Bagdad et Washington vont discuter de l'avenir de la coalition antidjihadistes

Les États-Unis et l'Irak ont annoncé jeudi qu'ils entameraient des discussions sur l'avenir des troupes américaines et étrangères dans le pays (Photo, AFP).
Les États-Unis et l'Irak ont annoncé jeudi qu'ils entameraient des discussions sur l'avenir des troupes américaines et étrangères dans le pays (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 26 janvier 2024

Bagdad et Washington vont discuter de l'avenir de la coalition antidjihadistes

  • Les Etats-Unis déploient environ 2500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie voisine
  • De nombreux pays participent à cette coalition qui a épaulé les forces irakiennes dans les grandes batailles contre l'EI

BAGDAD: L'Irak et les Etats-Unis ont annoncé jeudi de prochaines discussions sur l'avenir de la coalition internationale antidjihadistes en vue d'aboutir à un calendrier permettant une réduction de ses effectifs, en pleines tensions régionales et attaques récurrentes de groupes armés pro-Iran.

Les Etats-Unis déploient environ 2.500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie voisine, engagés au sein de la coalition internationale qu'ils ont créée en 2014 pour combattre le groupe Etat islamique (EI).

De nombreux pays participent à cette coalition qui a épaulé les forces irakiennes dans les grandes batailles contre l'EI. Pour empêcher une résurgence de l'organisation djihadiste, des soldats américains, français, britanniques ou encore espagnols sont toujours stationnés en Irak et fournissent assistance et conseils aux troupes irakiennes.

Sur fond de guerre à Gaza entre Israël, allié de Washington, et le Hamas palestinien, soutenu par Téhéran, des groupes armés pro-Iran en Irak ont mené des attaques contre les soldats américains et la coalition, entraînant une riposte des forces américaines.

Ces développements ont finalement poussé le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani à réclamer un départ de la coalition d'Irak.

Jeudi, le ministère des Affaires étrangères irakien a annoncé dans un communiqué le lancement de "groupes de travail" dans le cadre d'une "commission militaire suprême" unissant Bagdad et Washington.

Ces groupes vont "évaluer le danger posé par l'EI" ainsi que "le renforcement des capacités des forces irakiennes, en vue de créer un calendrier précis déterminant la durée de la présence des conseillers de la coalition en Irak, et le début d'une réduction progressive et étudiée de ces conseillers", selon le texte.

A Washington, la porte-parole adjointe du ministère de la Défense, Sabrina Singh, a indiqué à des journalistes que la taille des effectifs militaires américains en Irak ferait "certainement partie des discussions à mesure que les choses progressent".

Exercice d'équilibriste

Auparavant, un haut responsable de la Défense américaine assurait toutefois que le dispositif n'était "pas une négociation sur le retrait des forces américaines d'Irak".

S'exprimant sous couvert de l'anonymat, il a souligné "la nécessité de basculer vers une relation bilatérale normale en matière de sécurité", assurant ne pas être en mesure de donner "une date" pour cette "transition éventuelle".

Dans un communiqué, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin confirmait le lancement "dans les prochains jours" des groupes de travail.

"Trois facteurs clés" seront examinés, a-t-il dit: "la menace de l'EI, les exigences opérationnelles (...) et le niveau des capacités des forces de sécurité irakiennes".

Après une montée en puissance fulgurante en Irak et en Syrie, l'EI a été mis en déroute sous les coups des forces locales aidées par la coalition. Bagdad a proclamé en 2017 sa "victoire" contre les djihadistes.

La situation volatile oblige depuis des semaines M. Soudani à se livrer à un délicat exercice d'équilibriste. Porté au pouvoir par une majorité parlementaire formée de partis pro-Iran, il doit préserver les rapports stratégiques avec les Etats-Unis.

En recevant à Bagdad le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares, M. Soudani a réitéré le besoin de remplacer la coalition internationale par "des relations bilatérales avec tous les pays" membres.

«Éviter un débordement»

Pour le ministre espagnol, "les attaques contre les troupes étrangères doivent cesser".

"Nous sommes ici à la demande du gouvernement irakien et nous partirons quand le gouvernement irakien l'envisagera", a-t-il dit, jugeant "crucial d'éviter un débordement de la crise à Gaza".

Depuis la mi-octobre, les groupes armés pro-Iran ont mené plus de 150 tirs de roquettes et frappes de drones contre les soldats américains et ceux de la coalition, en Irak et en Syrie.

En représailles, Washington a déjà effectué plusieurs frappes en Irak contre ces groupes.

Les attaques contre la coalition ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus des groupes armés pro-Iran affichant leur solidarité avec les Palestiniens et réclamant le départ des troupes américaines.

Et jeudi soir encore, un "drone" lancé par "les milices hors-la-loi" a été abattu alors qu'il allait cibler une base abritant les troupes de la coalition à l'aéroport international d'Erbil, selon les services antiterroristes du Kurdistan autonome dans le nord d'Irak.

Toujours au Kurdistan, des tirs de roquettes ont visé tard jeudi le complexe gazier de Khor Mor dans la province de Souleimaniyeh, un responsable local assurant que les pompiers avaient été dépêchés pour tenter d’éteindre un incendie.


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".