A la frontière du Niger, les Nigérians étouffés par la crise économique et l'insécurité

Vue générale de la frontière fermée entre le Niger et le Nigeria à Jibia le 17 février 2024. (AFP)
Vue générale de la frontière fermée entre le Niger et le Nigeria à Jibia le 17 février 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 23 février 2024

A la frontière du Niger, les Nigérians étouffés par la crise économique et l'insécurité

  • Le Nigeria, qui partage 1 600 km de frontière avec son voisin, était jusque-là l'un des principaux partenaires commerciaux du Niger avec 193 millions de dollars d'exportations
  • En janvier, l'inflation frôlait les 30% et les Nigérians sont écrasés par le coût de la vie

JIBIA: Trois sœurs, bébés amarrés dans le dos, avancent sous le vif soleil de midi pour traverser la frontière entre l'Etat rural de Katsina, dans le nord-ouest musulman conservateur du Nigeria où elles vivent, et le Niger, où réside leur père, afin de se rendre à un mariage.

Ce trajet banal leur est pourtant officiellement interdit depuis août 2023 et les sanctions imposées à Niamey par la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) après la prise du pouvoir au Niger par une junte militaire.

La route où défilaient continuellement camions et voitures est silencieuse depuis presque sept mois.

"Les conducteurs de moto évitent de passer par le poste frontière et font un détour, ils prennent trop cher, c'est pour cela qu'on marche", explique Sa'adatu Sani, 30 ans, qui n'a pas pu dépenser les 800 nairas (0.50 dollars) réclamés par le moto-taxi pour se rendre de Jibia au village nigérien de Dan Issa, à 18 kilomètres.

Comme tant d'autres Nigérians frontaliers, les trois soeurs continuent de se rendre de l'autre côté, soit par le poste frontière de Jibia, où les autorités ferment les yeux sur les voyageurs à pied, soit par les chemins parallèles où s'aventurent automobilistes et mêmes certains commerçants, au risque de se faire saisir leurs biens par les douaniers.

Double peine

A quelques centaines de mètres de là, le réputé marché dominical de Jibia bourdonne mollement. L'affluence est bien inférieure à celle d'avant la fermeture de la frontière.

"Les Nigériens venaient ici vendre des haricots, des dattes, et achetaient notre maïs, notre sorgho... Maintenant nous devons trouver d'autres clients alors que tout ce que nous avons connu jusqu'ici était le commerce transfrontalier", déplore Ibrahim Lawal Makiyayi, 53 ans, qui cultive fruits et légumes à la limite de la ville, chef-lieu d'une circonscription de près de 300.000 habitants.

Dans cet Etat considéré comme le grenier à céréales du pays, "nous avons du mal à faire trois repas par jour", se plaint Hamza Lawal, chauffeur routier dont les activités sont à l'arrêt depuis la fermeture de la frontière.

Le Nigeria, qui partage 1.600 km de frontière avec son voisin, était jusque-là l'un des principaux partenaires commerciaux du Niger avec 193 millions de dollars d'exportations en 2022 selon les Nations Unies (électricité, tabac, ciment...).

Depuis la fermeture de la frontière, c'est même la double peine pour la population locale, qui a vu les prix de l'alimentation exploser sous l'effet combiné des nouvelles restrictions de circulation et de l'inflation galopante après que le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, en fonction depuis mai, a mis en place des réformes économiques qui ont plongé le pays dans la crise.

En janvier, l'inflation frôlait les 30% et les Nigérians sont écrasés par le coût de la vie.

A Jibia, le sac de 100 kilos de millet ou de maïs a doublé en un an et se vend actuellement 60.000 nairas (40 dollars).

La crise actuelle pousse au pessimisme Hassan Issa, coordinateur régional de Médecins sans frontières (MSF), qui craint que la malnutrition, déjà récurrente ici, atteigne des sommets cette année, d'autant que le ramadan doit démarrer en mars, incitant les familles "à épuiser rapidement leurs réserves pendant cette période de fêtes".

Pillages, rançons et forces de l'ordre

En plus des difficultés commerciales, les habitants de cette région rurale sont confrontés à une insécurité endémique qui a empiré depuis la fermeture de la frontière.

Depuis des années, des groupes armés appelés "bandits" sévissent dans la région, pillant, confisquant les terres et tuant sur leur passage.

"Nous achetions aux Nigériens notre bétail, nous l'élevions et le revendions pour vivre, maintenant nous n'avons presque plus rien car les bandits nous volent nos bêtes", se lamente l'éleveur Musa Abdullahu, 67 ans.

Avec la fermeture de la frontière et l'évanouissement de leurs perspectives d'emplois et de revenus, certains jeunes nigérians se laissent tenter par le banditisme.

"Les gens n'ont rien à faire, ils tuent le temps, se mettent à consommer des drogues. La pauvreté vous pousse au pire, au vol, au meurtre, à tout, pour survivre", se désole Sade Rabi'u, 57 ans, chef traditionnel de Jibia.

Mais l'insécurité liée aux bandits n'est pas le seul ennemi des habitants.

"La fermeture de la frontière a créé des opportunités pour les bandits mais aussi pour les agences de sécurité qui n'hésitent pas à confisquer les biens et à exiger des pots-de-vin", insiste Philip Ikita, directeur de projet pour l'ONG Mercy Corps à Katsina.

Sur la route de 50 kilomètres qui mène de Katsina, la capitale de l'Etat éponyme, à Jibia, les postes de contrôle se succèdent. Policiers, militaires ou contrôleurs autoproclamés ponctionnent sans vergogne les voyageurs.

"Les bandits doivent se cacher, opérer dans l'ombre, alors que ceux qui sont censés faire respecter la loi et protéger les citoyens constituent en réalité le pire fardeau pour le commerce et la libre circulation", assène amèrement Philip Ikita.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.