Venezuela : inquiétude et déception après la réélection contestée de Maduro

Le président vénézuélien Nicolas Maduro présente le document après avoir été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de dimanche, au siège du Conseil électoral national (CNE) Publié à Caracas le 29 juillet 2024 (AFP)
Le président vénézuélien Nicolas Maduro présente le document après avoir été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de dimanche, au siège du Conseil électoral national (CNE) Publié à Caracas le 29 juillet 2024 (AFP)
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Publié le Lundi 29 juillet 2024

Venezuela : inquiétude et déception après la réélection contestée de Maduro

  • Comme un symbole de l'incertitude qui règne, Caracas avait des airs de ville morte lundi matin avec des rues désertes et des commerces fermés. Dans certains quartiers, on pouvait entendre un concert de casseroles en signe de contestation tandis que l'oppo
  • Si M. Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses autres alliés habituels -Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie-, les réactions négatives ou sceptiques ont afflué de la communauté internationale.

CARACAS : Critiques internationales, protestations de l'opposition qui revendique la victoire : la réélection du président Nicolas Maduro, officiellement proclamé président du Venezuela lundi, génère beaucoup d'inquiétude et de déception.

Comme un symbole de l'incertitude qui règne, Caracas avait des airs de ville morte lundi matin avec des rues désertes et des commerces fermés. Dans certains quartiers, on pouvait entendre un concert de casseroles en signe de contestation tandis que l'opposition doit décider de sa stratégie.

"Déprimé, déçu, humilié. Humilié parce que le brigand est celui qui gagne dans ce pays", affirme Giovanni Inglese, 65 ans, qui aide à garer des voitures dans la rue.

M. Maduro a été officiellement proclamé président du Venezuela par le Conseil national électoral (CNE). "Les Vénézuéliens ont exprimé leur volonté absolue en élisant Nicolas Maduro (...) pour la période 2025-2031", a déclaré son président, Elvis Amoroso.

Lors de son discours, évoquant les réactions de l'opposition et de la communauté internationale, M. Maduro a dénoncé une tentative d'imposer un "coup d’État fasciste et contre-révolutionnaire au Venezuela".

La veille, M. Amoroso avait dénoncé une "agression contre le système de transmission des données qui a retardé" le décompte. Ces décomptes par bureaux de vote que réclame l'opposition ne sont pas encore disponibles. Lundi, le parquet a ouvert une enquête, évoquant l'implication de la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado dans ce "piratage".

Le Centre Carter, un des rares observateurs indépendants présents, a appelé le CNE à publier les résultats du scrutin de dimanche dans chaque bureau de vote.

Selon les résultats du CNE, M. Maduro, 61 ans, l'héritier de l'ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a été réélu pour un troisième mandat consécutif de six ans avec 5,15 millions de voix (51,2%).

Le candidat de l'opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, qui avait remplacé au pied levé Mmme Machado, déclarée inéligible, en a recueilli un peu moins de 4,5 millions (44,2%).

L'opposition, qui espérait mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste, a aussitôt rejeté ce résultat. Mme Machado, pour qui M. Gonzalez Urrutia a obtenu 70% des suffrages, a dénoncé "la violation grossière de la volonté populaire".

"Notre combat continue, nous ne nous reposerons pas tant que la volonté du peuple vénézuélien ne sera pas reflétée", a lancé M. Gonzalez Urrutia, sans appeler à manifester pour le moment.

- "Réexamen complet" -

Si M. Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses autres alliés habituels -Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie-, les réactions négatives ou sceptiques ont afflué de la communauté internationale.

Neuf pays d'Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont ainsi appelé lundi dans une déclaration commune à un "réexamen complet avec la présence d'observateurs électoraux indépendants".

Le gouvernement brésilien a "réaffirmé" "le principe fondamental de la souveraineté populaire" et demandé "la vérification impartiale des résultats".

Par le passé, le président brésilien Lula a longtemps défendu son homologue vénézuélien face aux critiques internationales. Mais Brasilia avait durci le ton à l'approche de la présidentielle.

Luis Gilberto Murillo, le ministre des Affaires étrangères de Colombie, dirigée par le président de gauche Gustavo Petro, a demandé "un décompte total des voix, sa vérification et un audit indépendant" car il est "important de dissiper les doutes sur les résultats”.

Les États-Unis ont affirmé "sérieusement craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien".

La France a quant à elle appelé les autorités vénézuéliennes à faire preuve de "transparence totale" en publiant l'intégralité des procès-verbaux et des résultats, ce que réclame aussi l'opposition.

Tout comme le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, qui a prôné sur X une "transparence totale (...) y compris le décompte détaillé des voix".

"Ce n'est pas le résultat idéal pour Maduro", a estimé Rebecca Hanson, de l'Université de Floride. "En termes d'acquisition d'une certaine légitimité internationale -ce qui était un objectif de M. Maduro-, cette élection a été un désastre".

- "Blocus criminel" -

Dimanche soir, Nicolas Maduro a pour sa part fêté sa victoire sur une scène musicale montée près du Palais présidentiel.

"Il y aura la paix, la stabilité et la justice. La paix et le respect de la loi. Je suis un homme de paix et de dialogue", a-t-il dit, alors que la campagne et le scrutin se sont déroulés dans une ambiance tendue, l'opposition dénonçant de nombreuses intimidations et arrestations.

Caracas avait limité la possibilité d'observer le déroulement du scrutin.

Le Venezuela, longtemps un des plus riches pays d'Amérique latine, est exsangue : effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, pauvreté, systèmes de santé et éducatif totalement délabrés. Sept millions de Vénézuéliens ont fui leur pays.

Le pouvoir accuse le "blocus criminel" d'être à l'origine de tous les maux.

Les États-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d'évincer M. Maduro après sa réélection déjà contestée de 2018, un scrutin entaché de fraudes selon l'opposition, qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.