GENEVE : Le rapporteur de l'ONU sur la torture a adressé mardi une lettre ouverte au président américain Donald Trump pour lui demander de gracier le fondateur de Wikileaks Julian Assange, car ce n'est pas un «ennemi du peuple américain».
«Je vous demande de gracier M. Assange, car il n'est pas, et n'a jamais été, un ennemi du peuple américain. Son organisation, WikiLeaks, lutte contre le secret et la corruption dans le monde entier et, par conséquent, agit dans l'intérêt public tant du peuple américain que de l'humanité tout entière», a écrit ainsi Niels Melzer.
«En graciant M. Assange, M. le Président, vous enverriez un message clair de justice, de vérité et d'humanité au peuple américain et au monde. Vous réhabiliteriez un homme courageux qui a souffert d'injustice, de persécution et d'humiliation pendant plus d'une décennie, simplement pour avoir dit la vérité», a-t-il insisté.
La justice britannique a fixé jeudi au 4 janvier sa décision sur la demande d'extradition de Julian Assange, réclamé par les Etats-Unis qui veulent le juger pour la diffusion de centaines de milliers de documents confidentiels.
En attendant la décision britannique, le fondateur de Wikileaks est emprisonné à la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh, où ses conditions de détention ont été dénoncées par M. Melzer.
«J'ai rendu visite à M. Assange à la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, en compagnie de deux médecins indépendants, et je peux attester que sa santé s'est sérieusement détériorée, au point que sa vie est maintenant en danger», a expliqué l'expert.
Dans sa lettre ouverte à Trump, il explique que l'Australien de 49 ans «souffre d'un problème respiratoire avéré qui le rend extrêmement vulnérable à la pandémie de Covid-19 qui a récemment éclaté dans la prison».
Selon le rapporteur de l'ONU, M. Assange n'a piraté ou volé aucune des informations qu'il a publiées, mais les a obtenues «à partir de sources et documents authentiques, de la même manière que tout autre journaliste d'investigation sérieux et indépendant».
Aussi, a-t-il fait valoir, «poursuivre M. Assange pour avoir publié des informations véridiques sur des fautes officielles graves, que ce soit en Amérique ou ailleurs, reviendrait à "tirer sur le messager"».
Assange risque 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan.