LE CAIRE: «Bye Bye Tibériade», le documentaire de la réalisatrice algéro-palestinienne Lina Soualem, est sorti dans les salles françaises mercredi, plongeant dans le récit captivant d'une lignée de femmes palestiniennes.
Ce film explore l'intersection entre les expériences personnelles et l'impact de la grande Histoire.
Soualem tisse habilement des scènes intimes filmées par la réalisatrice avec des archives familiales, notamment des vidéos des années 1990 et des portraits en noir et blanc.
Ces éléments s'entremêlent avec des archives historiques, évoquant des périodes telles que la Palestine mandataire, la Nakba, et le camp de réfugiés de Yarmouk en Syrie.
L'importance de la géographie est soulignée par Hiam Abbas, mère de la réalisatrice et actrice éminente, qui ancre le village de Deir Hanna sur la carte régionale.
Histoire
Actuellement, Tibériade est une ville israélienne située sur la mer de Galilée, établie par Hérode Antipas en l'an 20 de notre ère. Durant la période du mandat britannique, la population de la ville était diverse, comprenant à la fois des habitants juifs et arabes. Cependant, lors de la guerre civile de 1947-1948, les Arabes en ont été expulsés par les forces juives.
Elle pointe vers des terres autrefois interdites aux Palestiniens après la création de l'État d'Israël, faisant du départ de Deir Hanna un choix personnel mais également un acte politique.
Identité palestinienne
Le documentaire explore le dilemme de l’exil, interrogeant le sens de l'identité palestinienne dans ce contexte. Il met en lumière la tension entre les langues française et arabe, soulignant la transmission de la mémoire à travers les générations.
Lina Soualem utilise l'histoire familiale, souvent marquée par le silence, pour créer un récit cathartique. Le film célèbre les victoires des femmes de cette lignée, dont la grand-mère Neemat et la mère Hiam, une actrice internationalement reconnue.
Au cœur de ce documentaire, l'intimité des femmes se révèle, illustrant la chaleur des confidences, la solidité des liens entre générations, et la persistance de la complicité malgré les distances imposées.
«Bye Bye Tibériade» offre une plongée poignante dans l'Histoire et l'identité palestinienne à travers les yeux de ces femmes remarquables.
Récompenses
L'œuvre cinématographique Bye Bye Tiberias de Lina Soualem a reçu une reconnaissance significative dans plusieurs festivals prestigieux et prix.
● BFI London Film Festival (Grande Bretagne)
Prix Grierson du meilleur documentaire en 2023.
● Festival du Film Méditerranéen de Montpellier (France)
Prix Ulysse du meilleur documentaire en 2023.
● Festival International du Film de Marrakech (Maroc)
Prix du jury (ex-æquo) en 2023, partagé avec Les Meutes de Kamal Lazraq.
● Prix Michele Mancini (Italie)
Prix étudiant de l'Académie des Beaux-Arts de Palerme et de la branche sicilienne du Centro Sperimentale di Cinematografia en 2023.
Qui est Lina Soualem ?
Lina Soualem est une réalisatrice et comédienne d'origine franco-algéro-palestinienne, née et résidant à Paris. Elle est la fille de Hiam Abbass (elle-même actrice et réalisatrice) et du comédien algéro-francais Zinedine Soualem.
Marchant dans les pas de ses parents, elle a fait ses débuts en tant que programmatrice au Festival international de cinéma des Droits humains de Buenos Aires.
En 2020, elle a marqué son entrée dans le monde du cinéma avec son premier film-documentaire intitulé Leur Algérie. Corealisé avec son père, ce film aborde le témoignage d'une génération d’Algériens qui ont migré en France pour y travailler, jusqu'à soixante-dix heures par semaine, et qui se sont retrouvés pour la plupart marginalisés dans la société.
Le film a remporté plusieurs distinctions, dont le prix du meilleur premier film au Cinemed à Montpellier, le prix du meilleur documentaire arabe au festival El-Gouna, et le prix du meilleur documentaire au festival Cinemania.
En plus de son travail en tant que réalisatrice, Lina Soualem est également scénariste. Elle travaille sur divers projets incluant des films de fiction, des documentaires et des séries.
Plus récemment, elle a contribué en tant que chercheuse et coordinatrice d'écriture à la série Oussekine, qui revient sur les événements tragiques du 5 décembre 1986. Ces événements ont conduit à la mort de Malik Oussekine, un étudiant français d'origine algérienne, après avoir été violemment agressé par des policiers lors de manifestations.