leur destin".

La communauté internationale doit "se tenir ensemble et soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en oeuvre un cessez-le-feu immédiat", a renchéri le Premier ministre libanais Najib Mikati.

L'objectif de la conférence est de mobiliser la communauté internationale et réunir quelque 500 millions d'euros pour venir en aide aux personnes déplacées par le conflit entre Israël et le Hezbollah.

La France va elle-même débloquer 100 millions d'euros et "contribuer à l'équipement de l'armée libanaise" dans la perspective de son redéploiement dans le sud du pays une fois un cessez-le-feu acquis, a annoncé Emmanuel Macron.

"Nous exigeons que le Hezbollah (mouvement chiite libanais pro-iranien) cesse ses provocations (...) et frappes indiscriminées" contre Israël, a asséné le président français.

"Israël sait d’expérience que ses succès militaires ne sont pas forcément une victoire au Liban", a-t-il également pointé en référence à l'élimination de la direction du Hezbollah dans des frappes aériennes massives et à l'opération terrestre de l'armée israélienne. "On parle beaucoup de guerre de civilisation (..) Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie", a-t-il encore lâché.

De son côté, Berlin a annoncé débloquer 96 millions d'euros pour le Liban.

Mikati la communauté internationale doit agir de concert pour "un cessez-le-feu immédiat"

 

mikati
le Premier ministre libanais à la conférence sur le Liban. (AFP)

La communauté internationale doit agir de concert pour mettre fin à la guerre au Liban entre le mouvement Hezbollah et Israël, a estimé jeudi le Premier ministre libanais à la conférence sur le Liban qui se tient à Paris.

"Le Liban appelle la communauté internationale à se tenir ensemble et à soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en oeuvre un cessez-le-feu immédiat", a dit Najib Mikati alors que les chefs de la diplomatie des pays occidentaux défilent les uns après les autres dans la région.

La France et les Etats-Unis avaient ensemble fait une proposition de cessez-le-feu temporaire en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies, qui avait reçu le soutien de nombreux pays mais qui pour l'heure n'a pas reçu celui d'Israël.

"La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, telle qu'elle est actuellement rédigée, reste la pierre angulaire de la stabilité et de la sécurité dans le sud du Liban", a estimé le Premier ministre libanais, une opinion largement partagée, notamment par la France.

"Et la mise en œuvre complète et immédiate de cette résolution par le Liban et Israël préservera la souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban et assurera une sécurité à notre frontière sud qui puisse permettre aux communautés déplacées de retourner dans leurs régions", a-t-il ajouté.

De son côté, Youssef Haddad chef d'état-major adjoint libanais pour la planification, a appelé "à arrêter le carnage".

"Pour cela, il y a plusieurs moyens et l'un des moyens est de supporter les forces armées libanaises", a-t-il insisté, alors que le soutien à l'armée libanaise est précisément l'un des volets de la conférence qui se tient à Paris.

Le Premier ministre et le gouvernement libanais ont donné l'autorisation aux forces armées libanaises de recruter 1.500 personnes "en première phase" pour renforcer le dispositif au sud Liban et permettre l'application "pleinement de la 1701", a indiqué le militaire libanais.

"Nous avons actuellement 4.500 militaires dans le sud et nous voulons passer à entre 7.000 et 11.000", avait récemment déclaré Najib Mikati à l'AFP.

Blinken absent

Dans un discours prononcé en visio, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a appelé "les dirigeants libanais à prendre des mesures résolues pour assurer le bon fonctionnement des institutions de l'État afin de relever les défis politiques et sécuritaires urgents du pays".

"J'encourage les partenaires à renforcer leur soutien à ces institutions étatiques, y compris les Forces armées libanaises, qui sont une composante vitale dans la construction d'un avenir sûr et pacifique", a-t-il dit, ajoutant sa voix aux appels à un cessez-le-feu au Liban.

