CASABLANCA: Le Maroc accélère le renforcement de ses infrastructures. En ce début d’année, c’est le branle-bas pour les entreprises publiques spécialisées dans les transports. La compagnie nationale de transport aérien, Royal Air Maroc, a lancé mi-octobre un programme d’investissement colossal dans le but de quadrupler sa flotte. L’objectif est d’atteindre plus de 200 appareils d’ici à 2037. Quelques jours après, c’est l’Office national des chemins de fer (ONCF) qui a annoncé un plan stratégique similaire qui visait notamment le renforcement de sa flotte et l’émergence d’une industrie ferroviaire Made in Morocco, à l’instar des industries automobile et aéronautique, devenues de véritables secteurs clés à l’export.
Appel à concurrence
L’ONCF a ainsi lancé un appel à concurrence pour l’acquisition de 168 trains. Il concerne 150 trains qui seront utilisés pour différents services (intervilles, navettes rapides et métropolitains), ainsi que 18 trains à grande vitesse destinés aux extensions des lignes à grande vitesse. Le montant du marché s’élève à 1,5 milliard d’euros. «Cette acquisition vise à accompagner la forte croissance du trafic voyageur et à remplacer une partie de la flotte matériel roulant arrivée en fin de vie. En outre, elle aura pour mission d’assurer les liaisons sur la future extension de ligne à grande vitesse vers Marrakech ainsi que de garantir le service de proximité, type RER, dans les régions de Casablanca et Rabat», explique l’ONCF dans la communication relative au lancement de cet appel à concurrence.
L’ONCF avait déjà lancé en septembre 2022 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) international autour de cette acquisition. À l’issue de cette démarche, l’ONCF a reçu dix expressions d’intérêt de la part de la majorité des constructeurs internationaux de matériel roulant.
Selon des sources proches du dossier, une alliance serait envisageable entre Alstom et Talgo pour se partager le marché. Ils pourraient présenter une offre commune et établir une joint-venture au Maroc.
Le constructeur ferroviaire Alstom aurait, selon nos informations, plus de chances de remporter ce marché juteux dans la mesure où il est l’un des fournisseurs majeurs de matériel roulant au Maroc et qu’il présente une offre meilleure que ses concurrents dans le cadre de la mise en place d’un écosystème industriel au Maroc, avec, à la clé, un important taux d’intégration local.
Rappelons que la première ligne de train à grande vitesse marocain est signée Alstom. Le groupe français se serait ainsi positionné dans cet appel d’offres à travers sa filiale espagnole, qui a déjà remporté plusieurs marchés au Maroc, notamment pour les tramways de Casablanca et Rabat. En Espagne, un autre concurrent, Talgo, a déjà exprimé son intention de placer ses cartes dans cette course à l’appel d’offres de l’ONCF, l’un des plus importants de ces dernières années.
Alliance envisageable
Selon des sources proches du dossier, une alliance serait envisageable entre Alstom et Talgo pour se partager le marché. Ils pourraient présenter une offre commune et établir une joint-venture au Maroc. La proximité géographique du voisin ibérique avec le royaume du Maroc et le réchauffement des relations bilatérales pourraient jouer en faveur d’un rapprochement entre les deux groupes européens.
Si l’ONCF et la Royal Air Maroc affichent aujourd’hui leurs ambitions de développement structurel, c’est que le Maroc nourrit de grands désirs de positionnement régional en termes d’attractivité touristique et de développement industriel. De plus, il souhaite devenir peu à peu une véritable base arrière des énergies renouvelables, notamment pour le continent européen.
Par ailleurs, la Coupe du monde de football 2030 (organisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal) approche et cette échéance aurait poussé ces entreprises publiques à accélérer le déploiement de leurs stratégies de développement et de montée en puissance, que ce soit en termes de voilure et de flotte ou pour le développement de véritables industries locales.