Le calvaire des personnes handicapées à Gaza

Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
Cette photo, prise le 3 août 2021, montre des joueurs palestiniens amputés s’affrontant lors d’un match de football au stade Yarmouk, dans la ville de Gaza. Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
Cette photo, prise le 3 août 2021, montre des joueurs palestiniens amputés s’affrontant lors d’un match de football au stade Yarmouk, dans la ville de Gaza. Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
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Publié le Lundi 22 janvier 2024

Le calvaire des personnes handicapées à Gaza

  • Pour de nombreuses personnes handicapées, en particulier celles souffrant de difficultés motrices, fuir l’offensive israélienne est pratiquement impossible
  • Le manque d’accès aux soins de santé et aux services humanitaires ne fait qu’aggraver la situation

LONDRES: L’offensive israélienne dans la bande de Gaza n’a épargné personne, ensevelissant des familles entières sous les décombres de leurs propres maisons, paralysant les établissements de santé essentiels et traumatisant les 2,3 millions d’habitants de l’enclave palestinienne. Selon l’Euro-Med Monitor, au moins 130 000 personnes vivaient avec un handicap permanent avant le conflit.

Dans le contexte des bombardements persistants, un segment croissant de la société gazaouie tente de surmonter les obstacles qui l’empêchent de mener une vie digne: les personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux.

«Ce n’est pas uniquement la dignité de ces personnes qui est directement mise en péril, mais aussi leurs droits humains», déclare à Arab News Lise Salavert, directrice de la mobilisation humanitaire à Handicap International, une organisation caritative travaillant avec des personnes handicapées et vulnérables dans des circonstances extrêmes.

«Il n’y a aucun risque que ces personnes soient laissées pour compte – c’est déjà le cas.»

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Cette photo montre des Palestiniens blessés arrivant à l’hôpital Al-Chifa à la suite des frappes aériennes israéliennes sur la ville de Gaza le 16 octobre 2023. Les hôpitaux et les infrastructures de santé de Gaza ont été ravagés par la guerre. (AP)

Décrivant la guerre contre Gaza comme une «horrible catastrophe», Mme Salavert affirme qu’au moment où l’ensemble de la population palestinienne souffre, «à Gaza, quelque 300 000 personnes handicapées font face à des défis supplémentaires et aigus».

«Dans ce contexte, elles sont confrontées à des difficultés pour garantir leur sécurité, se nourrir, se loger, accéder aux produits de base et aux articles spécifiques dont elles ont besoin pour rester en bonne santé.»

Depuis l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas dans le sud d’Israël, au cours de laquelle des militants ont tué plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris 240 autres en otage à Gaza, Israël a mené son attaque la plus meurtrière contre la bande de Gaza à ce jour.

Les attaques de représailles d’Israël auraient jusqu’à présent tué plus de 25 100 personnes, blessé 60 000 autres et déplacé plus de 85% de la population de l’enclave.

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Des Palestiniens marchent au milieu des destructions causées par les bombardements israéliens dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans la bande de Gaza, le 19 janvier 2024. (AP)

Alors que les bombardements intenses ont réduit des pans entiers de Gaza à l’état de ruines, les Palestiniens ont été contraints d’évacuer leurs maisons et de fuir, souvent à plusieurs reprises, en quête de sécurité.

Les critiques affirment que ces destructions à grande échelle prouvent que les attaques israéliennes sont disproportionnées et ne parviennent pas à limiter les pertes civiles. Israël affirme ne pas cibler les civils et accuse le Hamas de mener des opérations militaires et de lancer des roquettes depuis des zones résidentielles surpeuplées.

Alors que l’armée israélienne a ordonné aux civils d’évacuer les zones de combat vers des «zones de sécurité» désignées, les coupures de courant, les coupures prolongées de communication et le manque d’accès à la technologie ont empêché nombre d’entre eux d’accéder à ces informations.

