SARAJEVO: L'entité serbe de Bosnie (Republika Srpska, RS) se dotera prochainement de sa propre législation électorale et organisera elle-même ses scrutins, un processus actuellement géré par une commission électorale centrale, a annoncé mercredi son président Milorad Dodik.
Il s'agit d'un nouveau coup que le chef des Serbes de Bosnie veut porter contre le niveau central du pouvoir dans ce pays des Balkans divisé selon les lignes de fracture communautaire.
Le Parlement de la Republika Srpska (RS) a adopté en juin 2023 une loi interdisant la mise en œuvre dans cette entité des décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie.
Malgré l'annulation de cette loi par le Haut représentant international dans le pays, Christian Schmidt, elle a été promulguée par Milorad Dodik, inculpé ensuite par la justice locale pour le rejet de l'autorité de cet émissaire dont le rôle est de veiller au respect de l'accord de paix.
"Nous sommes déterminés à créer une nouvelle loi (...) la loi électorale de la Republika Srpska", a déclaré M. Dodik à la presse, à l'issue d'une réunion à Banja Luka (nord), chef-lieu de l'entité serbe, avec les chefs des partis de la coalition au pouvoir.
Cette nouvelle législation chargera, selon lui, une commission électorale de la RS d'organiser des élections dans l'entité serbe pour élire son président, les députés de son Parlement, ainsi que les maires et les conseillers municipaux.
La commission électorale centrale sera toujours chargée d'organiser les scrutins pour élire les députés du Parlement central bosnien et les membres de la présidence collégiale du pays, a expliqué le dirigeant serbe bosnien.
"La loi est déjà prête" et sera bientôt proposée au Parlement de l'entité pour son adoption "par une procédure accélérée", selon lui.
Depuis la fin de la guerre intercommunautaire, qui a fait près de 100.000 morts de 1992 à 1995, la Bosnie est divisée en deux entités largement autonomes, serbe et croato-bosniaque, reliées par les institutions centrales.
Des réformes importantes ont été mises en place dans les années après la guerre, sous la pression internationale, pour renforcer les institutions centrales du pays, au détriment des entités.
Ce processus a été ralenti par Milorad Dodik, au pouvoir depuis 2006, qui essaye maintenant de récupérer les compétences transférées vers le niveau central.
Les élections sont organisées depuis 2001 dans tout le pays par la commission électorale centrale.
Cette annonce intervient au moment où le Haut représentant international évoque l'éventualité d'imposer des changements de la loi électorale en vigueur, pour lutter contre des irrégularités.
Les prochaines élections municipales auront lieu à l'automne et les élections générales en 2026.