Poutine fait un tour dans un bombardier supersonique

Le président russe Vladimir Poutine, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de la République du Tatarstan Rustam Minnikhanov passent devant un bombardier stratégique Tu-160M alors qu'ils visitent l'usine aéronautique de Kazan, le 21 février 2024 (Photo, AP).
Le président russe Vladimir Poutine, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de la République du Tatarstan Rustam Minnikhanov passent devant un bombardier stratégique Tu-160M alors qu'ils visitent l'usine aéronautique de Kazan, le 21 février 2024 (Photo, AP).
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Publié le Jeudi 22 février 2024

Poutine fait un tour dans un bombardier supersonique

  • Selon les agences de presse russes, il s'est envolé depuis la piste d'une usine aéronautique à Kazan
  • Le Tu-160M est un imposant bombardier lourd capable de mener des frappes nucléaires et conventionnelles sur de longues distances

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a effectué jeudi un vol d'une trentaine de minutes à bord d'un bombardier stratégique et supersonique Tu-160M des forces de dissuasion nucléaire de la Russie, en plein conflit en Ukraine.

Selon les agences de presse russes, il s'est envolé depuis la piste d'une usine aéronautique à Kazan, la capitale de la république russe du Tatarstan (centre).

Le vol, d'après ces sources, a été effectué à bord d'un Tu-160M, une version modernisée de cette appareil conçu par l'Union soviétique lors de la Guerre froide.

"Nous recevons de nouveaux équipements, des équipements excellents et effectivement de nouvelle génération", s'est félicité le chef du Kremlin, cité par l'agence Ria-Novosti, alors qu'il a tourné une grande part de l'économie russe vers l'effort de guerre.

Le Tu-160M est un imposant bombardier lourd capable de mener des frappes nucléaires et conventionnelles sur de longues distances.

Nucléaire russe dans l'espace: questions sur une menace stratégique et géopolitique

La Russie développe-t-elle un programme d'arme nucléaire dans l'espace ? Washington le suggère, Moscou dément et les analystes s'interrogent sur une perspective lointaine mais préoccupante dans un contexte géopolitique explosif.

Entre déclarations et conjectures, aperçu d'une menace qui s'ajoute à une militarisation déjà exponentielle de l'espace.

Accusations et dénégations 

Les accusations américaines ont fuité en plusieurs vagues la semaine dernière. Le chef de la commission du renseignement de la Chambre des représentants a d'abord évoqué des "informations relatives à une grave menace pour la sécurité nationale".

Des médias américains ont ensuite assuré que Moscou envisageait de placer une arme nucléaire dans l'espace, avant que la Maison Blanche n'évoque "une capacité antisatellite développée par la Russie" sans confirmer son caractère nucléaire.

Le président russe Vladimir Poutine a, lui, affirmé que Moscou était "catégoriquement opposé" au déploiement d'armes nucléaires dans l'espace, son ministre de la Défense Sergueï Choïgou relevant que son pays "n'avait pas" ce type d'armement.

Questions sur l'arme russe 

Les informations publiques sont minimales et contraignent les analystes aux conjectures.

"Est-ce un système de la Guerre froide rénové ou un nouveau programme?" interroge l'expert danois Hans Christensen, de la Fédération des scientifiques américains (FAS).

"Nous savons que rien n'a encore été déployé et il semble qu'il n'y ait pas de projet spécifique pour faire détoner quelque chose", souligne Pavel Podvig, expert du nucléaire russe.

Il évoque la possibilité d'un projet "discuté par l'industrie militaire russe" et "amplifié par le renseignement américain à des fins de manipulation et de politique".

Une frappe nucléaire dans l'espace ? 

L'espace est aujourd'hui totalement surchargé de satellites civils, militaires et commerciaux. Y faire exploser une bombe nucléaire détruirait tout sur son passage y compris les satellites de l'agresseur.

"Cela pourrait faire pas mal de dégât, totalement non discriminatoire, ce qui me rend sceptique sur la réalité de ce plan", ajoute Pavel Podvig. "Vous pouvez viser un système spécifique (...) mais cela en détruirait bien d'autres" y compris les satellites russes et ceux de ses alliés chinois.

"Le spatial est un environnement très spécifique où tout le monde est interdépendant", confirme Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche Stratégique (FRS).

"La menace d'une explosion nucléaire dans l'espace est complètement irrationnelle et assez incompréhensible".

L'énergie nucléaire dans l'espace 

En revanche, des satellites soviétiques (Rorsat) avaient déjà utilisé des réacteurs nucléaires comme source de puissance notamment pour des radars, dans les années 70 et 80.

Xavier Pasco émet l'hypothèse que les Russes "soient arrivés à développer, ou en passe de le faire, une arme alimentée par un réacteur nucléaire pour générer des flux d'énergie importants".

L'espace a, de fait, pris une dimension majeure dans la conduite de la guerre, en particulier en Ukraine, justifiant que la Russie cherche à y développer des formes de contre-force.

L'espace déjà militarisé 

La militarisation du cosmos est aussi ancienne que la course à l'espace. Dès la mise en orbite de Spoutnik, en 1957, Washington et Moscou ont cherché des façons d'armer et de détruire des satellites.

En 1967, les superpuissances et d'autres pays ont signé le Traité de l'espace, interdisant la mise en orbite d'armes de destruction massive.

La Russie avait pulvérisé en 2021 l'un de ses propres satellites en lançant un missile depuis la Terre, provoquant de vives protestations. Mais la conflictualité a évolué, passant de l'idée de détruire des satellites à celle de les neutraliser avec des armes laser, à énergie dirigée ou à micro-ondes ultra puissantes.

Tensions géopolitiques 

Les inquiétudes se multiplient sur le risque de voir l'espace devenir un lieu d'affrontements, au même titre que la terre ou les milieux sous-marins.

Une arme nucléaire spatiale risquerait de créer une nouvelle course aux armements, "mettrait au défi la stratégie spatiale américaine, saboterait les normes (internationales) et inquièterait les alliés", estiment Clementine Starling et Mark Massa pour l'Atlantic Council.

"Les Etats-Unis et ses alliés et partenaires doivent répondre", recommandent-ils. Mais "il n'est pas nécessaire de tomber dans l'hystérie" car l'hypothèse ne "modifierait pas de façon significative le rapport de force USA-Russie dans l'espace ni au sol".

 

Depuis le début de l'offensive à grande échelle en Ukraine, en février 2022, le président russe a soufflé le chaud et le froid quant au recours à l'arme nucléaire, déployant à l'été 2023 des armes nucléaires tactiques au Bélarus, proche allié de Moscou.

Début novembre, Moscou a révoqué sa ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), sur fond de conflit en Ukraine et de crise avec les Occidentaux.

Fin octobre, la Russie avait également procédé à des tirs d'essai de missiles balistiques en vue de préparer ses forces à une "frappe nucléaire massive" de riposte.

La doctrine nucléaire russe prévoit un recours "strictement défensif" à l'arme atomique, en cas d'attaque de la Russie avec des armes de destruction massive ou en cas d'agression avec des armes conventionnelles "menaçant l'existence même de l'Etat".


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.