Même lorsque ces instructions étaient accessibles, elles prêtaient à confusion. Les enquêtes menées par les médias internationaux ont révélé qu’Israël avait fréquemment émis de vagues instructions d’évacuation pour ensuite cibler des zones qu’il qualifiait de «sûres».

Cependant, pour de nombreuses personnes handicapées, en particulier celles souffrant de difficultés motrices, fuir l’offensive israélienne est pratiquement impossible.

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Des Palestiniens déplacés transportent leurs affaires vers un camp de tentes de fortune à Rafah, près de la frontière avec l'Égypte, dans le sud de la bande de Gaza, dimanche. (AFP)

«Les personnes handicapées sont séparées de leur famille, de leurs amis, de leurs réseaux de soutien», soutient Lise Salavert. «Certains sont physiquement incapables d’évacuer leur maison, même s’ils le souhaitent. D’autres ne peuvent pas accéder aux ordres d’évacuation.»

«Les habitants malentendants de Gaza ne peuvent pas entendre les roquettes en train de tomber – et ils ne sauront donc pas quand se mettre à l’abri. Nombre d’entre eux ont perdu leurs appareils auditifs et leurs médicaments.»

Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans a également privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, tels que les fauteuils roulants et les membres artificiels. Aujourd’hui, avec l’aide humanitaire limitée qui parvient à l’enclave, les besoins particuliers de ce groupe ne sont toujours pas satisfaits.

en chiffres

• 130 000 personnes dans la bande de Gaza vivaient avec un handicap permanent avant la guerre.

• 21% des ménages à Gaza comptaient au moins une personne handicapée avant la guerre.

• 9 000: c’est le nombre d’enfants blessés pendant la guerre, dont beaucoup ont perdu des membres.

(Source: Euro-Med Monitor, Handicap International)

 

La peur de devoir survivre à cette guerre avec un handicap hante presque tout le monde dans la bande de Gaza. Un rapport publié le mois dernier par Handicap International révèle que les blessures subies par les Palestiniens lors des attaques comprennent des fractures, des lésions des nerfs périphériques, des amputations, des lésions de la moelle épinière et du cerveau, ainsi que des brûlures.

Selon le Fonds des nations unies pour l'enfance (Unicef), un grand nombre des 9 000 enfants blessés à Gaza ont perdu un ou plusieurs membres. Même avant la guerre, 21% des ménages de Gaza comptaient au moins une personne handicapée.

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Une jeune fille blessée est transportée en fauteuil roulant vers un hôpital de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 novembre 2023. (AFP)

Mme Salavert estime que l’utilisation massive d’armes explosives lourdes à Gaza, à ce niveau d’intensité, «est inédite dans l’Histoire récente».

Elle déclare à Arab News: «Ces bombes n’ont pas seulement détruit des hôpitaux et des écoles. Elles ont volé aux civils des bras et des jambes. Elles ont percé des moelles épinières. Elles ont infligé des traumatismes aux cerveaux et aux yeux.»

«Ces bombes ont privé les civils de leur ouïe, en leur perforant le tympan. À l’intérieur, à l’abri des regards, les ondes de choc des bombes ont endommagé les organes.»

«Les bombes détruisent l’intégrité du corps, de l’esprit et du sentiment d’appartenance, d’autonomie et de dignité des gens. Les bombes empêchent également ces corps d'être soignés…»

Le manque d’accès aux soins de santé et aux services humanitaires ne fait qu’aggraver la situation.

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Cette photo, prise le 3 août 2021, montre des joueurs palestiniens amputés s’affrontant lors d’un match de football au stade Yarmouk, dans la ville de Gaza. Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)

Les hôpitaux sont submergés de blessés, tandis que nombre d’entre eux auraient été endommagés lors des combats. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 304 attaques ont directement ciblé les infrastructures et le personnel de santé, touchant 94 établissements et 79 ambulances.

Le blocus imposé par Israël à Gaza a également empêché les médicaments nécessaires, comme les analgésiques, les antibiotiques et les anesthésiques, de parvenir à l’enclave, ce qui signifie que les professionnels de santé n’ont pas la possibilité de soulager la douleur de leurs patients ou de traiter les infections.

