MILAN: Le conseil d'administration de Telecom Italia (TIM) a approuvé dimanche l'offre ferme pour son réseau fixe soumise par le fonds d'investissement américain KKR, associé au gouvernement Meloni, pour un montant pouvant atteindre 22 milliards d'euros, a annoncé l'opérateur.
Le groupe italien de télécommunications défie ainsi ouvertement son principal actionnaire, le géant français des médias Vivendi, qui est opposé à la cession du réseau et juge largement insuffisante la proposition de KKR.
Vivendi a immédiatement réagi, en annonçant son intention d'"utiliser l’ensemble des moyens légaux à sa disposition" pour "contester" la décision "illégale" du conseil d'administration de Telecom Italia.
La transaction devrait permettre au groupe "de réduire sa dette financière d'environ 14 milliards d'euros", a précisé Telecom Italia dans un communiqué. Onze administrateurs ont voté en faveur de la cession, les trois autres ayant émis un avis négatif.
L'offre valorise le réseau à 18,8 milliards d'euros, en excluant Sparkle, filiale spécialisée dans les câbles sous-marins, et le montant total de la transaction peut atteindre 22 milliards d'euros, sous certaines conditions, explique TIM.
Offre insatisfaisante
Cette proposition reste loin des attentes de Vivendi, premier actionnaire de Telecom Italia avec une part de 23,75%, qui misait sur 31 milliards d'euros.
Le conseil d'administration a jugé "insatisfaisante" l'offre non contraignante de KKR pour Sparkle et a demandé au fonds d'améliorer sa proposition d'ici le 5 décembre. De source financière, la première offre s'élevait à quelque 600 millions d'euros.
Si le projet se concrétise, malgré les nombreux obstacles qui restent encore à franchir, Telecom Italia deviendrait le premier grand opérateur en Europe à sauter le pas et se séparer de son réseau fixe pour réduire sa lourde dette.
Après une première séance de près de huit heures vendredi et une rencontre informelle samedi, le conseil d'administration de Telecom Italia a tenu dimanche une nouvelle réunion marathon avant de passer au vote.
KKR s'est trouvé un allié de taille, le gouvernement italien, qui compte prendre une participation jusqu'à 20% dans le réseau fixe, pour peser sur les choix d'une infrastructure jugée stratégique.
Le PDG de Telecom Italia, Pietro Labriola, avait présenté en juin 2022 un plan stratégique axé sur la scission entre les activités de services et le réseau fixe, mis en vente pour réduire la lourde dette du groupe.
Après avoir soutenu la nomination début 2022 de M. Labriola, Vivendi a claqué la porte du conseil d'administration en janvier dernier et demandé à plusieurs reprises un "changement de cap", critiquant la stratégie du PDG.
Une première tentative de KKR de prendre le contrôle de la totalité de Telecom Italia avait échoué en avril 2022, se heurtant, là aussi, au refus de Vivendi qui avait jugé son offre trop basse.