Décès à 81 ans de Wolfgang Schäuble, figure du monde politique allemand

Wolfgang Schäuble est décédé à l'âge de 81 ans. (AFP)
Wolfgang Schäuble est décédé à l'âge de 81 ans. (AFP)
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Publié le Mercredi 27 décembre 2023

Décès à 81 ans de Wolfgang Schäuble, figure du monde politique allemand

  • Wolfgang Schäuble fut ministre des Finances pendant des années en Allemagne et l'un des artisans de la réunification de son pays en 1990
  • Paraplégique depuis un attentat en 1990, il fut l'une des figures les plus marquantes de la vie politique allemande des 30 dernières années

FRANCFORT: Figure marquante de la vie politique allemande de l'après-guerre, il a incarné à lui seul pendant des années le rigorisme budgétaire promu par son pays en Europe: Wolfgang Schäuble s'est éteint à l'âge de 81 ans.

"Wolfgang Schäuble a façonné notre pays pendant plus d'un demi-siècle: en tant que député, ministre et président du Bundestag. Avec lui, l'Allemagne perd un penseur aiguisé, un homme politique passionné et un démocrate pugnace", a salué le chancelier allemand Olaf Scholz, dans un message sur X (ex-Twitter) publié mercredi matin.

Cette personnalité de premier plan du parti conservateur allemand CDU, qu'il présida à la fin des années 1990, est décédé mardi soir "paisiblement" après avoir lutté pendant plusieurs années contre un cancer, selon le quotidien Bild.

Ministre à partir de 1984, notamment à l'Intérieur et aux Finances pendant des années, il a marqué la vie politique allemande des 3 dernières décennies, terminant sa longue carrière comme président de la chambre des députés entre 2017 et 2021.

Décès de Schäuble: Lagarde salue un des "européens les plus influents de sa génération"

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a salué mercredi Wolfgang Schäuble, "un des dirigeants européens les plus influents de sa génération", s'exprimant dans la foulée de l'annonce du décès de ce dernier.

"Je suis profondément attristée d'apprendre le décès de Wolfgang Schäuble . Il fut l'un des dirigeants européens les plus influents de sa génération", a écrit Mme Lagarde dans un message publié sur X (ex-Twitter).

"J'ai personnellement été témoin de son engagement en faveur de l'Europe, de sa rigueur intellectuelle et de son sens politique. Mes pensées vont à sa famille", a-t-elle ajouté dans son message, agrémenté d'une photo des deux personnalités politiques souriantes, côte à côte.

Christine Lagarde et Wolfgang Schäuble se sont côtoyés à de plusieurs reprises au fil de leurs carrières respectives.

Lorsqu'elle détenait le portefeuille de ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2011, M. Schäuble était son homologue aux Finances à partir de 2009.

En 2011, il avait appuyé Mme Lagarde comme candidate de l'UE à la tête du FMI, faisant son éloge et affirmant qu'elle était "respectée et appréciée dans tout le monde de la finance".

Lors de son premier discours à la tête de la BCE en 2019, Mme Lagarde avait rendu hommage à M. Schäuble, très critique de cette institution lorsqu'il occupait les fonctions de ministre des Finances allemand.

Attentat

Paraplégique depuis une tentative d'assassinat contre lui en octobre 1990, il se déplaçait en fauteuil roulant.

Il a d'abord œuvré à la négociation et à la signature du traité de réunification des deux Allemagnes en 1990, entrant de ce fait très tôt dans l'histoire de son pays comme cheville ouvrière du chancelier de l'époque, Helmut Kohl.

Mais c'est au portefeuille des Finances à partir de 2009 que Wolfgang Schäuble s'est surtout fait connaître. Il y défendit avec poigne la rigueur budgétaire que Berlin n'a eu de cesse de promouvoir en Europe, notamment pendant la crise financière en zone euro à partir de 2010.

C'est surtout en Grèce qu'il s'est attiré des inimitiés après avoir s'être montré inflexible lors de la crise de la dette traversée par ce pays. En 2015, il avait évoqué en particulier l'idée d'une sortie de ce pays de la zone euro.

Son décès a suscité mercredi de nombreux commentaires désobligeants à son égard sur les réseaux sociaux en Grèce.

L'ancien ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, membre en 2015 du parti de gauche radicale Syriza, et qui à l'époque négocia avec Wolfgang Schäuble, a critiqué mercredi l'ancien grand argentier allemand pour avoir défendu une "austérité violente" et "l'appauvrissement de la Grèce".

Obstiné et ne mâchant pas ses mots, Wolfgang Schäuble n'a jamais hésité à endosser l'habit de Père Fouettard de la zone euro. Ce protestant rappelait sans cesse les uns et les autres à leurs "devoirs". Une attitude qu'il a aussi appliquée dans sa gestion des deniers publics allemands, en s'escrimant à  garder les finances à l'équilibre.

Militant de l'Europe

Au-delà de l'Allemagne, c'est au niveau européen que M. Schäuble a marqué son époque.

Né à Fribourg im Breisgau, à la frontière avec la France, il fut un militant infatigable du rapprochement franco-allemand et de la construction européenne. Il parlait lui-même couramment le français.

A la fin des années 1990, Wolfgang Schäuble avait proposé l'idée d'un "noyau dur" d'Etats "pionniers" qui pourraient avancer plus vite vers l’intégration européenne. Cette idée a fait son chemin avec notamment le lancement de l'euro.

Il s'est aussi toujours battu contre la montée des partis anti-système. En 2017, dans une lettre à ses "amis français", il avait mis en garde les électeurs du pays voisin contre la montée du populisme, se rangeant résolument du côté d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.

La grande déception de sa longue carrière politique fut d'avoir échoué à devenir chancelier. Bien placé à la fin des années 1990 pour succéder à Helmut Kohl, il se fit griller la politesse par Angela Merkel, suite notamment à une affaire de financement illégal qui éclaboussait le parti.

Les relations entre les deux rivaux conservateurs restèrent de ce fait très ambivalentes.

Fin 2022, il a critiqué l'ex-chancelière Angela Merkel, affirmant qu'elle n'avait pas fait pas partie des "grands chanceliers", et regretté l'aveuglement allemand face à la Russie.


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.