Selon le rapport de l’organisation Handicap International du mois de décembre, bon nombre des personnes blessées à Gaza pourraient développer, à long terme, des handicaps qui auraient pu être évités.

«De nombreuses personnes blessées par les bombardements souffrent de fractures, nécessitant des soins orthopédiques urgents pour éviter des complications irréversibles comme les douleurs, les contractions musculaires et les déformations», explique Florence Daunis, directrice des opérations de l’ONG, dans le rapport.

Les proches des survivants portent également le fardeau de ces blessures, pour la plupart des femmes, qui se retrouvent contraintes à «un rôle de soignante à vie qui aurait pu être évité», déclare Lise Salavert à Arab News.

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Une Palestinienne veille sur sa fille, Lama al-Agha, âgée de 14 ans, à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 31 octobre 2023. Elle est prise en charge pour des blessures résultant d’une frappe israélienne. Sarah, la sœur de Lama, est dans un lit adjacent qu’on ne voit pas sur la photo. Elle a été blessée lors d’une frappe du 12 octobre qui a tué sa jumelle, Sama, et son frère Yahya, 12 ans, indique leur mère, assise entre les deux lits d’hôpital. (AFP)

Aux souffrances des soignants s’ajoutent les conditions économiques désastreuses, les conséquences sur la santé mentale causées par la guerre et la pression exercée pour soutenir les proches handicapés.

«Ces armes provoquent des troubles de stress post-traumatique, de l’anxiété et de la dépression à la majorité des 2,3 millions d’habitants de Gaza, dont la moitié sont des enfants», poursuit Mme Salavert, qui s’attend à ce que les conséquences de la guerre sur la santé mentale persistent pour les générations à venir.

Elle avertit que l’utilisation par Israël d’armes telles que des bombes de plus de 900 kg «sème le désespoir et le ressentiment» chez les Palestiniens.

Alors qu’Israël s’est engagé à poursuivre ses opérations militaires dans la bande de Gaza pendant «plusieurs mois encore», malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu immédiat, la population handicapée de l’enclave, qui a besoin de bien plus qu’une simple aide humanitaire, est confrontée à un destin tragique.

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Un obusier israélien M109 tire des obus de 155 mm sur la bande de Gaza, dans le cadre de l'offensive israélienne contre les militants du Hamas. Malheureusement, ce sont les civils qui sont victimes des bombardements. (Shutterstock)

«Les agences humanitaires comme la nôtre ont besoin d’un accès sûr et sans entrave à toutes les zones de Gaza et de Cisjordanie, afin de pouvoir parvenir jusqu’à ces personnes», précise Lise Salavert.

«Mais la guerre entrave ce processus, bloquant les appareils d’assistance, empêchant la thérapie physique, le soutien psychosocial et toute autre aide à laquelle ils ont droit. Les personnes handicapées ont besoin que les lois et les politiques conçues pour les protéger soient respectées.»

Avant le 7 octobre, en moyenne, 500 camions humanitaires entraient quotidiennement dans la bande de Gaza assiégée, selon Handicap International. Ce nombre a chuté, au cours de la période du 20 octobre au 21 novembre, à moins de 100 camions.

Après la réouverture du poste-frontière égyptien de Rafah en novembre, entre 100 et 300 camions sont entrés chaque jour à Gaza. Mais «les besoins ont considérablement augmenté», ajoute Mme Salavert, indiquant qu’au moins 500 camions sont nécessaires chaque jour pour aider la population affamée de Gaza.

Les organisations humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), ont mis en garde contre le risque d’une famine à Gaza si une aide adéquate n’était pas rétablie.

Lise Salavert appelle à l’acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins urgents des civils de Gaza, ajoutant que l’aide devrait être autorisée à franchir tous les points de passage frontaliers pour soulager l’ensemble de la population.

«Seul un cessez-le-feu pourrait garantir que les organisations humanitaires fournissent le soutien adéquat nécessaire», conclut-elle.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.