En Antarctique, le plus grand iceberg du monde à la dérive

Cette image diffusée par EYOS Expeditions le 19 janvier 2024 montre une vue aérienne de l'iceberg A23a dans les eaux de l'océan Austral au large de l'Antarctique le 14 janvier. (Photo de Richard Sidey  EYOS Expeditions  AFP)
Cette image diffusée par EYOS Expeditions le 19 janvier 2024 montre une vue aérienne de l'iceberg A23a dans les eaux de l'océan Austral au large de l'Antarctique le 14 janvier. (Photo de Richard Sidey EYOS Expeditions AFP)
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Publié le Samedi 20 janvier 2024

En Antarctique, le plus grand iceberg du monde à la dérive

  • L'iceberg, en forme de dent et baptisé A23a, mesure près de 4.000 kilomètres carrés - soit 40 fois Paris, son poids est estimé à près de mille milliards de tonnes et son épaisseur atteint 400 mètres à certains endroits
  • Depuis que A23a s'est détaché du continent blanc, il a suivi peu ou prou la même trajectoire que les précédents icebergs massifs A68 et A76: en passant par le côté est de la péninsule antarctique et la mer de Weddell, le long du «couloir des icebergs»

Paris : Impossible ce jour-là de l’apercevoir à travers l'épais brouillard des mers de l'Antarctique, mais Ian Strachan, chef d'expédition, savait que son navire s'approchait d'un mastodonte glacé: le plus grand iceberg du monde flottait quelque part devant lui.

«Et puis les nuages se sont dissipés et nous avons vu cette ligne blanche, presque abstraite, s'étendre le long de la ligne d'horizon», raconte Ian Strachan, qui a rencontré l'iceberg pour la première fois dimanche dernier.

A mesure que son navire s'avançait, apparaissaient d'énormes crevasses béantes et de magnifiques arcs bleus, sculptés dans le mur de glace. Certaines arches s'étaient effondrées sous les coups de vagues hautes de quatre mètres, décrit-il.

L'iceberg, en forme de dent et baptisé A23a, mesure près de 4.000 kilomètres carrés - soit 40 fois Paris.

Son poids est estimé à près de mille milliards de tonnes et son épaisseur atteint 400 mètres à certains endroits. Faisant route vers le nord de l'océan austral, il se situe actuellement entre l'île de l'Éléphant et les îles Orcades du Sud.

L'expédition privée de Ian Strachan, gérée par la société EYOS expeditions, n'a pas été le premier témoin du spectacle.

En décembre dernier, le navire britannique de recherche polaire RRS Sir David Attenborough effectuait une mission scientifique en Antarctique, quand A23a lui a barré la route.

Le chef de l'expédition, Andrew Meijers, se souvient de ce «moment magique» à l'approche de l'iceberg, le soleil apparaissant, un groupe d'orques passant à la nage...

«Il nous a fallu six heures pour le dépasser, à toute vapeur», dit ce scientifique du British Antarctic Survey.

- «Son heure est venue» -

L'iceberg A23a s'est détaché de la côte antarctique pour la première fois en 1986, ce qui en fait à la fois le plus ancien et le plus grand du monde.

Mais il s'est rapidement retrouvé coincé sur des hauts-fonds de l'océan, où il a stagné durant trois décennies. En 2020, Andrew Fleming, également du British Antarctic Survey, avait vu des images satellite suggérant que le géant «vacillait».

A23a a fini par se libérer à la fin de l'année dernière, et commencé à s'aventurer vers le nord.

La question d'un lien avec le changement climatique - la banquise hivernale de l'Antarctique a atteint un niveau bas record en 2023 - reste ouverte. Selon Andrew Meijers, cela revient à essayer d’attribuer un seul incendie ou une seule inondation au réchauffement climatique.

Andrew Fleming précise néanmoins que la formation de ce genre d'icebergs est un processus naturel et que chaque année, un ou deux immenses blocs de glace se détachent du continent blanc.

«Il est plus probable que son heure soit venue» et qu'il vive ses derniers mois, pense Andrew Fleming. La «grosse bête», comme il la surnomme, avance au pas. «Le Titanic aurait eu le temps de la voir venir».

Depuis que A23a s'est détaché du continent blanc, il a suivi peu ou prou la même trajectoire que les précédents icebergs massifs A68 et A76: en passant par le côté est de la péninsule antarctique et la mer de Weddell, le long d'une route dite «couloir des icebergs».

Des eaux plus chaudes et des vagues plus grandes vont probablement le briser sur sa route, détaille Andrew Fleming.

S'il suit les pas de ses deux prédécesseurs il se dirigera vers l'île de Géorgie du Sud, qui abrite une faune très riche comme les manchots et les phoques.

Ce qui soulève une légère inquiétude car si l'iceberg venait à stationner près de l'île, il risquerait d'empêcher ces animaux d'accéder à leur lieu de nourrissage habituel. Un scénario néanmoins peu probable.

L'iceberg A68 s'était plutôt fragmenté en petits morceaux, rendant la navigation difficile pour les bateaux de pêche, a expliqué Andrew Meijers.

Il est donc plus probable que A23a dérive autour de l'île et continue à serpenter vers le nord. Et finisse par fondre dans des eaux plus chaudes, comme tous les icebergs allant dans cette direction.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.