Des membres du conseil municipal de Chicago approuvent la résolution sur l’Holocauste et retardent le vote en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza

Des manifestants défilant dans le centre-ville pour protester contre les frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza (Photo, AFP).
Des manifestants défilant dans le centre-ville pour protester contre les frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 27 janvier 2024

Des membres du conseil municipal de Chicago approuvent la résolution sur l’Holocauste et retardent le vote en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza

  • Des sympathisants propalestiniens et certains membres du Conseil dénoncent le report du vote de la résolution sur le cessez-le-feu à Gaza au 31 janvier
  • «Défendre les droits humains et se remémorer les événements passés n'est pas un acte antisémite», déclare un membre du conseil

CHICAGO: Les membres pro-israéliens du conseil municipal de Chicago ont présenté et approuvé mercredi une résolution commémorant l’Holocauste, et ont fait valoir qu’une autre résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza était «inappropriée» et devrait être retardée.

Même si les résolutions du conseil municipal de Chicago n’ont pas d’impact direct sur les relations et la politique étrangères, et ne constituent pas des lois en soi, elles véhiculent néanmoins une manifestation morale sur des questions publiques majeures.

La résolution sur l’Holocauste, présentée par le seul membre juif du conseil, la conseillère municipale Debra Silverstein (50e arrondissement), commémore le 79e anniversaire de la libération du camp de concentration nazi d’Auschwitz. Le 50e arrondissement comprend la plus grande concentration de juifs américains, a-t-elle indiqué.

Silverstein a évoqué des «préoccupations de sensibilité» et a convaincu d’autres membres du conseil de retarder la résolution du cessez-le-feu à Gaza, car les deux ensemble seraient «inappropriées». La résolution de cessez-le-feu a été présentée plusieurs semaines avant la résolution sur l'Holocauste par la conseillère municipale Rossana Rodriguez-Sanchez du 33e arrondissement, qui compte une importante population arabe et musulmane.

Les militants propalestiniens ont rempli la salle d’audience du conseil et se sont plaints bruyamment lors de la réunion, lorsque Silverstein a affirmé que la montée de l’antisémitisme était liée aux événements de Gaza, et ont été sommés de garder le silence.

Malgré la décision de retarder la résolution du cessez-le-feu jusqu’à la réunion du conseil du 31 janvier, la semaine prochaine, plusieurs responsables municipaux, dont le maire Brandon Johnson, ont exprimé leur soutien aux deux résolutions.

«Je condamne les actions du Hamas, mais à l’heure actuelle, nous assistons à la mort de 25 000 Palestiniens pendant cette guerre, et les massacres doivent cesser. Donc oui, nous avons besoin d’un cessez-le-feu», a déclaré Johnson, qui est afro-américain.

«Mais je peux dire d’un point de vue très personnel que je sais que pour la libération des Noirs, nous avons dû faire des déclarations qui n’ont peut-être pas eu d’impact dans les médias. Mais je ne serais pas maire de la ville de Chicago si les gens ne poussaient pas le gouvernement à reconnaître l’humanité des gens et à comprendre la valeur de la libération, ce qu’elle signifie pour les personnes, les groupes et les nations. Et donc, dans ce cas-ci, les gens devraient être libérés. Et j’espère que d’autres personnes suivront, si le conseil municipal est d’accord avec ma position particulière.»

Samir Khalil, le fondateur palestinien de la Coalition politique arabo-américaine de l'Illinois (anciennement Club démocratique arabo-américain de l'Illinois), a salué le courage de Johnson de «dire la vérité à la justice» et de «ne pas avoir peur de la pression politique et des groupes de pression que nous voyons dans le débat résolument unilatéral» dans les médias d’information.

«Comment l’Holocauste n’a-t-il rien à voir avec l’appel à mettre fin aux massacres de civils dans la bande de Gaza? L’Holocauste a été une grande tragédie pour le peuple juif, impliquant le meurtre de civils juifs. Le cessez-le-feu répondrait à une préoccupation similaire, à savoir que les civils non juifs ont droit à la vie, et que leurs massacres doivent cesser», a déclaré Khalil, ajoutant que les tentatives de Silverstein de laisser entendre que la crise de Gaza était en partie la cause de «la montée de l’antisémitisme» étaient «inappropriées».

