DAKAR: La Cour suprême sénégalaise statue jeudi sur la condamnation d'Ousmane Sonko pour diffamation à six mois de prison avec sursis et sa décision pourrait compromettre les chances de l'opposant emprisonné de participer à la présidentielle du 25 février.
Le sort judiciaire de M. Sonko, l'une des principales figures de l'opposition, candidat déclaré à la présidentielle, crispe la vie politique sénégalaise depuis 2021 et a donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers.
Selon son camp, il jouit toujours de ses droits civiques depuis qu'un juge a ordonné mi-décembre sa réinscription sur les listes électorales.
L'audience s'est ouverte jeudi matin en l'absence du prévenu, mais en présence des avocats des deux parties, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ousmane Sonko, 49 ans, troisième lors de la présidentielle de 2019, est poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang pour "diffamation, injures et faux".
M. Sonko avait été condamné en mars, en première instance, à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300.000 euros) de dommages et intérêts. Ses avocats avaient assuré que cette condamnation n'aurait pas d'effet sur son éligibilité.
En appel au mois de mai, et en l'absence de M. Sonko, la justice a durci la peine : elle a confirmé les 200 millions de francs CFA de dédommagement, mais a porté à six mois l'emprisonnement avec sursis, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle.
La décision de la Cour suprême va clôturer cette affaire.
«Balle de match»
"Ce procès est la balle de match. On est tenu par les délais", a déclaré Me Cheikh Koureyssi Ba, l'un des conseils de l'opposant.
Le mandataire de M. Sonko doit passer vendredi devant la commission de contrôle des parrainages du Conseil constitutionnel.
Mercredi, cet organe a validé le dossier d'Habib Sy, un candidat du même bord politique que M. Sonko, qui a promis de se désister si le leader de sa formation peut se présenter.
"Cette affaire est une opération de liquidation politique d'un adversaire, avec un chronogramme où on compte les jours pour dire que telle personne ne participera pas à l'élection présidentielle. Monsieur le président, j'espère que cette commande politique ne passera pas devant vous", a estimé Me Massokhna Kane, en clôturant la plaidoirie des avocats de M. Sonko.
Dans une autre procédure, M. Sonko a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. L'opposant ne s'était pas présenté au procès et a été condamné par contumace.
Il est emprisonné depuis fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection, et dénonce toutes ces affaires comme des complots visant à l'écarter de la présidentielle.
La personnalité de M. Sonko divise. Son discours souverainiste, panafricaniste et social, ses diatribes contre les élites, la corruption et l'emprise économique et politique exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française, lui valent une forte adhésion parmi les jeunes.