DUBAÏ: La créatrice britannico-irakienne Tara Babylon bouleverse les codes de la mode du soir avec une vision avant-gardiste qui puise dans son riche héritage culturel et de ses expériences personnelles. Finaliste du prestigieux Prix Fashion Trust Arabia dans la catégorie tenues de soirée, elle propose une interprétation contemporaine de l'ancienne cité de Babylone.
"Les Jardins suspendus de Babylone me fascinent. Cette possible huitième merveille du monde nourrit mon imagination. C’est comme un lieu utopique, magique", confie Babylon à Arab News.
Lancée en 2019, sa marque éponyme se distingue par l'utilisation audacieuse de textures vibrantes, de couleurs vives et de matériaux innovants. On retrouve dans ses collections des créations originales telles qu'un tartan élastique coloré, une robe en lin aux poignets tissés main, ou encore un foulard orné de roses surdimensionnées.
L'approche non-conformiste de Babylon transforme des éléments ordinaires, comme les épingles de sûreté, en pièces de haute couture. "J'adore le défi de sublimer le simple en quelque chose de luxueux", explique-t-elle.
Les épingles de sûreté, devenues emblématiques de ses collections, sont un hommage nostalgique à sa jeunesse "emo".
Le parcours de Babylon dans l'univers de la mode s'est dessiné naturellement. Née à Sheffield, en Angleterre, elle a développé très tôt une fascination pour le style, l'habillement et les matières. C'est à Manchester qu'elle s'est initiée à la confection, avant de parfaire son art à la prestigieuse école Central Saint Martins de Londres. Son talent lui a valu une bourse d'études complète pour un master à la célèbre école Parsons de New York, marquant ainsi une étape décisive dans sa carrière de créatrice.
Les collaborations de Babylon, en particulier celle avec le créateur Gareth Pugh, ont cristallisé son ambition de lancer une marque à l'esthétique saisissante.
"Mon expérience chez Gareth Pugh a été déterminante. Elle a bouleversé ma vision du monde de la mode", confie-t-elle.
Collaborant avec des artisans népalais, Babylon crée des pièces complexes et uniques. Son "manteau tapis", porté par la chanteuse Doja Cat, propulse sa marque au rang de phénomène sur les réseaux sociaux.
"À la sortie de Parsons, sa styliste a repéré ma création et m'a contactée. Quand elle l'a portée, j'ai connu un moment de viralité", raconte Babylon.
Elle a transmis certaines de ses techniques à une usine en Chine, où l'on travaille le tissage à la main et l'utilisation d'épingles de sûreté. Pour Babylon, sa nomination comme finaliste du Fashion Trust Arabia Award représente un moment charnière dans sa carrière.
"Cette plateforme valorise les créateurs de la région, sensibilise le public international et nous offre la reconnaissance que nous méritons", affirme-t-elle.