Le calvaire des personnes handicapées à Gaza

Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
Cette photo, prise le 3 août 2021, montre des joueurs palestiniens amputés s’affrontant lors d’un match de football au stade Yarmouk, dans la ville de Gaza. Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
Cette photo, prise le 3 août 2021, montre des joueurs palestiniens amputés s’affrontant lors d’un match de football au stade Yarmouk, dans la ville de Gaza. Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)
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Publié le Lundi 22 janvier 2024

Le calvaire des personnes handicapées à Gaza

  • Pour de nombreuses personnes handicapées, en particulier celles souffrant de difficultés motrices, fuir l’offensive israélienne est pratiquement impossible
  • Le manque d’accès aux soins de santé et aux services humanitaires ne fait qu’aggraver la situation

LONDRES: L’offensive israélienne dans la bande de Gaza n’a épargné personne, ensevelissant des familles entières sous les décombres de leurs propres maisons, paralysant les établissements de santé essentiels et traumatisant les 2,3 millions d’habitants de l’enclave palestinienne. Selon l’Euro-Med Monitor, au moins 130 000 personnes vivaient avec un handicap permanent avant le conflit.

Dans le contexte des bombardements persistants, un segment croissant de la société gazaouie tente de surmonter les obstacles qui l’empêchent de mener une vie digne: les personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux.

«Ce n’est pas uniquement la dignité de ces personnes qui est directement mise en péril, mais aussi leurs droits humains», déclare à Arab News Lise Salavert, directrice de la mobilisation humanitaire à Handicap International, une organisation caritative travaillant avec des personnes handicapées et vulnérables dans des circonstances extrêmes.

«Il n’y a aucun risque que ces personnes soient laissées pour compte – c’est déjà le cas.»

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Cette photo montre des Palestiniens blessés arrivant à l’hôpital Al-Chifa à la suite des frappes aériennes israéliennes sur la ville de Gaza le 16 octobre 2023. Les hôpitaux et les infrastructures de santé de Gaza ont été ravagés par la guerre. (AP)

Décrivant la guerre contre Gaza comme une «horrible catastrophe», Mme Salavert affirme qu’au moment où l’ensemble de la population palestinienne souffre, «à Gaza, quelque 300 000 personnes handicapées font face à des défis supplémentaires et aigus».

«Dans ce contexte, elles sont confrontées à des difficultés pour garantir leur sécurité, se nourrir, se loger, accéder aux produits de base et aux articles spécifiques dont elles ont besoin pour rester en bonne santé.»

Depuis l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas dans le sud d’Israël, au cours de laquelle des militants ont tué plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris 240 autres en otage à Gaza, Israël a mené son attaque la plus meurtrière contre la bande de Gaza à ce jour.

Les attaques de représailles d’Israël auraient jusqu’à présent tué plus de 25 100 personnes, blessé 60 000 autres et déplacé plus de 85% de la population de l’enclave.

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Des Palestiniens marchent au milieu des destructions causées par les bombardements israéliens dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans la bande de Gaza, le 19 janvier 2024. (AP)

Alors que les bombardements intenses ont réduit des pans entiers de Gaza à l’état de ruines, les Palestiniens ont été contraints d’évacuer leurs maisons et de fuir, souvent à plusieurs reprises, en quête de sécurité.

Les critiques affirment que ces destructions à grande échelle prouvent que les attaques israéliennes sont disproportionnées et ne parviennent pas à limiter les pertes civiles. Israël affirme ne pas cibler les civils et accuse le Hamas de mener des opérations militaires et de lancer des roquettes depuis des zones résidentielles surpeuplées.

Alors que l’armée israélienne a ordonné aux civils d’évacuer les zones de combat vers des «zones de sécurité» désignées, les coupures de courant, les coupures prolongées de communication et le manque d’accès à la technologie ont empêché nombre d’entre eux d’accéder à ces informations.

Même lorsque ces instructions étaient accessibles, elles prêtaient à confusion. Les enquêtes menées par les médias internationaux ont révélé qu’Israël avait fréquemment émis de vagues instructions d’évacuation pour ensuite cibler des zones qu’il qualifiait de «sûres».

