LONDRES: Le gouvernement conservateur britannique a indiqué mercredi envisager d'intervenir dans le processus de vente du groupe de médias "The Telegraph" au nom de "l'intérêt public", au moment où un fonds américano-émirati pourrait en prendre le contrôle.
La vente du groupe, l'un des plus influents de la presse britannique, qui comprend le quotidien conservateur The Telegraph et l'hebdomadaire Spectator, suscite des inquiétudes dans la classe politique.
Certains députés ont émis des craintes de voir un propriétaire étranger prendre possession du groupe, placé en dépôt de bilan en juin, du fait du non remboursement d'un prêt par la famille Barclay, son propriétaire depuis 2004.
Dans une déclaration écrite au Parlement, la ministre de la Culture Lucy Frazer a indiqué mercredi qu'elle "considère l'émission d'un avis d'intervention au nom de l'intérêt public", qui pourrait mener à l'ouverture d'une enquête par le régulateur des médias, l'Ofcom.
Cette initiative repose sur "les inquiétudes que j'ai sur le fait qu'il puisse y avoir des considérations d'intérêt public" dans cette vente, a expliqué la ministre.
Elle a adressé un courrier aux différentes parties impliquées et attend des précisions de leur part d'ici jeudi après-midi.
La banque britannique Lloyds, créancière des Barclay, a mis en vente en octobre le Telegraph pour éponger de lourdes dettes pour un montant d'environ 1,2 milliard de livres (1,38 milliard d'euros).
Lundi, une coentreprise entre le fonds américain Redbird et le fonds d'investissement dans les médias d'Abou Dhabi (IMI) a passé un accord avec la famille Barclay pour rembourser sa dette à la banque Lloyds, opération qui verrait au passage cette coentreprise prendre le contrôle du groupe.
La coentreprise, baptisée Redbird IMI, a assuré que le fonds émirati "sera seulement un investisseur passif" et que le fonds américain "seul prendra le contrôle de la gestion et de la responsabilité opérationnelle des titres sous la direction" de l'ex-patron de CNN, Jeff Zucker, directeur général de RedBird IMI.
Lloyds étudie actuellement cet accord de financement, d'après une source proche du dossier.
D'autres acheteurs sont en lice, avait indiqué le mois dernier une source proche de l'opération à l'AFP, dont le groupe de presse allemand Axel Springer, éditeur du tabloïd Bild, et DMGT, maison-mère notamment du tabloïd de droite The Daily Mail.