Au même moment, le Hezbollah affirmait avoir lancé une "salve de roquettes" sur deux villes du nord d'Israël. L'agence nationale libanaise d'information Ani a fait état de son côté d'une frappe israélienne de drone sur une voiture à l'est de Beyrouth.

La conférence a réuni plus de 70 participants, dont les chefs de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, canadienne Mélanie Joly ou le vice-ministre saoudien des Afffaires étragnères Waleed Elkhereiji et pour l'Union européenne Josep Borrell, ainsi qu'une quinzaine d'organisations internationales.

Paralysé depuis près de deux ans par une crise politique qui l'a plongé dans le chaos économique, le Liban est désormais le théâtre d'une guerre entre le mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran, et Israël.

Les affrontements, qui se déroulent notamment dans le sud du pays à la frontière avec Israël, ont contraint plus de 800.000 personnes à se déplacer, selon les Nations unis.

La France, comme nombre de pays occidentaux, estime qu'une issue diplomatique est "la seule solution viable pour le Liban comme pour Israël", où 60.000 personnes ont également dû aussi quitter leur foyer.

Mais en l'absence des principaux protagonistes -- Israël et l'Iran n'ont pas été invités et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken ne fera pas le déplacement --, les avancées diplomatiques à Paris devraient être limitées.

L'armée, acteur clé 

"Tout ce qui ne mènerait pas à une fin immédiate des destructions et des tueries ferait de ce sommet un échec", a estimé dès mercredi le directeur de l'ONG Oxfam au Liban, Bachir Ayoub.

Le soutien aux Forces armées libanaises (FAL) est un des éléments clés alors que le Premier ministre libanais souhaite déployer plus largement des Forces armées libanaises au sud du fleuve Litani, zone visée par les frappes israéliennes pour déloger les milices du Hezbollah.

Différentes mesures sont envisagées telles que la fourniture d'équipements, de la formation et surtout des fonds pour assurer leur fonctionnement au quotidien et recruter de nouveaux soldats.

L'enjeu est d'accroître leur efficacité quand un accord de cessez-le-feu aura été trouvé pour permettre l'application pleine et entière de la résolution 1701.

Celle-ci, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seuls les Casques bleus et l'armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d'Israël.

Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban en un mois, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.


Tensions diplomatiques: Paris réplique à Alger, sans fermer la voie de la négociation

Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune alors qu'ils posent pour une photo de famille avec les chefs d'État du G7 et les chefs de délégation des pays d'outre-mer au Borgo Egnazia, lors du sommet du G7 organisé par l'Italie, à Savelletri, le 14 juin 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune alors qu'ils posent pour une photo de famille avec les chefs d'État du G7 et les chefs de délégation des pays d'outre-mer au Borgo Egnazia, lors du sommet du G7 organisé par l'Italie, à Savelletri, le 14 juin 2024. (AFP)
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  • L’esprit de dialogue qui a prévalu pendant quelques jours s’est soudain émoussé, à la faveur du rapport de force diplomatique
  • L’Algérie a expulsé douze agents diplomatiques servant auprès de l’ambassade de France à Alger, en riposte à la mise en examen et au placement en détention à Paris de trois ressortissants algériens

PARIS: Entre Paris et Alger, l’ambiance est à nouveau à l’orage, après un semblant d’embellie de très courte durée.

L’esprit de dialogue qui a prévalu pendant quelques jours s’est soudain émoussé, à la faveur du rapport de force diplomatique.

Ce changement brutal survient après l’expulsion par l’Algérie de douze agents diplomatiques servant auprès de l’ambassade de France à Alger, en riposte à la mise en examen et au placement en détention à Paris de trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire.

Les trois Algériens sont accusés d’avoir participé à la séquestration de l’opposant algérien Amir Boukhors, influenceur surnommé Amir DZ.

De son côté, Alger estime que cette mise en accusation est l’œuvre du ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau, accusé de vouloir rabaisser l’Algérie.

