L'ultradroite française tente de mobiliser après un violent fait divers

Le président du Rassemblement National, Jordan Bardella (Photo, AFP).
Le président du Rassemblement National, Jordan Bardella (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 28 novembre 2023

L'ultradroite française tente de mobiliser après un violent fait divers

  • Le drame de Crépol fait la Une de l'actualité française depuis plus d'une semaine: un lycéen de 16 ans, Thomas, est mort poignardé
  • Six personnes ont été condamnées à des peines de six à dix mois de prison ferme pour avoir participé à la marche d'ultradroite organisée samedi soir

PARIS: Galvanisés par un fait divers violent et "inspirés" par les émeutes de Dublin, les groupuscules d'ultradroite en France veulent mobiliser dans la rue, tandis que l'extrême droite politique profite du climat général pour tenter d'engranger des voix.

Dublin, jeudi soir: quelque 500 émeutiers proches de l'extrême droite, selon les autorités, attaquent un quartier de population immigrée, en représailles à une agression au couteau contre des enfants, perpétrée selon les rumeurs par un attaquant d'origine étrangère.

Romans-sur-Isère, dans le sud de la France, samedi soir: une centaine de militants d'ultradroite cagoulés défilent dans un quartier sensible d'où sont issus certains des suspects d'une attaque ayant causé la mort d'un jeune homme le 19 novembre à Crépol, un village voisin.

"Même si le nombre de militants n'est pas comparable, il y a eu une sorte d'inspiration. Les militants français avaient une attention toute particulière pour ce qui se passait à Dublin et faisaient un parallèle avec l'affaire de Crépol", qui a choqué le pays, relève la chercheuse spécialisée dans l'extrême droite Marion Jacquet-Vaillant.

Le drame de Crépol fait la Une de l'actualité française depuis plus d'une semaine: un lycéen de 16 ans, Thomas, est mort poignardé et huit autres jeunes ont été blessés dans une rixe ultra violente à la sortie d'un bal de village. Elle impliquait des jeunes dont certains venaient du quartier "chaud" La Monnaie de Romans.

"C'est à la justice de rendre justice. Pas aux Français eux-mêmes", a réagi lundi à Crépol le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, après les incidents de samedi soir à Romans, en fustigeant "les factions de l'ultradroite animées par la haine et par le ressentiment".

Six personnes ont été condamnées à des peines de six à dix mois de prison ferme pour avoir participé à la marche d'ultradroite organisée samedi soir. Ces hommes âgés de 18 à 25 ans ont tous été condamnés pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" ou de "dégradations".

"Quand on vient avec des bâtons on ne vient pas pour défendre une cause mais pour attaquer", a asséné la procureure Vanina Lepaul-Ercole.

Indignation publique

A Dublin comme à Romans, "il y a des similitudes dans les procédés utilisés: mobilisation en force sur les réseaux sociaux, rumeurs sur les origines ethniques des suspects", souligne Romain Fargier, spécialiste des influenceurs d'ultra droite sur internet.

Les groupuscules qui mobilisent sur les réseaux "se greffent sur l'indignation publique, font monter des hashtags. Ils s'inspirent de l'Alt-right américaine", relève M. Fargier. "Cette sphère d'ultradroite, autrefois confidentielle, émerge de plus en plus dans l'espace grand public", ajoute-t-il.

Des médias comme CNews, la chaîne où officiait l'ex-polémiste d'extrême droite et candidat malheureux à la présidentielle Eric Zemmour, y consacrent débats et émissions.

Le Journal du Dimanche, dont le directeur de la rédaction est marqué à l'extrême droite, publie en une les prénoms d'origine maghrébine des suspects de Crépol.

Les politiques ne sont pas en reste.

Sitôt les premiers faits connus, droite et extrême droite ont multiplié les tweets et les déclarations faisant le lien entre cet acte et l'immigration.

Elles ont évoqué la "racaille", le "racisme anti-blanc" le "jihad du quotidien", ou encore, selon la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen, "une attaque organisée, émanant d'un certain nombre de banlieues criminogènes".

Climat

Ce n'est pas la première fois que l'extrême droite française s'empare de faits divers, provoquant l'émotion nationale.

En octobre 2022, le meurtre d'une fillette de 12 ans, Lola, torturée et tuée par une Algérienne en situation irrégulière en France, avait été exploité jusqu'à la corde pour dénoncer un lien entre immigration et criminalité.

L'extrême droite avait aussi encouragé voire organisé des manifestations pour dénoncer un projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile à Saint-Brévin (ouest). Le maire avait démissionné après que son domicile a été incendié.

"Il y a un climat général favorable" pour la violence d'extrême droite, estime Arsenio Cuenca, chercheur à l'Ecole pratique des hautes études.

"Certaines idées que l'on rencontrait auparavant aux marges politiques sont aujourd'hui totalement banalisées, comme la théorie du grand remplacement", souligne-t-il.

"L'extrême droite est en train de nous mener vers l'autoroute de la guerre civile en Europe et en France", a dénoncé lundi sur France Inter le dirigeant communiste Fabien Roussel.

"Il faut relativiser", nuance Marion Jacquet-Vaillant, notant que l'ultradroite n'a réuni qu'une centaine de personnes samedi à Romans.


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.