Cependant, pour de nombreuses personnes handicapées, en particulier celles souffrant de difficultés motrices, fuir l’offensive israélienne est pratiquement impossible.

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Des Palestiniens déplacés transportent leurs affaires vers un camp de tentes de fortune à Rafah, près de la frontière avec l'Égypte, dans le sud de la bande de Gaza, dimanche. (AFP)

«Les personnes handicapées sont séparées de leur famille, de leurs amis, de leurs réseaux de soutien», soutient Lise Salavert. «Certains sont physiquement incapables d’évacuer leur maison, même s’ils le souhaitent. D’autres ne peuvent pas accéder aux ordres d’évacuation.»

«Les habitants malentendants de Gaza ne peuvent pas entendre les roquettes en train de tomber – et ils ne sauront donc pas quand se mettre à l’abri. Nombre d’entre eux ont perdu leurs appareils auditifs et leurs médicaments.»

Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans a également privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, tels que les fauteuils roulants et les membres artificiels. Aujourd’hui, avec l’aide humanitaire limitée qui parvient à l’enclave, les besoins particuliers de ce groupe ne sont toujours pas satisfaits.

en chiffres

• 130 000 personnes dans la bande de Gaza vivaient avec un handicap permanent avant la guerre.

• 21% des ménages à Gaza comptaient au moins une personne handicapée avant la guerre.

• 9 000: c’est le nombre d’enfants blessés pendant la guerre, dont beaucoup ont perdu des membres.

(Source: Euro-Med Monitor, Handicap International)

 

La peur de devoir survivre à cette guerre avec un handicap hante presque tout le monde dans la bande de Gaza. Un rapport publié le mois dernier par Handicap International révèle que les blessures subies par les Palestiniens lors des attaques comprennent des fractures, des lésions des nerfs périphériques, des amputations, des lésions de la moelle épinière et du cerveau, ainsi que des brûlures.

Selon le Fonds des nations unies pour l'enfance (Unicef), un grand nombre des 9 000 enfants blessés à Gaza ont perdu un ou plusieurs membres. Même avant la guerre, 21% des ménages de Gaza comptaient au moins une personne handicapée.

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Une jeune fille blessée est transportée en fauteuil roulant vers un hôpital de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 novembre 2023. (AFP)

Mme Salavert estime que l’utilisation massive d’armes explosives lourdes à Gaza, à ce niveau d’intensité, «est inédite dans l’Histoire récente».

Elle déclare à Arab News: «Ces bombes n’ont pas seulement détruit des hôpitaux et des écoles. Elles ont volé aux civils des bras et des jambes. Elles ont percé des moelles épinières. Elles ont infligé des traumatismes aux cerveaux et aux yeux.»

«Ces bombes ont privé les civils de leur ouïe, en leur perforant le tympan. À l’intérieur, à l’abri des regards, les ondes de choc des bombes ont endommagé les organes.»

«Les bombes détruisent l’intégrité du corps, de l’esprit et du sentiment d’appartenance, d’autonomie et de dignité des gens. Les bombes empêchent également ces corps d'être soignés…»

Le manque d’accès aux soins de santé et aux services humanitaires ne fait qu’aggraver la situation.

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Cette photo, prise le 3 août 2021, montre des joueurs palestiniens amputés s’affrontant lors d’un match de football au stade Yarmouk, dans la ville de Gaza. Le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis seize ans et son offensive militaire en cours ont privé les personnes handicapées des appareils fonctionnels nécessaires, comme les fauteuils roulants et les membres artificiels. (AFP)

Les hôpitaux sont submergés de blessés, tandis que nombre d’entre eux auraient été endommagés lors des combats. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 304 attaques ont directement ciblé les infrastructures et le personnel de santé, touchant 94 établissements et 79 ambulances.