C’est d’ailleurs ce qui a dicté aux autorités algériennes le choix des agents français expulsés, qui sont tous en charge de la sécurité et, par conséquent, rattachés au ministère de l’Intérieur.

Se disant «consterné» par la décision algérienne, le palais de l’Élysée a fait savoir dans un communiqué que la France «procédera symétriquement» à l’expulsion de douze agents diplomatiques algériens servant sur son territoire.

Sur un ton sec et direct, le communiqué soutient que la décision d’Alger «méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires» et qu’elle est «injustifiée et incompréhensible».

Il indique, par ailleurs, que Paris a également décidé de rappeler son ambassadeur en Algérie, Stéphane Romatet, pour consultation.

Tout au long de la journée d’hier (mardi), les spéculations allaient bon train sur une possible rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Le rapprochement esquissé récemment, à la suite d’un échange téléphonique entre les deux présidents – français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune – ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique française, y compris dans les rangs de la majorité.

Mais tel n’a pas été le choix du président français, qui continue à vouloir maintenir une porte de sortie honorable, et éviter les désagréments d’une rupture nette au niveau des intérêts des deux pays et de leurs peuples.

En effet, dès l’annonce des expulsions par l’Algérie, Macron avait exprimé la nécessité de tout mettre en œuvre, dans les 48 heures imparties, pour obtenir des autorités algériennes un retour sur cette décision.

Paris indique cependant que, malgré les échanges entre le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot et son homologue algérien Ahmed Attaf, aucune évolution de position n’a été constatée.

Les autorités françaises regrettent profondément cette situation, d’autant plus qu’elle intervient à un moment où les deux chefs d’État avaient exprimé leur volonté commune de relancer un dialogue exigeant et constructif.

Cependant, Paris constate que les autorités algériennes ont fait le choix d’instrumentaliser une décision judiciaire française, prise de manière totalement indépendante, prenant ainsi la responsabilité d’une dégradation brutale des relations bilatérales.

Face à cette situation, la France fera tout pour défendre ses intérêts, notamment en matière de sécurité et de coopération migratoire, tout en rappelant à l’Algérie ses engagements internationaux, en particulier ceux qui découlent de conventions bilatérales entre les deux pays.

Néanmoins, côté français on laisse la porte ouverte en soulignant que le président de la République appelle les autorités algériennes à faire preuve de responsabilité et à revenir au dialogue qu’il avait lui-même initié avec son homologue algérien le 31 mars dernier.

Commentant cette dégradation, une source diplomatique française estime que les autorités algériennes ne peuvent pas continuer à saborder les efforts et la volonté d’aller de l’avant affichée par le président français depuis son arrivée au pouvoir en 2017.

Cette même source rappelle que si le rapprochement avec l’Algérie ne fait pas l’unanimité en France, les Algériens aussi sont appelés à accorder leurs violons, d’autant plus qu’une large frange de l’institution militaire algérienne reste elle aussi farouchement hostile à l’harmonisation.

En attendant des jours meilleurs, Paris écarte des répercussions économiques négatives et assure que la procédure reste circonscrite à la sphère diplomatique.

La visite prévue à Alger par le garde des Sceaux Gérald Darmanin est donc suspendue, de même que le sort de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu en Algérie.


Macron va effectuer un déplacement de cinq jours dans l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron applaudit lors d'une cérémonie visant à récompenser les artisans et les fonctionnaires qui ont contribué à la restauration de la cathédrale Notre-Dame au palais de l'Élysée à Paris, le 15 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron applaudit lors d'une cérémonie visant à récompenser les artisans et les fonctionnaires qui ont contribué à la restauration de la cathédrale Notre-Dame au palais de l'Élysée à Paris, le 15 avril 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron va effectuer à partir de lundi un déplacement de cinq jours à Mayotte pour faire le point sur la reconstruction de l'archipel
  • Ce déplacement sera centré sur la stratégie française dans cette partie de l'océan Indien, a expliqué jeudi l'Elysée

PARIS: Emmanuel Macron va effectuer à partir de lundi un déplacement de cinq jours à Mayotte pour faire le point sur la reconstruction de l'archipel, ravagé par le cyclone Chido, à La Réunion ainsi qu'à Madagascar et à l'île Maurice afin d'ancrer les deux départements français dans leur environnement régional.

