Indignation à gauche après l'arrestation de responsables CGT pour «apologie du terrorisme»

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prononce un discours lors d'une conférence sociale avec les syndicats et les employeurs au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 16 octobre 2023. (Photo Miguel MEDINA POOL AFP)
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prononce un discours lors d'une conférence sociale avec les syndicats et les employeurs au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 16 octobre 2023. (Photo Miguel MEDINA POOL AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 20 octobre 2023

Indignation à gauche après l'arrestation de responsables CGT pour «apologie du terrorisme»

  • Selon une source proche du dossier, les deux arrestations font suite à un tract appelant à une manifestation de soutien aux Palestiniens à Lille, diffusé par la CGT le 10 octobre, trois jours après l'attaque sanglante du Hamas contre Israël
  • En déplacement à Bordeaux, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a indiqué que «Rien ne nécessitait une garde à vue et un tel emploi de la force (...) comme si c'étaient des terroristes»

LILLE, France : L'arrestation du secrétaire départemental de la CGT du Nord et d'une employée du syndicat pour «apologie du terrorisme», en raison d'un tract controversé de soutien aux Palestiniens, a suscité vendredi l'indignation de personnalités politiques à gauche, qui dénoncent un «régime autoritaire».

Leurs gardes à vue, qui ont duré toute la matinée, ont été levées aux alentours de 13H30. L'enquête «se poursuit», a indiqué le parquet de Lille à l'AFP, sans autre précision.

Selon une source proche du dossier, les deux arrestations font suite à un tract appelant à une manifestation de soutien aux Palestiniens à Lille, diffusé par la CGT le 10 octobre, trois jours après l'attaque sanglante du Hamas contre Israël.

Les policiers «considèrent que le tract a une forme d'apologie au terrorisme et d'appel à la haine», a expliqué l'avocat des gardés à vue, Me Ioannis Kappopoulos.

Une phrase est particulièrement mise en cause: «les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre, ndlr) elles reçoivent les réponses qu'elles ont provoquées.»

«On a rappelé ce matin que l'organisation CGT n'était pas liée au terrorisme, qu’elle n'était pas pour le terrorisme et qu'elle était là pour représenter les travailleurs partout dans le monde», a déclaré à sa sortie du commissariat le secrétaire départemental CGT, Jean-Paul Delescaut, dénonçant «un tribunal politique».

- «Dérive» -

Le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, s'était notamment basé sur ce tract pour interdire des manifestations pro-palestiniennes. La préfecture n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

Une soixantaine de militants CGT se sont rassemblés vendredi avec une sono devant le commissariat de Lille, protégé par un cordon policier, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon Hamid Chebout, coordinateur de la CGT du Nord, M. Delescaut a été interpellé par «une dizaine de policiers», dont «sept cagoulés».

«On ne comprend pas. On est des responsables syndicaux connus, ils auraient pu convoquer Jean-Paul, il se serait présenté», a-t-il pointé.

En déplacement à Bordeaux, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a dénoncé «une interpellation scandaleuse».

«Rien ne nécessitait une garde à vue et un tel emploi de la force (...) comme si c'étaient des terroristes», a-t-elle ajouté. «Nous sommes très inquiets du glissement et de la dérive en matière de liberté d'expression, et de libertés tout court.»

- «Exercer nos libertés» -

«+Apologie du terrorisme+ qui peut le croire? L'apologie du terrorisme c'est le soutien inconditionnel du gouvernement aux crimes de guerre à Gaza», a réagi sur X (anciennement Twitter) le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, regrettant un «régime autoritaire de type nouveau».

«Si je ne partage pas le tract qui lui est reproché, je n'accepte pas qu'on traite un syndicaliste comme un terroriste! Solidarité», a de son côté réagi le patron du parti communiste Fabien Roussel.

Quant au premier secrétaire du parti socialiste, Olivier Faure, il a interpellé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin: «c'est pour exercer nos libertés que nous nous battons face au terrorisme, pas pour les supprimer!».

Sophie Binet a rappelé vendredi que son syndicat avait «dès le lendemain des attaques terroristes du Hamas, exprimé toute sa solidarité avec les civils», «dénoncé les violences contre les civils» et appelé «à un cessez-le-feu immédiat».

Membre du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, la CGT a appelé à un grand rassemblement «halte au massacre» dimanche à 15H00 place de la République à Paris.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".