«Les deux résolutions auraient pu et auraient dû être adoptées ensemble avec le même message de protection des innocents.»

L’organisation politique arabe parle haut et fort depuis quarante ans, fondée avec le soutien de politiciens afro-américains de premier plan. Elle a temporairement changé de nom pour protester contre «l’échec» du président Joe Biden à prévenir le massacre de civils palestiniens. Cette initiative intervient en réaction à son soutien financier conséquent de 14,3 milliards de dollars, ainsi qu'à la fourniture de munitions, de bombes et de missiles à Israël, engagé dans des attaques contre les zones civiles de la bande de Gaza.

Samir Khalil a indiqué que quelque 15 000 Arabes américains, notamment des Palestiniens, avaient servi dans l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, se battant contre les nazis.

Au cours de la réunion, les membres propalestiniens de l'assistance, qui ont exprimé leur colère face au fait que la résolution sur le cessez-le-feu a été mise de côté pour laisser la place à l'examen de la résolution sur l'Holocauste, ont été invités à différentes reprises à garder le silence pendant la discussion, par plusieurs membres du conseil.

Face à ces reproches, plusieurs membres du conseil se sont exprimés sur les souffrances des Palestiniens à Gaza et ont critiqué ceux qui ont admonesté les manifestants propalestiniens qui ont exprimé leur colère lorsque Silverstein a laissé entendre que la guerre à Gaza alimentait la montée de l’antisémitisme.

Portant un keffieh palestinien noir et blanc autour des épaules, le conseiller municipal Byron Sigcho-Lopez, du 25e arrondissement, a exprimé son soutien à la résolution sur l'Holocauste, soulignant toutefois le fait qu'il soutenait également les droits des Palestiniens dans la bande de Gaza.

Sigcho-Lopez a critiqué «le comportement de certains membres du conseil» qui semblaient étouffer les préoccupations des Palestiniens dans l’assistance.

«Lorsque de telles atrocités et crimes de guerre sont commis, je pense que certains membres du conseil devraient faire preuve de plus d'empathie, de plus de respect, et se concentrer davantage sur l'histoire des faits avant de faire de telles remarques, en particulier en présence de membres de l'assistance qui ont eu des membres de leur famille tués et maltraités.»

«Je me demande donc où est la bienséance lorsque nous assistons à un génocide tel qu'il s'est produit dans le passé, afin que cela ne se reproduise pas dans le futur, et que cela ne se produise pas maintenant», a soutenu Sigcho-Lopez qui a ajouté que «certains membres du conseil devraient avoir plus d'empathie pour les tueries qui ont lieu aujourd'hui dans la bande de Gaza».

«Donc aujourd’hui, à l'attention de tous les membres de notre conseil municipal aujourd'hui, j'espère que nous conserverons en mémoire cette journée et les mots qui ont été prononcés. C'était un appel à prévenir les atrocités, à éviter un autre Holocauste, à contrecarrer un génocide. Défendre les droits humains et se remémorer les événements passés n'est pas un acte antisémite. C'est pourquoi nous ne comprenons pas les commentaires demandant la bienséance face à des comportements similaires de certains membres du conseil. C'est déplorable.»

«Aujourd'hui, je ne me contente pas seulement de soutenir cette résolution, mais je veille également à ce que certains membres du Conseil qui évoquent les événements passés ne restent pas indifférents. Il s'agit d'empêcher de nouvelles atrocités, telles que l'Holocauste, avec ses milliers et millions de vies perdues. C'est notre manière de rendre hommage à ceux qui ont souffert et de nous souvenir d'eux, afin que de tels drames ne se reproduisent nulle part.»

Si la résolution de cessez-le-feu est approuvée la semaine prochaine, Chicago deviendra la plus grande ville des États-Unis à soutenir une telle mesure. Il convient de rappeler dans ce contexte que Chicago est la troisième plus grande ville des États-Unis.

Des résolutions de cessez-le-feu similaires ont été adoptées par de nombreuses municipalités à travers le pays, mais pas dans les deux plus grandes villes du pays, New York et Los Angeles.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.