Ce déplacement sera centré sur la stratégie française dans cette partie de l'océan Indien, a expliqué jeudi l'Elysée.

"Cet espace régional doit s'organiser avec l'ensemble de ses territoires. Il y a un avenir commun à bâtir", a souligné un conseiller du président français, qui assistera au cinquième sommet de la Commission de l'océan Indien à Madagascar.

Le chef de l'Etat est attendu lundi matin à Mayotte, où il avait promis de revenir après son déplacement de décembre, au lendemain du passage du cyclone Chido.

"Il avait alors donné des échéances pour le rétablissement de l'eau, des communications, des infrastructures élémentaires et dit qu'il reviendrait pour lancer le temps de la reconstruction", a indiqué un conseiller.

Le chef de l'Etat aura des échanges avec la population, les élus ainsi qu'une séquence dédiée au secteur agricole afin de "voir comment on a réparé et fait en sorte que les séquelles, blessures, fractures révélées par le cyclone sont en voie de résolution", a indiqué l'Elysée.

Un projet de loi sur la reconstruction de Mayotte sera "présenté prochainement en conseil des ministres", a également précisé un conseiller, sans donner de date mais en rappelant que l'objectif était d'avoir une adoption du texte avant la fin de la session parlementaire à l'été.

"Mayotte doit être plus belle demain qu'elle n'a été même avant le cyclone parce qu'il y avait déjà un territoire qui était en pleine fragilité", a souligné l'Elysée.

A La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, Emmanuel Macron va aussi échanger mardi et mercredi sur les effets du cyclone Garance, qui a fait cinq morts en février et provoqué 180 millions d'euros de dégâts sur l'agriculture locale.

Il sera aussi "au côté des Réunionnais" en pleine épidémie de chikungunya qui a fait six morts sur l'île depuis le début de l'année.

L'intégration de Mayotte à la Commission de l'océan Indien - qui réunit Madagascar, l'île Maurice, L'Union des Comores, les Seychelles et La Réunion pour la France - sera à l'ordre du jour du sommet de l'organisation jeudi, a confirmé l'Elysée.

"Mayotte peut avoir un rôle central dans le canal du Mozambique" tout comme la Réunion, qui abrite un important port militaire, est un "hub sur les trajets maritimes", a résumé l'Elysée.


En France, l’image des États-Unis se dégrade et alimente des appels au boycott

Une photo montre des bornes de recharge Tesla endommagées et détruites, brûlées le jour d'un appel à une journée mondiale d'action contre le constructeur américain de voitures électriques Tesla, à Saint-Chamond, dans le centre de la France, le 29 mars 2025. (AFP)
Une photo montre des bornes de recharge Tesla endommagées et détruites, brûlées le jour d'un appel à une journée mondiale d'action contre le constructeur américain de voitures électriques Tesla, à Saint-Chamond, dans le centre de la France, le 29 mars 2025. (AFP)
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  • La confiance s’est émoussée, au point qu’il est dorénavant nécessaire de s’atteler à l’élaboration d’une autonomie stratégique européenne affirmée
  • En France, cela a nourri le sentiment d’un abandon, d’une rupture dans le pacte transatlantique en vigueur depuis près de soixante-dix ans

PARIS: Au volant de sa Tesla, dans Paris, Adrien ne se sent plus à l’aise, et songe sérieusement à l’échanger contre une voiture de marque européenne.

Les regards que lui jettent de nombreux passants qui défilent devant lui aux feux rouges se font de plus en plus pesants.

D’ailleurs, lui-même éprouve une certaine gêne lors de ses déplacements avec sa voiture, considérée comme un bijou de la technologie automobile tout en étant écologique.

