Le niveau de français exigé des immigrés s'élève au fil des ans

Arnaud Ingrand, enseignant, donne un cours de français à des personnes dont ce n'est pas la langue maternelle dans un centre social de Toulouse, le 20 décembre 2023. (Photo, AFP)
Arnaud Ingrand, enseignant, donne un cours de français à des personnes dont ce n'est pas la langue maternelle dans un centre social de Toulouse, le 20 décembre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 22 décembre 2023

Le niveau de français exigé des immigrés s'élève au fil des ans

  • Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé que «les personnes qui prétendent à un titre de séjour long sur le territoire national devront non seulement prendre des cours de français, mais réussir un examen»
  • L'an dernier, 316 174 premiers titres de séjour ont été délivrés, selon le ministère de l'Intérieur. Sur les 110.080 candidats, signataires du Contrat d'intégration républicaine (CIR), 46,5% ne possédaient pas le niveau A1 et ont dû se perfectionner

TOULOUSE: Jugés "excessifs", voire "inadaptés" par des enseignants, les niveaux de français requis pour les étrangers voulant vivre en France devraient encore se complexifier avec la loi immigration, s'inquiètent Ali et Ousmane qui découvrent la langue dans un centre social de Toulouse.

"On dit un ou une oeil?", demande à ses élèves Sylvie Bédrune, 65 ans, directrice d'école à la retraite qui enseigne bénévolement le français depuis dix ans. "Un?", avance d'un ton hésitant Ousmane*, 18 ans, arrivé du Nigeria en octobre.

Avec Nassim, jeune Afghan de 23 ans, en France depuis 2022, et cinq autres personnes d'Amérique du Sud ou d'Irak, Ousmane fait ses premiers pas dans la langue de Molière, dans une salle du premier étage du centre social du quartier populaire d'Empalot à Toulouse.

"Certains ont déjà des bonnes bases dans une autre langue, ils apprennent vite. Mais ce n'est pas le cas de tous", précise Anne Brabant, 53 ans, formatrice en Français langue étrangère (FLE) de la Ligue de l'enseignement de Haute-Garonne, association qui propose des activités éducatives et culturelles.

"Il y a des niveaux très différents. Certains n'ont jamais entendu le français et ne savent pas écrire dans leur langue maternelle (...) Il y a aussi des personnes qui ont une langue avec un autre alphabet", explique Arnaud Ingrand, 46 ans, autre formateur en FLE qui intervient dans ce centre social.

Un apprentissage "important"

Algérien sans papiers de 41 ans, Ali est en France depuis plus d'un an. Pour lui, "parler français est important". Alors chaque semaine, il assiste aux cours.

Mais s'il parvient à se faire comprendre à l'oral, il a encore du mal à écrire. "C'est compliqué (...) le niveau est très difficile!", souffle-t-il, préoccupé par ce que réserve la nouvelle loi immigration pour obtenir une carte de séjour.

Jusqu'à présent, les nouveaux arrivants, dont la maitrise du français était évaluée au dessous du niveau A1 (niveau introductif ou de découverte), devaient suivre 600 heures de formation prescrites par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).

L'assiduité aux cours était la seule condition à remplir. Désormais, il s'en suivra un test écrit et oral.

Devant le Sénat en novembre, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé que "les personnes qui prétendent à un titre de séjour long sur le territoire national devront non seulement prendre des cours de français, mais réussir un examen".

Sans réussite "il ne peut pas y avoir de titre de séjour", a-t-il souligné.

Selon Arnaud Ingrand, ce pré-requis "est insensé" car la formation proposée n'est pas suffisante: "600 heures pour apprendre le français, c'est impossible!"

Et le niveau devrait être encore relevé pour les demandeurs de carte de résident, valable dix ans, et les candidats à la nationalité.

Pénaliser les plus précaires

"De pire en pire! s'insurge Anne Brabant. Plus les années passent et plus les niveaux de français demandés aux étrangers se durcissent."

Concernant l'obtention de la nationalité, "depuis 2020 déjà il faut avoir un niveau B1: savoir raconter un événement et comprendre une discussion", précise-t-elle.

Cela "a fortement pénalisé les personnes les plus précaires", selon un rapport du collectif Le Français pour tous, publié en novembre et qui dénonce "des niveaux excessifs et inadaptés".

Avec la loi immigration, c'est le niveau B2 que devront atteindre les demandeurs de la nationalité, soit avoir la capacité de comprendre un texte complexe.

"La langue est un des outils d'intégration, certes, mais il y a aussi la vie sociale", estime Stéphanie Doué, 58 ans, cheffe du service formation à la Ligue de l'enseignement.

L'an dernier, 316 174 premiers titres de séjour ont été délivrés, selon le ministère de l'Intérieur. Sur les 110.080 candidats, signataires du Contrat d'intégration républicaine (CIR), 46,5% ne possédaient pas le niveau A1 et ont dû se perfectionner.

Si la loi ne prévoit pas de renforcement des formations, elle contraint les entreprises à considérer les cours de français comme "un temps de travail effectif (qui) donne lieu au maintien de sa rémunération".

Arnaud Ingrand déplore que "les moyens ne suivent pas" l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, ce qui, selon lui, "va créer plus de travail au noir et d'instabilité" pour les étrangers arrivant en France.

*Les prénoms ont été changés


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.