Le blocus imposé par Israël à Gaza a également empêché les médicaments nécessaires, comme les analgésiques, les antibiotiques et les anesthésiques, de parvenir à l’enclave, ce qui signifie que les professionnels de santé n’ont pas la possibilité de soulager la douleur de leurs patients ou de traiter les infections.

Selon le rapport de l’organisation Handicap International du mois de décembre, bon nombre des personnes blessées à Gaza pourraient développer, à long terme, des handicaps qui auraient pu être évités.

«De nombreuses personnes blessées par les bombardements souffrent de fractures, nécessitant des soins orthopédiques urgents pour éviter des complications irréversibles comme les douleurs, les contractions musculaires et les déformations», explique Florence Daunis, directrice des opérations de l’ONG, dans le rapport.

Les proches des survivants portent également le fardeau de ces blessures, pour la plupart des femmes, qui se retrouvent contraintes à «un rôle de soignante à vie qui aurait pu être évité», déclare Lise Salavert à Arab News.

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Une Palestinienne veille sur sa fille, Lama al-Agha, âgée de 14 ans, à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 31 octobre 2023. Elle est prise en charge pour des blessures résultant d’une frappe israélienne. Sarah, la sœur de Lama, est dans un lit adjacent qu’on ne voit pas sur la photo. Elle a été blessée lors d’une frappe du 12 octobre qui a tué sa jumelle, Sama, et son frère Yahya, 12 ans, indique leur mère, assise entre les deux lits d’hôpital. (AFP)

Aux souffrances des soignants s’ajoutent les conditions économiques désastreuses, les conséquences sur la santé mentale causées par la guerre et la pression exercée pour soutenir les proches handicapés.

«Ces armes provoquent des troubles de stress post-traumatique, de l’anxiété et de la dépression à la majorité des 2,3 millions d’habitants de Gaza, dont la moitié sont des enfants», poursuit Mme Salavert, qui s’attend à ce que les conséquences de la guerre sur la santé mentale persistent pour les générations à venir.

Elle avertit que l’utilisation par Israël d’armes telles que des bombes de plus de 900 kg «sème le désespoir et le ressentiment» chez les Palestiniens.

Alors qu’Israël s’est engagé à poursuivre ses opérations militaires dans la bande de Gaza pendant «plusieurs mois encore», malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu immédiat, la population handicapée de l’enclave, qui a besoin de bien plus qu’une simple aide humanitaire, est confrontée à un destin tragique.

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Un obusier israélien M109 tire des obus de 155 mm sur la bande de Gaza, dans le cadre de l'offensive israélienne contre les militants du Hamas. Malheureusement, ce sont les civils qui sont victimes des bombardements. (Shutterstock)

«Les agences humanitaires comme la nôtre ont besoin d’un accès sûr et sans entrave à toutes les zones de Gaza et de Cisjordanie, afin de pouvoir parvenir jusqu’à ces personnes», précise Lise Salavert.

«Mais la guerre entrave ce processus, bloquant les appareils d’assistance, empêchant la thérapie physique, le soutien psychosocial et toute autre aide à laquelle ils ont droit. Les personnes handicapées ont besoin que les lois et les politiques conçues pour les protéger soient respectées.»

Avant le 7 octobre, en moyenne, 500 camions humanitaires entraient quotidiennement dans la bande de Gaza assiégée, selon Handicap International. Ce nombre a chuté, au cours de la période du 20 octobre au 21 novembre, à moins de 100 camions.

Après la réouverture du poste-frontière égyptien de Rafah en novembre, entre 100 et 300 camions sont entrés chaque jour à Gaza. Mais «les besoins ont considérablement augmenté», ajoute Mme Salavert, indiquant qu’au moins 500 camions sont nécessaires chaque jour pour aider la population affamée de Gaza.

Les organisations humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), ont mis en garde contre le risque d’une famine à Gaza si une aide adéquate n’était pas rétablie.

Lise Salavert appelle à l’acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins urgents des civils de Gaza, ajoutant que l’aide devrait être autorisée à franchir tous les points de passage frontaliers pour soulager l’ensemble de la population.

