LEWISTON, Etats-Unis : Quarante heures après les tirs qui ont fait 18 morts dans le Maine, la police américaine intensifie vendredi sa traque dans le nord-est des Etats-Unis pour retrouver l'auteur de la tuerie, l'une des pires de ces dernières années.
Dans le Maine, Etat frontalier du Canada, les télévisions locales parlaient en boucle de la fusillade et projetaient régulièrement des photos des victimes identifiées.
Au petit matin, les conversations dans la ville de Lewiston tournaient autour du suspect principal de la tuerie, Robert Card, 40 ans et réserviste de l'armée. Il est accusé d'avoir ouvert le feu dans une salle de bowling et un bar-restaurant, faisant également 13 blessés.
Réagissant à la photo diffusée par les autorités, un habitant lance vendredi que si Robert Card est toujours en vie, «il ne ressemble sûrement plus à ça!»
La quête avait semblé s'accélérer jeudi soir: les forces de l'ordre s'étaient rassemblées devant une maison appartenant, selon un voisin interrogé par l'AFP, à la famille du suspect. Drones, hélicoptère et véhicules blindés avaient aussi été appelés en renfort.
«Sortez s'il vous plaît», a répété dans la nuit la police au mégaphone, «nous aimerions vous parler».
Mais les forces de l'ordre sont ensuite reparties sans faire de déclarations aux journalistes - en nombre sur place - et les autorités ont semblé doucher les espoirs que le suspect identifié ait été localisé.
- «Jour noir» -
Ecoles et commerces ont fermé leurs portes et le parking du lycée a été investi par des policiers en treillis, armés jusqu'aux dents.
«C'est un jour noir pour le Maine», a déclaré jeudi matin Janet Mills, la gouverneure de l'Etat, en annonçant le très lourd bilan.
Sept personnes, une femme et six hommes, ont perdu la vie dans le bowling, huit dans le bar-restaurant à une douzaine de minutes de là, et enfin trois blessés ont succombé à l'hôpital.
Des témoins présents au bowling «Just-In-Time recreation» ont raconté comment des clients se sont cachés sous les tables et dans les machines au bout des pistes. «J'étais couchée au-dessus de ma fille, ma mère était couchée au-dessus de moi», a décrit Riley Dumont à ABC.
Une photo diffusée par la police montre un homme vêtu d'un haut marron entrant dans l'établissement, fusil de type semi-automatique en position épaulée.
Les autorités n'ont pas communiqué les identités des victimes, mais parmi les vies fauchées au restaurant «Schemengees» figure Joseph Walker, 57 ans, qui travaillait dans l'établissement, a déclaré son père à plusieurs médias américains.
Selon lui, la police a confié à la famille que son fils avait tenté d'arrêter le tueur avec un couteau de cuisine avant d'être tué.
- Enième appel -
«Une nouvelle fois, notre nation est en deuil», s'est lamenté le président américain, appelant le Congrès à adopter «une interdiction des armes d'assaut» - énième appel du genre par le démocrate, malgré une majorité introuvable depuis des décennies pour un tel changement de législation.
La tuerie de mercredi est la pire aux Etats-Unis depuis celle de l'école d'Uvalde au Texas, où un tireur avait abattu 19 enfants et deux enseignantes en mai 2022.
Le pays paie un très lourd tribut à la dissémination des armes à feu sur son territoire et à la facilité avec laquelle les Américains y ont accès.
Les Etats-Unis comptent davantage d'armes individuelles que d'habitants. Hors suicides, plus de 15.000 personnes sont mortes dans des violences par armes à feu depuis le début de l'année dans le pays, selon l'association Gun Violence Archive (GVA).
Le Maine est l'un des Etats avec le taux d'homicide par habitant le plus faible, et les 18 morts de mercredi représentent, selon l'association Everytown, davantage que la moyenne annuelle d'homicides par arme à feu dans l'Etat.