Cadre supérieur dans la finance, Adrien est aux premières loges pour constater les dégâts provoqués sur les marchés par la politique du président américain Donald Trump.

Il a donc du mal à continuer à se déplacer dans un engin de marque américaine, qui plus est, propriété du proche conseiller du président américain, Élon Musk.

À l’instar de ce dernier, une majorité de Français exprime aujourd’hui une réticence croissante, voire une franche hostilité à l’égard des États-Unis.

Un sondage de l’institut IFOP montre que la cote de sympathie de ce pays s’est érodée de 40 points, pour atteindre son niveau le plus bas, soit 23 pour cent de sympathisants, depuis l’arrivée au pouvoir de Trump.

Longtemps perçus comme allié naturel et ami, les États-Unis voient aujourd’hui leur image se dégrader en France.

Ce glissement s’inscrit dans une véritable dynamique, alimentée par deux facteurs majeurs: le désengagement militaire américain d’un côté et, de l’autre, l’offensive commerciale, qui porte un sérieux coup d’arrêt au libre échange.

Résultat: une défiance croissante, des appels au boycott et une volonté diffuse de reconquête économique et culturelle.

Le désengagement militaire amorcé en 2010, lorsque les États-Unis ont entamé un retrait progressif de leurs forces en Europe au profit d’un recentrage stratégique sur la région indo-pacifique, est aujourd’hui perçu comme une véritable fracture géostratégique.

Combiné à la logique d’«America First» brandie par Trump, ce désengagement met les Européens face à leurs responsabilités, notamment en Afrique ou en Europe de l’Est, et les incite à augmenter leurs dépenses militaires et à se forger une politique de défense, qui leur est propre.

La confiance s’est émoussée, au point qu’il est dorénavant nécessaire de s’atteler à l’élaboration d’une autonomie stratégique européenne affirmée, loin de l’ombre américaine.

En France, cela a nourri le sentiment d’un abandon, d’une rupture dans le pacte transatlantique en vigueur depuis près de soixante-dix ans, mais c’est sur le terrain économique que la rupture est la plus visible.

L’administration Trump a ouvert les hostilités par une salve d’augmentations des droits de douane, sanctions unilatérales et bras de fer sur les exportations.

Ce protectionnisme américain est vécu en France comme une attaque directe contre les intérêts européens, même si l’administration américaine a tenté d’adoucir le ton, en suspendant l’entrée en vigueur des droits de douanes. Le mal est fait.

Le soupçon d’un partenaire peu fiable persiste et se traduit par des appels croissants au boycott des produits américains.

Sur les réseaux sociaux, des groupes comme «Boycott USA» ou «Achetez français», rassemblent des dizaines de milliers de membres, avec pour mot d’ordre: réduire la dépendance aux marques américaines, de Coca-Cola à Google.

Un rejet autant idéologique que pratique, au nom d’un patriotisme économique renaissant, qui dépasse le simple cadre commercial et reflète une mutation de la relation transatlantique, où la fascination d’hier laisse place à la résistance citoyenne, et au patriotisme économique.

Autrefois symbole du monde libre, l’Amérique est actuellement perçue comme un géant intrusif et méprisant, qui impose ses normes, et ses lois extraterritoriales à l’ensemble de la planète.

C’est un tournant qui s’opère, puisque pour de nombreux Français il ne s’agit plus seulement d’acheter local, mais de défendre une forme de souveraineté économique, culturelle, et technologique.

Un tournant qui semble s’installer dans la durée, au regard des évolutions inhérentes à la politique américaines et ses rapports avec le monde.

À ce sujet, le journaliste spécialisé dans l’analyse économique François Lenglet, avance dans une tribune publiée par le quotidien Le Figaro, un constat des plus pessimistes estimant que «la période de mondialisation libre-échangiste se referme et nous ne la reverrons plus de notre vivant». Boycottons en masse, coupons tout ce qui