«Seul un cessez-le-feu pourrait garantir que les organisations humanitaires fournissent le soutien adéquat nécessaire», conclut-elle.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le retrait de Soueida fragilise le pouvoir syrien

Cette photographie aérienne montre de la fumée s'élevant au-dessus des bâtiments du village d'al-Mazraa, dans le gouvernorat de Sweida, au sud de la Syrie, alors que les affrontements entre les combattants des tribus bédouines et les hommes armés druzes se poursuivent, le 18 juillet 2025. (AFP)
Cette photographie aérienne montre de la fumée s'élevant au-dessus des bâtiments du village d'al-Mazraa, dans le gouvernorat de Sweida, au sud de la Syrie, alors que les affrontements entre les combattants des tribus bédouines et les hommes armés druzes se poursuivent, le 18 juillet 2025. (AFP)
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  • Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est vu contraint de retirer ses forces du bastion druze de Soueida meurtri par des violences inter-communautaires, poussé par les frappes et menaces israéliennes ainsi que les pressions internationales
  • M. Chareh a reconnu que ses options étaient limitées et qu'il avait le choix entre "une guerre ouverte avec l'entité israélienne aux dépens de notre peuple druze" ou "donner la priorité à l'intérêt national"

BEYROUTH: Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est vu contraint de retirer ses forces du bastion druze de Soueida meurtri par des violences inter-communautaires, poussé par les frappes et menaces israéliennes ainsi que les pressions internationales.

Depuis qu'il a pris le pouvoir en décembre après avoir évincé Bachar al-Assad, M. Chareh s'est efforcé de se détacher de son passé de jihadiste et de rétablir l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire morcelé par la guerre civile pendant plus d'une décennie.

Mais le retrait de ses troupes de Soueida dans le sud de la Syrie, déployées pour rétablir l'ordre après des combats entre tribus bédouines sunnites et combattants druzes, a entamé son influence.

Qu'est ce qui a motivé la décision de M. Chareh? Et les violences répétées impliquant les minorités portent-elles atteinte à son leadership?

- Pressions internationales -

Dans son discours jeudi, M. Chareh a souligné que "l'intervention efficace de la médiation américaine, arabe et turque, avait sauvé la région d'un sort inconnu", quelques heures après des frappes israéliennes contre des cibles du pouvoir à Damas.

Israël, qui affirme soutenir la minorité druze, une branche de l'islam, a menacé d'intensifier ses bombardements si M. Chareh ne retirait pas ses troupes de Soueida, où quatre jours de combats ont fait près de 600 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les Etats-Unis, qui se sont rapprochés de la Syrie depuis l'arrivée au pouvoir de M. Chareh, ont appelé mercredi les forces gouvernementales à se retirer de Soueida, afin d'apaiser les tensions avec leur allié israélien.

Pour Jamal Mansour, analyste spécialisé dans les études syriennes et israéliennes à l'Université de Toronto, "le retrait a été imposé au pouvoir vu le déséquilibre des forces avec (l'intervention) d'Israël".

"Américains et Israéliens ont poussé (pour un retrait), et le pouvoir a été contraint de battre en retraite (...) car il était incapable de conserver (son contrôle) sur cette région sans payer un prix très élevé qui aurait entraîné une nouvelle intervention israélienne."

- Menaces israéliennes -

M. Chareh a reconnu que ses options étaient limitées et qu'il avait le choix entre "une guerre ouverte avec l'entité israélienne aux dépens de notre peuple druze" ou "donner la priorité à l'intérêt national".

Après l'entrée des troupes à Soueida, Israël a bombardé le QG de l'armée à Damas et les environs du palais présidentiel.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que le retrait avait été obtenu "par la force".

Face à la pression militaire israélienne, une source diplomatique occidentale a déclaré à l'AFP que "Chareh était conscient de la situation. Il est réaliste, il sait que la Syrie est en position de faiblesse et que la meilleure option est de parvenir à un accord avec les Israéliens".

