BRUXELLES: L'aventure aura été de courte durée: le président du Conseil européen Charles Michel a annoncé vendredi qu'il renonçait finalement à briguer un siège au Parlement européen, une candidature qui l'aurait contraint à quitter prématurément ses fonctions actuelles.
L'annonce de sa volte-face intervient à quelques jours d'un sommet européen à Bruxelles centré sur l'aide financière à l'Ukraine qui s'annonce particulièrement difficile, en raison en particulier de la menace de veto de la Hongrie.
"Une décision de bon sens à l'approche de l'un des sommets les plus importants de l'histoire de l'UE", a réagi sur X Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris.
Il y a moins de trois semaines, le responsable belge de 48 ans, qui préside depuis quatre ans les réunions des chefs d'Etat ou de gouvernement des 27 pays de l'UE, avait créé la surprise en annonçant qu'il entendait quitter ses fonctions dès juillet, au lieu de novembre, pour se consacrer à la campagne des européennes.
Prévues du 6 au 9 juin dans les 27 pays de l'UE, les élections européennes déboucheront sur un renouvellement des têtes des principales institutions de l'UE qui doit refléter l'équilibre politique issu du scrutin.
L'annonce-surprise de Charles Michel de début janvier avait bousculé le calendrier, soulevant une myriade de questions autour de sa succession et lançant, par ricochet, la course aux "top jobs" à Bruxelles.
Elle avait aussi suscité de vives critiques, venant parfois de son propre camp politique. "Le capitaine quitte le navire au milieu d'une tempête", avait ainsi lancé l''eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld, issue du groupe centriste Renew Europe.
Evasif sur la suite
"J'ai sous-estimé l’ampleur et la radicalité de certaines réactions négatives", a avancé Charles Michel dans un texte publié sur Facebook vendredi soir, déplorant que "les attaques blessantes prennent de plus en plus le pas sur les arguments factuels".
"Je ne souhaite pas que les controverses nous détournent de l’essentiel et portent atteinte à l’institution que je préside, et donc au projet européen", a-t-il ajouté.
"Je ne serai pas candidat lors des élections européennes", a-t-il poursuivi, martelant sa volonté de mener à bien ses responsabilités actuelles jusqu'à leur terme, fin novembre 2024.
Appartenant à la même génération de leaders pro-européens que le Français Emmanuel Macron et le Luxembourgeois Xavier Bettel, Charles Michel avait été choisi en 2019 pour succéder au Polonais Donald Tusk à la tête du Conseil européen.
Le poste est prestigieux mais aussi périlleux - souvent ingrat - tant la recherche du consensus oblige à de difficiles contorsions.
Le passage de Charles Michel à la tête du Conseil aura été marqué par sa rivalité avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui s'est imposée sur la scène internationale comme la voix et le visage de Bruxelles.
Si cette dernière n'a encore rien dit de ses intentions, elle semble bien placée pour enchaîner sur un deuxième mandat de cinq ans au Berlaymont, siège de l'exécutif européen.
"Je serai toujours un avocat fervent d’une Europe démocratique, forte, unie, et maître de son destin", conclut Charles Michel dans son texte de renoncement.
Celui qui fut le Premier ministre le plus jeune de Belgique reste cependant évasif sur "la nature et l’orientation" de son "engagement futur".