Heiko Wimmen, directeur de l'International Crisis Group pour l'Irak, la Syrie et le Liban, estime que le retrait de Soueida montre que M. Chareh "fait un pas de plus vers l'acceptation de la réalité, à savoir l'influence israélienne aux portes de Damas".

Le pouvoir syrien a reconnu l'existence de négociations indirectes avec Israël, qui occupe une partie du Golan syrien depuis 1967 et a déployé des troupes il y a quelques mois à certains endroits du sud de la Syrie.

Pour Jamal Mansour, les événements de Soueida "placent Israël dans une meilleure position dans les  négociations".

Un accord de normalisation entre les deux pays voisins est peu probable, selon la source diplomatique, mais il est possible pour Israël de parvenir à un accord de sécurité avec la Syrie à des conditions qui lui conviennent.

- Contrôle des factions -

Après près de 14 ans de guerre civile et des décennies de répression sous Assad, M. Chareh veut  satisfaire sa base populaire et aussi unir le pays sous l'autorité de l'Etat.

Mais le retrait de Soueida nuit à ces efforts, déjà sapés par les violences meurtrières en mars contre la minorité alaouite.

Ce retrait jette le doute sur la capacité de M. Chareh à contrôler les diverses factions, notamment les groupes jihadistes, après l'annonce en janvier de la dissolution de tous les groupes armés et leur intégration à l'Etat.

Pour Jamal Mansour, ce qui s'est passé à Soueida "révèle la faiblesse de l'autorité de Chareh". "Le défi pour lui est de pouvoir consolider son autorité" sur ces factions et "de contrôler l'appareil sécuritaire".

Les Kurdes, eux, restent attachés à leur administration autonome dans le nord-est du pays.

Pour Heiko Wimmen, le pouvoir a donné aux Kurdes "de nombreuses raisons d'être très méfiants à l'égard de toute forme d'intégration".


Syrie: affrontements entre combattants tribaux et druzes aux abords de Soueida

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  • Les forces gouvernementales se sont retirées jeudi de la ville à majorité druze de Soueida, le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, affirmant sa volonté d'éviter une "guerre ouverte" avec Israël qui dit vouloir protéger les druzes.
  • Un cessez-le-feu est entré en vigueur mais la présidence syrienne a accusé jeudi soir dans un communiqué les combattants druzes de le violer.

WALGHA: Des affrontements opposent vendredi des combattants tribaux, proches des autorités syriennes, aux groupes druzes aux abords de la ville de Soueida, dans le sud de la Syrie, d'où les forces gouvernementales se sont retirées, ont indiqué à l'AFP une ONG et des sources au sein des belligérants.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme a fait état "d'affrontements à l'ouest de Soueida entre des combattants tribaux et des bédouins d'un côté, soutenus par les autorités, et des combattants druzes de l'autre".

Des combattants des deux bords ont confirmé aux correspondants de l'AFP des échanges de tirs.

Les forces gouvernementales se sont retirées jeudi de la ville à majorité druze de Soueida, le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, affirmant sa volonté d'éviter une "guerre ouverte" avec Israël qui dit vouloir protéger les druzes.

Le pouvoir syrien était intervenu dans la région en début de semaine, dans le but affiché de mettre fin à des affrontements entre combattants druzes et tribus bédouines sunnites locales. Les violences ont fait près de 600 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'OSDH, des groupes druzes et des témoins ont accusé les forces gouvernementales de prendre le parti des bédouins et d'avoir commis des exactions lors de leur déploiement à Soueida.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur mais la présidence syrienne a accusé jeudi soir dans un communiqué les combattants druzes de le violer.

Vendredi matin, des combattants de tribus arabes sunnites, qui ont afflué de différentes régions syriennes pour prêter main forte aux bédouins, étaient massés dans plusieurs villages autour de Soueida, selon trois correspondants de l'AFP sur place.

Des tirs et des explosions étaient entendus par intermittence.

Plusieurs combattants druzes ont indiqué au correspondant de l'AFP à Soueida répliquer aux sources de tirs à l'ouest de la ville.

Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé au correspondant de l'AFP près du village de Walgha être venu avec ses hommes de la région de Hama (centre) "en réponse aux appels à l'aide des bédouins".

Un correspondant de l'AFP a vu des maisons, des commerces et des voitures brûlés ou encore en train de brûler, dans le village druze de Walgha désormais sous contrôle des forces tribales et des bédouins.

Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700.000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam est aussi implantée au Liban et en Israël.


Les ministres des AE du Moyen-Orient soutiennent la sécurité, la stabilité et la souveraineté de la Syrie

 Le ministre des affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le ministre des affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
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  • Les ministres des Affaires étrangères ont salué l'engagement du président syrien à demander des comptes à tous les responsables des violations commises contre les citoyens syriens dans le gouvernorat de Sweida
  • Le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane, et ses homologues de Jordanie, des Émirats arabes unis, du Qatar, de Bahreïn, d'Irak, d'Oman, du Koweït, du Liban, d'Égypte et de Turquie ont eu des entretiens intensifs

RIYADH : Les ministres des Affaires étrangères des pays du Moyen-Orient, dont l'Arabie saoudite, ont affirmé leur soutien à la sécurité, à l'unité, à la stabilité et à la souveraineté de la Syrie dans une déclaration commune publiée jeudi.

Le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal bin Farhan, et ses homologues de Jordanie, des Émirats arabes unis, du Qatar, de Bahreïn, d'Irak, d'Oman, du Koweït, du Liban, d'Égypte et de Turquie ont eu des entretiens intensifs sur l'évolution de la situation en Syrie au cours des deux derniers jours.

Les discussions visaient à définir une position commune et à coordonner les efforts pour soutenir le gouvernement syrien dans ses efforts pour reconstruire la Syrie sur des bases qui garantissent sa sécurité, sa stabilité, son unité, sa souveraineté et les droits de tous ses citoyens.

Le prince Faisal s'est entretenu jeudi avec le secrétaire d'État américain Marco Rubio pour souligner l'importance du respect de l'indépendance et de la souveraineté de la Syrie, la nécessité de mettre fin à l'agression israélienne sur le territoire syrien et l'importance d'unir les efforts pour soutenir les mesures prises par le gouvernement syrien pour instaurer la sécurité et faire respecter l'État de droit sur l'ensemble de son territoire.

Les ministres des affaires étrangères ont salué le cessez-le-feu conclu pour mettre fin à la crise dans le gouvernorat de Sweida et ont souligné la nécessité de sa mise en œuvre pour protéger la Syrie, son unité et ses citoyens, empêcher l'effusion de sang syrien et assurer la protection des civils et de l'État de droit.

Ils se sont également félicités de l'engagement pris par le président syrien Ahmad Al-Sharaa de demander des comptes à tous les responsables des violations commises à l'encontre des citoyens syriens dans le gouvernorat de Sweida.

Les ministres ont exprimé leur soutien à tous les efforts visant à instaurer la sécurité et l'État de droit dans le gouvernorat de Sweida et dans l'ensemble de la Syrie.

Ils ont également condamné et rejeté les attaques israéliennes répétées contre la Syrie et ont déclaré qu'elles constituaient des violations flagrantes du droit international et une atteinte manifeste à la souveraineté de la Syrie, qui déstabilise sa sécurité, sa stabilité et son unité et sape les efforts déployés par le gouvernement pour construire une nouvelle Syrie qui réponde aux aspirations et aux choix de son peuple.

Ils ont ajouté que la sécurité et la stabilité de la Syrie sont un pilier de la sécurité et de la stabilité régionales et une priorité commune.

Les ministres ont appelé la communauté internationale à soutenir le gouvernement syrien dans son processus de reconstruction et ont demandé au Conseil de sécurité d'assumer ses responsabilités juridiques et morales afin de garantir le retrait total d'Israël des territoires syriens occupés, la cessation de toutes les hostilités israéliennes contre la Syrie et de toute ingérence dans ses affaires, ainsi que la mise en œuvre de la résolution 2766 et de l'accord de désengagement de 1974.